Tahiti, le 14 décembre 2022 – Le nouveau P-dg d'EDT Didier Pouzou a accordé une interview exclusive à Tahiti Infos dans laquelle il précise la stratégie d'ouverture de sa société pour les renouvellements de concessions énergétiques des communes. “Le public doit reprendre la main” et “EDT doit trouver sa place”, concède en substance le dirigeant qui évoque de nouvelles formes de partenariats possibles avec les collectivités.
L'actualité du secteur de l'énergie est marquée depuis deux ans par des renouvellements de concessions énergétiques dans les communes, mais également par de nouvelles orientations prises par les municipalités qui abandonnent les systèmes de délégations de service public et se tournent vers des solutions de gestions en régie, en SPL ou en Epic… EDT est-elle ouverte à travailler avec ces nouveaux modèles d'organisation ?
“Tout d'abord, EDT ne choisit pas le mode de gestion qui va être retenu par les communes. Ce sont les communes elles-mêmes qui les choisissent. Et nous nous y plions. Les communes, aujourd'hui, ont plusieurs choix. Celui de partir dans des structures totalement publiques, de type SPL, Epic, régie communale ou effectivement concession en délégation de service public. Mais il peut aussi y avoir une position intermédiaire, qui est un fonctionnement public-privé au travers de SEM ou de Semop. Je pense que c'est l'avenir de nos métiers, parce que le public doit reprendre la main sur la gouvernance de ses contrats et doit la partager avec son exploitant. Par son expérience, ses moyens et son expertise, EDT doit trouver sa place auprès des collectivités pour réaliser le travail quotidien. Sans forcément être toujours décideur de tout, comme ça peut l'être dans le cadre d'une concession. Encore que, maintenant, les concessions sont beaucoup plus ouvertes qu'elles ne l'étaient avant. À travers des comités de pilotage, à travers des moments d'échanges avec la collectivité dans les choix stratégiques à mener durant la concession…"
EDT n'est donc pas arc-boutée sur les délégations de service public ?
“La position d'EDT, c'est d'accompagner les choix des collectivités. Par contre, ça ne peut être fait que dans un cadre contractuel. EDT ne peut pas être le cataplasme d'une structure publique quand il y a un problème. Parce qu'on n'en a plus les moyens. Quelque part, quand on nous coupe une branche, nous n'avons plus les moyens de l'alimenter. C'est notamment le cas sur les fournitures. Aujourd'hui, notre stock est fait pour le périmètre qui nous est confié. Pas pour un périmètre élargi. On ne peut envisager les choses que si on a une vision pluriannuelle à travers une prestation de service avec une SPL, un Epic ou une régie dont on définit le cadre pour accompagner le service public de la commune. Nous ne sommes pas arc-boutés sur la façon de travailler avec les structures publiques. Simplement, il faut que ce soit fait dans un cadre pluriannuel. Parce que la gestion des stocks et du personnel ne se font pas à la petite semaine. On part sur des contrats de 3 à 5 ans de prestations de services, dans lesquels on va assurer des prestations techniques et d'expertises dont on dispose chez EDT et dont les collectivités ne disposent pas forcément dans leurs ressources propres. Il y a aussi le matériel, le partage de connaissance, de logiciels, de la supervision, l'hypervision… On peut travailler sur des sujets divers et variés, mais encore faut-il que la collectivité en exprime le souhait et qu'on arrive à se mettre d'accord sur un format de collaboration.”
Les collectivités polynésiennes –communes, communautés de communes ou Pays– imposent désormais des seuils élevés d'énergies renouvelables à leurs concessionnaires ou partenaires. EDT et Engie sont prêts à répondre à cette demande et investir dans les énergies renouvelables en Polynésie ?
“Vous faîtes référence à notre actionnaire principal qu'est Engie. Aujourd'hui, toute la stratégie de fonctionnement de la société Engie repose sur l'abandon de toute énergie fossile. Décision a été prise d'abandonner l'utilisation du charbon en 2027 et l'utilisation des hydrocarbures en 2035. Ceci en ressources principales bien sûr, puisqu'il y aura toujours des groupes de secours. Mais ce ne sera plus la principale ressource sur les territoires. Dans ce cadre-là, Engie est prête à investir les sommes qu'il faudra pour aider à accompagner les pays et territoires dans cette mutation. Aujourd'hui, le Pays prend cette voie. On le voit à travers les derniers investissements qui ont été faits en photovoltaïque. Et surtout avec ceux qui vont être faits, puisque nous n'avons eu qu'une première des trois tranches de 30 MW. Le Pays va donc augmenter sa part de solaire. Alors le solaire, on connaît ses particularités… Ce n'est qu'une partie de la journée et il va falloir le stocker. Mais on peut aussi utiliser d'autres ressources lorsqu'il n'y a plus de soleil, dont l'hydroélectricité. Je pense qu'aujourd'hui, la Polynésie doit revoir sa stratégie sur l'hydroélectricité et ne pas abandonner les prochains développements. Je pense qu'il faut revoir les prochains axes qui pourraient permettre de retravailler la ressource hydroélectrique qui est une ressource pérenne, résiliente et qui produit la nuit. Le seul moment où elle ne produit pas, c'est dans les moments de sécheresse. Mais là, en général, il y a du soleil. Donc ça peut se compenser. De toutes façons, la Polynésie va devoir fonctionner avec un mix énergétique solaire, hydroélectricité et thermique. Alors après viendra peut-être se rajouter un volet hydrogène, mais qui de toutes façons n'est qu'une dérivation et un stockage du solaire… Aujourd'hui, le challenge c'est celui-ci. On parlait des demandes des îles. Dans le dernier contrat de la commune de Rangiroa, il y a un engagement de la part d'EDT d'arriver rapidement à 75% d'EnR. Et on va tout faire pour y arriver.”
Un mot sur l'augmentation des tarifs de l'électricité qui a été décidée pour les trois prochaines années par le Pays. Le cadre prévu pour ces augmentations progressives a-t-il été signé avec le Pays ou êtes-vous toujours en discussions ?
“Le cadre a été discuté avec le Pays. Il y a un accord verbal et on doit aujourd'hui le formaliser sous forme d'un avenant. Effectivement, le Pays aurait dû augmenter les tarifs de l'électricité pour compenser la hausse du gazole. On a échangé suffisamment avec eux sur le sujet. L'augmentation aurait dû être de l'ordre de 28% pour le prix du gazole qui nous est fourni depuis le mois de juillet. Mais parce qu'une telle augmentation aurait été difficilement supportable pour les populations, il a été décidé de manière commune d'augmenter pour l'instant de l'ordre de 6,8% au 1er octobre et de prévoir des augmentations successives tous les semestres à partir du 1er juillet 2023 pour arriver à rattraper ces augmentations. Il va de soi que les futures augmentations dépendront du prix du gazole entrant. Si ce prix revient à ce qu'il était en début 2022, les augmentations à venir ne seraient de l'ordre que de quelques points et pas de 7% comme la première.”
Vous avez lancé une campagne de communication sur la réduction de la consommation énergétique chez les particuliers. À première vue, ça paraît assez paradoxal d'entendre EDT demander de moins consommer l'électricité ?
“Je suis intimement convaincu que si tout le monde fait attention à sa consommation et une consommation sobre de l'énergie, on peut facilement réduire la facture de 10% en étant sérieux chez soi. C'est un premier point. La réduction de la consommation énergétique est aujourd'hui une stratégie gagnante pour tout le monde. Pourquoi ? Parce que dans l'énergie, le prix du kW/h est subventionné à travers le FRPH par le Pays. Il est donc payé par les consommateurs et nous en subissons aussi un peu la contrepartie au milieu de tout ça. Donc, si on réduit la consommation, tout le monde sera gagnant. Le consommateur. Nous, à travers une réduction des charges. Et le Pays qui aura moins de kW à subventionner. Je pense que c'est un vrai challenge pour la Polynésie. L'idée n'est pas de se serrer la ceinture, mais d'être des consommateurs responsables d'énergie tous les jours et tout au long de la journée.”
L'actualité du secteur de l'énergie est marquée depuis deux ans par des renouvellements de concessions énergétiques dans les communes, mais également par de nouvelles orientations prises par les municipalités qui abandonnent les systèmes de délégations de service public et se tournent vers des solutions de gestions en régie, en SPL ou en Epic… EDT est-elle ouverte à travailler avec ces nouveaux modèles d'organisation ?
“Tout d'abord, EDT ne choisit pas le mode de gestion qui va être retenu par les communes. Ce sont les communes elles-mêmes qui les choisissent. Et nous nous y plions. Les communes, aujourd'hui, ont plusieurs choix. Celui de partir dans des structures totalement publiques, de type SPL, Epic, régie communale ou effectivement concession en délégation de service public. Mais il peut aussi y avoir une position intermédiaire, qui est un fonctionnement public-privé au travers de SEM ou de Semop. Je pense que c'est l'avenir de nos métiers, parce que le public doit reprendre la main sur la gouvernance de ses contrats et doit la partager avec son exploitant. Par son expérience, ses moyens et son expertise, EDT doit trouver sa place auprès des collectivités pour réaliser le travail quotidien. Sans forcément être toujours décideur de tout, comme ça peut l'être dans le cadre d'une concession. Encore que, maintenant, les concessions sont beaucoup plus ouvertes qu'elles ne l'étaient avant. À travers des comités de pilotage, à travers des moments d'échanges avec la collectivité dans les choix stratégiques à mener durant la concession…"
EDT n'est donc pas arc-boutée sur les délégations de service public ?
“La position d'EDT, c'est d'accompagner les choix des collectivités. Par contre, ça ne peut être fait que dans un cadre contractuel. EDT ne peut pas être le cataplasme d'une structure publique quand il y a un problème. Parce qu'on n'en a plus les moyens. Quelque part, quand on nous coupe une branche, nous n'avons plus les moyens de l'alimenter. C'est notamment le cas sur les fournitures. Aujourd'hui, notre stock est fait pour le périmètre qui nous est confié. Pas pour un périmètre élargi. On ne peut envisager les choses que si on a une vision pluriannuelle à travers une prestation de service avec une SPL, un Epic ou une régie dont on définit le cadre pour accompagner le service public de la commune. Nous ne sommes pas arc-boutés sur la façon de travailler avec les structures publiques. Simplement, il faut que ce soit fait dans un cadre pluriannuel. Parce que la gestion des stocks et du personnel ne se font pas à la petite semaine. On part sur des contrats de 3 à 5 ans de prestations de services, dans lesquels on va assurer des prestations techniques et d'expertises dont on dispose chez EDT et dont les collectivités ne disposent pas forcément dans leurs ressources propres. Il y a aussi le matériel, le partage de connaissance, de logiciels, de la supervision, l'hypervision… On peut travailler sur des sujets divers et variés, mais encore faut-il que la collectivité en exprime le souhait et qu'on arrive à se mettre d'accord sur un format de collaboration.”
Les collectivités polynésiennes –communes, communautés de communes ou Pays– imposent désormais des seuils élevés d'énergies renouvelables à leurs concessionnaires ou partenaires. EDT et Engie sont prêts à répondre à cette demande et investir dans les énergies renouvelables en Polynésie ?
“Vous faîtes référence à notre actionnaire principal qu'est Engie. Aujourd'hui, toute la stratégie de fonctionnement de la société Engie repose sur l'abandon de toute énergie fossile. Décision a été prise d'abandonner l'utilisation du charbon en 2027 et l'utilisation des hydrocarbures en 2035. Ceci en ressources principales bien sûr, puisqu'il y aura toujours des groupes de secours. Mais ce ne sera plus la principale ressource sur les territoires. Dans ce cadre-là, Engie est prête à investir les sommes qu'il faudra pour aider à accompagner les pays et territoires dans cette mutation. Aujourd'hui, le Pays prend cette voie. On le voit à travers les derniers investissements qui ont été faits en photovoltaïque. Et surtout avec ceux qui vont être faits, puisque nous n'avons eu qu'une première des trois tranches de 30 MW. Le Pays va donc augmenter sa part de solaire. Alors le solaire, on connaît ses particularités… Ce n'est qu'une partie de la journée et il va falloir le stocker. Mais on peut aussi utiliser d'autres ressources lorsqu'il n'y a plus de soleil, dont l'hydroélectricité. Je pense qu'aujourd'hui, la Polynésie doit revoir sa stratégie sur l'hydroélectricité et ne pas abandonner les prochains développements. Je pense qu'il faut revoir les prochains axes qui pourraient permettre de retravailler la ressource hydroélectrique qui est une ressource pérenne, résiliente et qui produit la nuit. Le seul moment où elle ne produit pas, c'est dans les moments de sécheresse. Mais là, en général, il y a du soleil. Donc ça peut se compenser. De toutes façons, la Polynésie va devoir fonctionner avec un mix énergétique solaire, hydroélectricité et thermique. Alors après viendra peut-être se rajouter un volet hydrogène, mais qui de toutes façons n'est qu'une dérivation et un stockage du solaire… Aujourd'hui, le challenge c'est celui-ci. On parlait des demandes des îles. Dans le dernier contrat de la commune de Rangiroa, il y a un engagement de la part d'EDT d'arriver rapidement à 75% d'EnR. Et on va tout faire pour y arriver.”
Un mot sur l'augmentation des tarifs de l'électricité qui a été décidée pour les trois prochaines années par le Pays. Le cadre prévu pour ces augmentations progressives a-t-il été signé avec le Pays ou êtes-vous toujours en discussions ?
“Le cadre a été discuté avec le Pays. Il y a un accord verbal et on doit aujourd'hui le formaliser sous forme d'un avenant. Effectivement, le Pays aurait dû augmenter les tarifs de l'électricité pour compenser la hausse du gazole. On a échangé suffisamment avec eux sur le sujet. L'augmentation aurait dû être de l'ordre de 28% pour le prix du gazole qui nous est fourni depuis le mois de juillet. Mais parce qu'une telle augmentation aurait été difficilement supportable pour les populations, il a été décidé de manière commune d'augmenter pour l'instant de l'ordre de 6,8% au 1er octobre et de prévoir des augmentations successives tous les semestres à partir du 1er juillet 2023 pour arriver à rattraper ces augmentations. Il va de soi que les futures augmentations dépendront du prix du gazole entrant. Si ce prix revient à ce qu'il était en début 2022, les augmentations à venir ne seraient de l'ordre que de quelques points et pas de 7% comme la première.”
Vous avez lancé une campagne de communication sur la réduction de la consommation énergétique chez les particuliers. À première vue, ça paraît assez paradoxal d'entendre EDT demander de moins consommer l'électricité ?
“Je suis intimement convaincu que si tout le monde fait attention à sa consommation et une consommation sobre de l'énergie, on peut facilement réduire la facture de 10% en étant sérieux chez soi. C'est un premier point. La réduction de la consommation énergétique est aujourd'hui une stratégie gagnante pour tout le monde. Pourquoi ? Parce que dans l'énergie, le prix du kW/h est subventionné à travers le FRPH par le Pays. Il est donc payé par les consommateurs et nous en subissons aussi un peu la contrepartie au milieu de tout ça. Donc, si on réduit la consommation, tout le monde sera gagnant. Le consommateur. Nous, à travers une réduction des charges. Et le Pays qui aura moins de kW à subventionner. Je pense que c'est un vrai challenge pour la Polynésie. L'idée n'est pas de se serrer la ceinture, mais d'être des consommateurs responsables d'énergie tous les jours et tout au long de la journée.”