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Dessertes de désenclavement : Le Pihiti incertain aux Marquises


Tahiti, le 10 juin 2021 - À moins de trois semaines du démarrage prévu de sa desserte inter-îles aux Marquises, Tahiti Air Charter est toujours dans l’attente d’une autorisation du service d’État de l’aviation civile pour desservir Ua Pou et Ua Huka.
 
À partir du mois prochain, la toute jeune compagnie aérienne Tahiti Air Charter doit opérer des vols inter-îles aux Marquises, dans le cadre d’une délégation de service public conclue jusqu’en juin 2026 pour la desserte des aérodromes de désenclavement de Ua Pou et de Ua Huka. Les vols sont programmés à partir de Nuku Hiva et de Hiva Oa, où sera basé le Cessna Grand Caravan 208 Ex, nommé Pihiti, de la filiale du groupe Degage.
 
Le 1er juillet prochain ? Pour l’instant, rien n’est moins sûr pour Tahiti Air Charter. La compagnie aérienne dispose bien d’une licence d’exploitation délivrée par le Pays et d’une autorisation administrative pour le transport aérien public. Ce second agrément lui a été délivré par le service d’État de l’aviation civile (SEAC) pour son activité commerciale sur les îles Sous-le-Vent. Un certificat de transporteur aérien (CAT) accordé après analyse et validation de l’organisation administrative et technique de la compagnie. Ensuite, pour son activité aux Raromatai, la compagnie s’appuie sur des autorisations spécifiques obtenues pour les divers aérodromes qu’elle dessert.
 
Question de sécurité
 
Ce sont ces autorisations qui lui font actuellement défaut pour la desserte des Marquises, à moins de trois semaines de la date fatidique du 1er juillet. Avant de donner son feu vert, le SEAC doit valider les données opérationnelles présentées par la compagnie pour opérer sur Ua Pou et Ua Huka. Dans ce cadre, Tahiti Air Charter doit notamment démontrer que ses pilotes ont les qualifications requises pour ces deux aérodromes à usage restreint.
 
Ces deux sites sont connus pour leur aérologie contraignante et leur relief très particulier. L’aérodrome de Ua Pou est un altiport avec un accès unique qui donne sur une piste étroite, incurvée et en pente. Celui de Ua Huka, assez court, est situé sur une falaise et bordé par un talweg. Les garanties qu’offre la compagnie en termes de sécurité sont centrales pour le service de l’aviation civile. Il engage sa responsabilité civile et pénale avec la délivrance d’une autorisation. L’adéquation entre les performances de l’aéronef monomoteur utilisé par Tahiti Air Charter pour opérer sur ces aérodromes intéresse, dans ce cadre, tout particulièrement ce service de l’État. De même que l’expertise des deux pilotes qui seront en charge sur ces lignes.
 
"Ça avance. La procédure est extrêmement compliquée", avoue Emmanuel Bonifait, le directeur d’exploitation de Tahiti Air Charter. "On la suit, mais on ne maîtrise pas les délais d’instruction." Les deux pilotes et les deux instructeurs de la compagnie aérienne basés aux Marquises pour ces dessertes de désenclavement ont "plusieurs milliers d’heures de vols", précise-t-il, et sont titulaires depuis récemment de la qualification "montagne". Le Cessna Grand Caravan 208 Ex acquis par la compagnie pour honorer sa délégation de service public aux Marquises est quant à lui équipé d’un kit "Short take-off and landing". Cet équipement technique lui permet d’atterrir et décoller sur des pistes courtes comme celles de Ua Pou et Ua Huka.
 
Six jours par semaine
 
Mais à moins de trois semaines de la date prévue du démarrage des opérations commerciales sur l’archipel, l’incertitude plane toujours dans les bureaux de Tahiti Air Charter où on avoue être "moyennement confiant" sur l’obtention d’une autorisation à temps. "La balle est dans le camp de l’administration. Mais tant que nous n’avons pas l’autorisation en main, difficile de s’engager." Pas de plan B en attendant, pour la compagnie en cas de déconvenue. "On se consacre pour l’instant à notre demande d’autorisation", tranche Emmanuel Bonifait. "On verra la semaine prochaine s’il y a des décisions à prendre."
 
Tahiti Air Charter prévoit de donner au moins deux semaines à ses pilotes pour des vols d’entraînement sur Ua Huka et Ua Pou avant de prendre les premiers passagers. Les tarifs annoncés par la compagnie pour son activité de délégation de service public sont de 5 949 Fcfp TTC pour un résident sur un aller simple Ua Huka-Nuku Hiva avec un bagage en soute de 10 kilos et de 7 726 Fcfp TTC dans les mêmes conditions pour un vol Ua Pou-Nuku Hiva. Le Cessna Pihiti de la compagnie, d’une capacité de huit places, volera tous les jours de la semaine, à l’exception du mercredi. En principe…

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 11 Juin 2021 à 18:38 | Lu 3417 fois