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Diffamation : Irmine Tehei relaxée


Tahiti, le 25 août 2020 - Le procès en diffamation de la présidente de l’Union des femmes francophones d’Océanie, Irmine Tehei, a eu lieu mardi devant le tribunal correctionnel de Papeete. Il lui était reproché d’avoir publiquement diffamé les quatre ex-salariés de l’Intercontinental de Moorea, qui avaient été accusés de viol par une de leurs collègues avant que l’affaire ne soit classée sans suite. Estimant que les propos tenus par Irmine Tehei n’avaient pas été traduits par un expert assermenté, le tribunal l’a relaxée et a condamné les quatre ex-salariés à l’indemniser.
 
Irmine Tehei a comparu mardi devant le tribunal correctionnel en présence de dizaines de femmes qui étaient venues la soutenir. Elle était poursuivie pour des propos tenus lors d’un reportage diffusé dans le journal télévisé de Tntv en langue tahitienne le 4 septembre 2019. Reportage dans lequel elle avait notamment utiliser le mot "māfera" (viol), en parlant de l’affaire. Lors de l’ouverture des débats mardi, son avocat, Me Teremoana Hellec, a tout d’abord développé ses conclusions visant à faire constater la prescription des faits qui étaient reprochés à sa cliente. Le tribunal a choisi de joindre ces conclusions au fond du dossier. 
 
Premier avocat à prendre la parole pour la défense des quatre ex-salariés de l’Intercontinental, Me Stanley Cross a vertement tancé la "justice des réseaux sociaux" en affirmant qu’ils étaient devenus un "tribunal médiatique instrumentalisé", dans le cadre de cette affaire, par les "associations féministes". "C’est le droit qui doit prévaloir sur l’opinion publique et non l’inverse. Sur les réseaux, mes clients, ces quatre pères de famille, ont subi un déversement de haine, ils ont été jetés en pâture." Après avoir fait le parallèle avec l’affaire des douaniers de l’Arafenua, qui avaient été injustement accusés de viol par une de leurs collègues, l’avocat a expliqué qu’Irmine Tehei avait "injustement accusé" ses clients d’avoir "violé de manière bestiale la présumée victime".
 

Liberté d’expression

"Je viens faire du droit pur ici et non de la morale", lui a répondu son confrère et avocat d’Irmine Tehei, Me Teremoana Hellec, à l’aube de sa propre plaidoirie. "On fait de la morale alors que les faits ne tiennent absolument pas sur le fond. On déblatère sur la plaignante initiale alors qu’elle n’est pas là pour se défendre", a-t-il ainsi asséné à la barre avant d’invoquer la "liberté d’expression" : "Nous ne sommes pas en Corée du Nord, on ne peut pas condamner une personne car elle a exprimé son opinion". Et l’avocat de préciser en conclusion que le classement sans suite dont avaient bénéficié les quatre ex-salariés de l’Intercontinental n’établissait pas une "vérité judiciaire". 
 
Après en avoir délibéré, les magistrats ont finalement relaxé Irmine Tehei au regard du "doute sur le sens exact de ses propos", "faute de traduction" de ceux-ci par un expert assermenté. Les quatre salariés de l’Intercontinental devront solidairement payer la somme de 400 000 Fcfp au titre des dommages et intérêts. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 25 Août 2020 à 18:30 | Lu 11775 fois