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Dissolution de Te Mau Ito Api, la société des éoliennes de Makemo


Depuis bientôt sept ans, les six éoliennes le la SAEM Te Mau Ito Api sont à terre. La société mixte produit son énergie à partir de groupes électrogènes et à perte. Le Pays, actionnaire majoritaire, associé avec deux sociétés détenues par l’homme d’affaires Dominique Auroy a décidé mercredi de mettre un terme à la société en engageant une procédure de dissolution.
Depuis bientôt sept ans, les six éoliennes le la SAEM Te Mau Ito Api sont à terre. La société mixte produit son énergie à partir de groupes électrogènes et à perte. Le Pays, actionnaire majoritaire, associé avec deux sociétés détenues par l’homme d’affaires Dominique Auroy a décidé mercredi de mettre un terme à la société en engageant une procédure de dissolution.
PAPEETE, 20 janvier 2016 - Tahiti Infos avait évoqué la problématique la semaine dernière. Le Pays a décidé d’engager la dissolution de la société mixte Te Mau Ito Api délégataire de service public pour la fourniture d’électricité sur l’atoll de Makemo. Epilogue d’un projet énergétique pilote qui a tourné au fiasco en moins de 10 ans.

"Il faut bien appeler ça un échec", a résumé Nuihau Laurey, vice-président et ministre en charge de l’Energie, mercredi, à l’annonce de la décision prise par le conseil des ministres d’engager une procédure de dissolution de la société mixte délégataire de service public pour la fourniture d’énergie électrique sur l’atoll de Makemo, Tuamotu de l’Est.

Actuellement sous le coup d’un plan de continuation décidé en 2014 par le tribunal mixte de commerce de Papeete, suite à une procédure d’alerte déclenchée par son commissaire aux comptes en 2013, la SAEM Te Mau Ito Api a été l’objet d’un rapport d’expertise technique dont les conclusions viennent de sceller le destin : "Les éléments qui nous ont été rendus plaident pour la cessation d’activité de cette société dont le modèle n’a jamais vraiment fonctionné aussi bien sur le plan juridique, économique ou énergétique".

Un conseil d’administration de la société mixte qui devait se tenir ce lundi a été reporté, faute de quorum. Les représentants de l’actionnaire majoritaire, le Pays, ne se sont pas présentés. L’organe dirigeant devait examiner la faisabilité économique d’un projet d’extension du réseau et de l’acquisition d’un deuxième groupe électrogène en secours. Rien de tout cela n’aura lieu. Pas sous l’égide de la SAEM en tout cas.

La société d’économie mixte, dont le capital est réparti entre le Pays (66 %) et deux sociétés détenues par l’homme d’affaires Dominique Auroy (la SPRES et la SEDEP, Société d'Etudes et de Développement Polynésienne), planifiait à l’origine, en 2006, de produire son énergie à partir d’un mix entre l’éolien et le thermique. L’électricité ainsi obtenue servant à alimenter à prix conventionnels les 200 foyers raccordables de Pouheva, le chef-lieu de l’île.

Mais depuis 2009, rien ne marche comme prévu : en panne les six éoliennes ne sont pas réparées ; l’électricité produite est exclusivement d’origine thermique : à plein régime l’unique groupe électrogène en fonction consomme 700 litres de carburant par jour. Depuis bientôt sept ans la SAEM Te Mau Ito Api réalise un déficit structurel de plus de 15 millions Fcfp par an. "C’est une société dont la situation juridique est contestée depuis l’origine, en 2006, et qui n’a jamais réussi à atteindre ses objectifs en termes de production d’énergie éolienne (…)", accuse Nuihau Laurey. "Le Pays a déjà injecté près de 200 millions Fcfp dans cette structure. (…) Le rapport d’expertise qui vient de nous être rendu considère que, au-delà de la nécessité d’apporter entre 40 et 80 millions Fcfp de fonds nouveaux, la viabilité de cette structure n’est absolument pas assurée. Dernier point : le P-dg de cette structure, M. Chailly, a décidé d’attaquer en justice il y a quelques mois, sans l’aval du conseil d’administration, son principal actionnaire, la Pays, et son principal client, la commune de Makemo. Je pense que ce genre d’attitude n’est pas propice à la conciliation. Le Pays tire donc les conséquences de tout cela".

Outre cette situation, les abonnés de l’atoll sont depuis près d’un an sous la menace de la panne, l'un des deux groupes électrogènes exploités par Te Mau Ito Api étant tombé en panne et toujours pas réparé. "On vit sur une ficelle", témoigne Félix Tokoragi, le maire. "On attend que le Pays nous propose une solution viable. La commune n’a pas les moyens financiers d’assumer seule cette mission. Le Président Fritch nous a rappelé lors de son passage en début d’année qu’il était sensible à ce problème".

Te Mau Ito Api continuera de fournir de l’électricité aux abonnés de Makemo jusqu’à ce que sa dissolution soit prononcée. Ensuite la commune retrouvera sa compétence d’autorité concédante, avec la possibilité de produire son énergie en régie propre ou de déléguer cette activité à un tiers. "Comme je l’ai dit au maire de Makemo hier (mardi, ndlr), le Pays accompagnera la commune quel que soit le choix qu’elle fera", explique Nuihau Laurey.

La péréquation énergétique sur le point d'être réformée

L'une des causes dénoncées par Jean-Louis Chailly pour expliquer l'absence de rentabilité de la SAEM Te Mau Ito Api est le principe de la péréquation énergétique, actuellement géré par la société EDT délégataire de service public sur la zone Tahiti nord. Ce mécanisme comptable permet à l'entreprise de profiter d'une partie des recettes qu'elle réalise sur la zone urbaine de Papeete, très peuplée et industrialisée, pour compenser le manque de performance rentable, voire les déficits qu'elle pourrait constater sur d'autres zones démographiquement moins importantes.

Avec l'institution d'un tarif uniforme de l’électricité sur tout le territoire de la Polynésie française, certains gestionnaires de réseau public de distribution de l’énergie électrique (privé ou collectivité) ne pourront pas équilibrer leur budget spécifique de l’électricité du fait de la disparité des coûts de production et de distribution inhérents à des contraintes structurelles (taille des marchés, dispersion ou concentration de la population,…).

C'est une des 45 mesures du plan de transition énergétique. Un projet de loi du Pays a été présenté mercredi en conseil des ministres pour permettre à tous les fournisseurs d’énergie de profiter du bas de laine offert par le secteur Tahiti nord et actuellement à la seule disposition de l’EDT.
Ce projet de loi prévoit d’externaliser la comptabilité liée au mécanisme de péréquation en créant un "fonds de solidarité et de péréquation" géré par une antenne de la collectivité.

Pour s’assurer de la pertinence du montant de compensation, les charges compensées seront précisément identifiées dans le cadre d'une comptabilité appropriée que les gestionnaires de réseau public de distribution d’électricité seront désormais obligés de tenir et dont ils devront rendre compte.

Pour satisfaire à cette exigence de transparence, et sensibiliser les usagers à l’effort de solidarité mis en œuvre entre l’ensemble des Polynésiens, pour faciliter aussi la mise en œuvre d’une concurrence, ces données (coût de la péréquation et montant des aides reçues à ce titre) seront désormais clairement identifiées sur la facture des usagers.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 20 Janvier 2016 à 14:24 | Lu 2485 fois
           



Commentaires

1.Posté par tuam''''s le 20/01/2016 20:33 | Alerter
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Peut on savoir qui sont ceux ou celui qui a signe pour les 200 000 000 verses a perte pour le pays?

2.Posté par Maté le 21/01/2016 07:56 | Alerter
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Ceux là doivent être immédiatement mis en examen pour fraudes et détournement de biens publics!!!

3.Posté par Ariitaia le 21/01/2016 08:45 | Alerter
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Le problème est d'abord matériel ! Comment du matériel peut-il tomber en panne aussi vite, et le rester aussi longtemps ?
Acheter chinois, acheter deux fois !
Rien ne vaut du bon matériel européen avec un vrai service après vente. Au bout du compte, ça revient moins chère !

4.Posté par gaston le 21/01/2016 09:01 | Alerter
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Ont retrouve les mêmes la Spress ,L'ancien poste de Mr Marty avant de travailler pour le gouvernement Flosse viré pour conduite en état d'ivresse et mutation aux grands travaux et la utilisation frauduleuse de la carte CB a titre personnel .Les tribunaux devraient regarder de plus prêt ces entreprises .Qui ce ont des marchés déguisés pour ne pas ce faire attraper .

5.Posté par Maurice le 21/01/2016 15:07 | Alerter
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Peut-être pas de péréquation pour Makemo, mais beaucoup de défiscalisation, des apports en capital, des subventions... à perte. Bref beaucoup d'argent apporté par des politiques très proches des entreprises concernées. Comment le matériel a pu tomber en panne aussi vite? Comment les études de faisabilité ont pu se tromper à ce point? Le gaspillage est évident, mais au-delà, on est en droit de se demander s'il n'y pas un peu plus grave que ça...

6.Posté par Lily JONES le 21/01/2016 20:35 | Alerter
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@ 1 et 2 : cela va en faire, des accusés, vu que TOUS les gouvernements sans exceptions ont trempés dedans... allègrement et à 2 mains....

@ 3 : les turbines sont canadiennes... Mais ce sont les 6 premiers prototypes (aucune installation avant ! Makemo, on fait quand même plus simple, pour des tests) d'une société qui n'avait JAMAIS fait d'éolien auparavant. Je crois qu'ils étaient dans le BTP...

@ 4 : On parle des éoliennes qui ne fonctionnent pas, mais il faut voir l'installation réseau réalisée par Spres. Quelle honte !

@ 5 ; pourquoi dissoudre la SEM maintenant ? Parce que, OUF !, on n'aura ENFIN plus à devoir rembourser le montant de la défiscalisation.