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Dix ans de prison ferme requis contre Kikilove et son associé


Dix ans de prison ferme requis contre Kikilove et son associé
Au terme d’un procès mené tambour battant par le président du tribunal, le procureur de la République a requis 10 ans de prison ferme à l’encontre d’André Tinirauarii et de son associé Rautahi Voirin. Des peines comprises entre 2 et 8 ans ont été requises à l’encontre des 19 autres prévenus.

Alors que le procès de l’affaire dite « Kikilove » devait s’étendre sur quatre jours, le procureur de la République a rendu ses réquisitions ce mardi. En préambule, le représentant du ministère public a tenu à rappeler que le paka était à l’origine de « 80 000 hospitalisations annuelles en France liées à des problèmes psychiatriques », « après avoir consommé du paka, le risque d’accident mortel est multiplié par 2. » Le procureur de la république s’est référé à la « particularité » de ce dossier qui, au regard des bénéfices et des quantités « a mis en exergue » les deux « plus gros trafics » de paka et d’ice en Polynésie. Sur le trafic d’ice, le magistrat a qualifié l’effet multiplicateur d’« astronomique » : « la valeur marchande d’un gramme d’ice aux Etats-Unis est en dessous de la valeur marchande d’un gramme de cannabis en Polynésie française, c’est un véritable tour de force ! »

Ont été requis : dix ans de prison ferme contre Kikilove et son associé et 8 ans de prison à l’encontre de Teheimanu Afaii. Les peines restantes sont comprises entre 2 et 6 ans de prison.


Amende record de 3 milliards

En début d’après-midi, le tribunal s’est penché sur l’un des points de divergence entre Kikilove et son associé. Au cours d’une confrontation devant le juge d’instruction, les deux hommes avaient désigné un chef de quart de l’aéroport de Faa’a comme étant un revendeur. Ce dernier avait été interpellé sur son lieu de travail puis placé en garde à vue. Au cours d’une autre audition, Kikilove s’était rétracté, expliquant qu’il avait eu « besoin de se défouler sur quelqu’un. » L’employé de l’aéroport, interrogé à la barre ce mardi a de nouveau nié les faits, expliquant qu’il n’était qu’un consommateur. André Tinirauarii, qui avait fait son mea culpa la veille en indiquant que ses actes étaient « impardonnables », a présenté ses excuses au chef de quart.

Avant que le procureur de la République ne livre ses réquisitions, le représentant des douanes, qui a fait une demande de 3 milliards d’amende à l’encontre de Kikilove et de son associé, s’est livré à un véritable plaidoyer contre la nocivité de l’ice : « s’agissant de cette substance, je tiens à rappeler qu’elle était massivement utilisée par les militaires lors de la seconde guerre mondiale. Dans les premiers effets ressentis, l’on constate la confiance en soi décuplée, l’euphorie et la diminution de la fatigue. C’est seulement après qu’arrivent les hallucinations, le délire, la paranoïa et les troubles du sommeil et de la faim. André Tinirauarii et Rautahi Voirin ont organisé cette importation massive et ne semblent pas étouffés par la culpabilité et le remord. Kikilove a abusé de la crédibilité de ses clients de manière cynique sans états d’âme. Les techniques de commercialisation étaient éprouvées. Ils importaient tellement d’ice qu’ils maîtrisaient le marché, ils donnaient le ton et ont participé à la destruction du corps social et des cellules familiales car je tiens à rappeler que l’ice, outre de l’éphédrine, contient de l’acide de batterie, des insecticides, du lithium ou de l’ammoniaque. »

Le procès s’achèvera ce mercredi avec la fin des plaidoiries de la défense. Ces deux premiers jours d’audience auront permis de constater, si cela était encore nécessaire, que l’ice est très répandu à Tahiti et qu’il touche toutes les catégories socioprofessionnelles tant les bénéfices sont élevés.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 12 Juin 2018 à 17:45 | Lu 6094 fois