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Déterminés à enterrer le projet de route du Sud


Tahiti, le 5 décembre 2020 - Malgré l'annonce du président du Pays d'abandonner à contre-cœur le projet de route du Sud, l'association A Aupuru Ia Papara a maintenu sa marche ce matin à Papara et Papeete, fermement décidée à enterrer le dossier. Il faudra que la décision soit publiée « noir sur blanc » dans le journal officiel pour qu'ils y croient et qu'ils posent effectivement les armes.
 
« Il n'y aura plus de dégagement sud. » La déclaration d'Edouard Fritch jeudi à l'assemblée n'a pas freiné les ardeurs de l'association A Aupuru Ia Papara contre la route du Sud. La marche prévue par l'association le lendemain - c'est-à-dire ce matin - aura bien lieu, malgré quelques "pea pea" avec la mairesse de Papara. Si celle-ci avait d'abord donné un avis favorable, Sonia Punua s'est finalement rétractée, sans pour autant produire d'arrêté d'interdiction. « On en déduit que la commune n'est pas contre le projet de route du Sud, d'ailleurs ils sont Tapura, ils jouent sur le côté politique » indique Bernard Roure, président de l'association A Aupuru Ia Papara.

« Aita ! Aita roa » pouvait-on lire sur les banderoles des marcheurs. Si l'annonce du président du Pays apparaît comme une bonne nouvelle, c'est loin d'être une victoire pour les farouches opposants au projet de désenclavement. « Pas tant que ce ne sera pas écrit noir sur blanc » assène Norma Poetai, membre de l'association. Bernard Roure, la rejoint sur ce point. « Tant qu'ils n'auront pas pris un arrêté en conseil des ministres, et que le texte ne sera pas passé à l'assemblée territoriale, on considérera que le projet est toujours dans les tuyaux ».

Une demande que le collectif Mata Atea estime « complètement légitime », notamment face à des responsables politiques qui ne tiennent pas toujours parole. « On peut comprendre qu'il y ait une certaine méfiance » commente Gilles Parzy. « Il faut que ce soit inscrit dans le journal officiel, après on verra. »

L'association qui espérait au moins 1 000 personnes, n'a finalement rassemblé que quelques centaines de manifestants sous un soleil de plomb : 400 selon Aupuru Ia Papara qui avait prévu deux départs. L'un du côté de Papeete et un autre départ du côté de Taravao pour rejoindre le collège de Papara. Soit trois kilomètres d'un côté et quatre kilomètres de l'autre.

Masque et distanciation sociale autant que faire se peut : c'est dans une ambiance détendue et dans le « respect des gestes barrières » que la petit foule a déambulé au son des to'ere et encadré par les forces de l'ordre. « Le contexte sanitaire n'incite pas au rassemblement, c'est sûr » reconnaît Gilles Parzy.

Le projet qui menace d'expropriation près de 800 foyers, concernerait au final près de 3000 personnes selon les militants. « Peut-être que le Pays a l'intention de les loger dans des lotissements, mais j'ai bien peur que ça ressemble à des cages à poules, pardon du terme, claque Norma. Nous, nous ne sommes pas touché, mais nous nous levons pour ceux qui risquent d'être touchés, on se met à leur place. »

De nombreuses associations tentent ainsi de grossir les rangs des opposants à la route du Sud. Comme l'association de Hao, de Makemo, mais surtout la fédération des associations pour la protection de l'environnement "Faatura te rahu a te Atua", ou le collectif Nuna'a a tia. « ça se solidarise même si nous à Paea on est tranquille maintenant. Tout le monde a bien compris l'enjeu, au-delà de cette question d'expropriation, il y aussi les questions environnementales et d'argent public, argumente Gilles Parzy. On s'aperçoit qu'il y a une forme d'autocratie qui fait face à un contre-pouvoir, celui du peuple. »
 

Rédigé par Esther Cunéo le Samedi 5 Décembre 2020 à 15:04 | Lu 2414 fois