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Desserte aérienne, les Marquisiens s'interrogent


Ua Pou, le 25 octobre - L'appel d'offres lancé par le gouvernement pour la desserte aux Marquises des liaisons sur Ua Huka et Ua Pou et sur lequel trois compagnies se sont positionnées ne laisse évidemment pas insensible les populations concernées qui souhaiteraient aussi faire part de leurs attentes.

Cet appel d'offres qui suscite l'intérêt d'Air Tahiti, Tahiti Air Charter et Tahiti Nui Helicopters, en lice pour remporter le marché exclusif pour les cinq prochaines années, intrigue et soulève beaucoup de questions. A celle concernant leurs attentes par rapport au service aérien pour l’île de Ua Pou, la réponse de Patrice et Tehina, gérants et propriétaires de Tehina Boutique à Hakahau ne se fait pas attendre: "une continuité d’un service public sans aléas". Patrice explique que c’est plutôt une problématique de programme de vol chamboulé en permanence et pas tant un problème de fret puisque pour leur magasin, la marchandise est plutôt acheminée par bateau." Puis il faut toujours prévoir 3-4 jours en amont pour pouvoir participer à des salons ou pour être sûrs de ne pas rater une correspondance". Et à la question sur la probabilité d’un changement d’opérateur ; elle soulève d’autres inquiétudes. "C’est bien qu’il y ait trois propositions, mais que fait-on de l’aéroport si c’est Tahiti Nui Helicopters qui l’emporte, par exemple ? De quels appareils les autres compagnies disposent-elles ? Et si on n’entretient pas la piste et que dans cinq ans ils se retirent ?" demande Patrice." A l’aéroport de Ua Pou, c'est tout de même de six employés dont il est question" ajoute-t-il. Patrice et Tehina soulèvent également la question des vacances locales inter-archipel des Marquises qui ne sont apparemment pas prioritaires. Cela signifie que si l’on désire acheter un billet Ua Pou-Nuku-Hiva, il y a de grandes chances que l’on n’en trouve pas, ce qui oblige les vacanciers qui aimeraient aller faire un séjour sur l’île chef-lieu de Nuku-Hiva de se rabattre plutôt sur un bonitier. De plus, le nord de l’archipel ne bénéficie pas d’une navette équivalente à l’Ata O Hiva dans le Sud, et partir à Papeete pour des vacances à quatre en famille coûte facilement entre 300.000 et 400.000Fcfp rien qu’en billets d’avion. Par exemple, pour les vacances qui viennent de débuter, Tehina et Patrice auraient aimé faire venir leur fils qui étudie à Tahiti, mais le billet est à 101.000Fcfp, même avec les 10% de réduction jeune. Le discours le plus courant est que l’on aimerait qu’Air Tahiti gagne l’appel d’offre, car ils sont déjà rodés, à condition qu’ils achètent un nouvel appareil. Et Patrice de rajouter:" Qu’est-ce qu’on attend ? Que l’avion tombe pour le changer ?",en évoquant l’accident tragique qui a eu lieu à Moorea.

Une consultation populaire souhaitée


Du côté des élus de l’île, le discours est similaire mais un peu plus nuancé. Georges Teikiehuupoko, 1er adjoint au maire, explique que pour désenclaver les îles, cela fait plus de 30 ans que l’avion atterrit à UaPou. Maintenant, la principale question qui se pose est de savoir quel serait l’avion le plus adapté aux deux îles de Ua Pou et Ua Huka car aujourd’hui le Twin Otter en service a plus de 40 ans. Il fait la comparaison avec un véhicule du même âge : "quand on commence à faire trop de réparations sur sa voiture, c’est peut-être qu’il faut commencer à penser à la changer". A la question de savoir s’il pense qu’une autre compagnie pourrait mieux faire :"Air Tahiti a déjà fait ses preuves, bon gré, mal gré". Du côté du maire, Joseph Kaiha, c’est une bonne nouvelle que l’on soit passé à la deuxième phase de l’appel d’offres pour une délégation de service public et donc accompagnée de l’aide du Pays. Que ce soit pour Ua Pou et Ua Huka comme pour les Tuamotu, Australes et Gambier.
"Depuis l’accident de Moorea, ils prennent plus de précautions, donc dès qu’il y a une petite anomalie, ils ne prennent aucun risque et préfèrent annuler le vol, explique le maire. Pour remplacer le Twin par un ATR-42, il faudrait qu’Air Tahiti porte le projet et, avec la défiscalisation, cela ferait 30% assurés par le Pays et 30% par l’Etat donc c’est un réel soutien pour la compagnie gestionnaire". Il dit ne pas avoir été approché par les deux autres compagnies ne serait-ce que pour faire une étude approfondie du terrain et des besoins spécifiques de l’île en desserte aérienne. Ne serait-ce que pour savoir pourquoi Air Tahiti dit que c’est une ligne déficitaire. Et le 1er adjoint d’ajouter que 4 vols par semaine seraient amplement suffisants pour l’île de Ua Pou. Il faudrait juste choisir des jours appropriés : un départ dimanche pour un retour jeudi par exemple. Les départs que l’on a pour le moment comme le vendredi et le samedi ne servent à rien – à part pour les touristes –car le local ne pourra pas faire ses démarches mais devra dépenser en logement et frais sur place en attendant le début de la semaine. Joseph suggèrerait à l’opérateur qui remportera l’appel d’offres de faire une consultation populaire sur les jours qui conviennent le mieux. Et côté réservations, d’avoir un visu sur les disponibilités car les voyageurs depuis Ua Pou partagent les places d’avion avec ceux de Ua Huka et tous dépendent du tourisme ; il y a plus ou moins de sièges disponibles pour les locaux et c’est donc plus ou moins difficiles d’obtenir un siège pour les dates réellement souhaitées.

Rédigé par Eve Delahaut le Dimanche 25 Octobre 2020 à 16:18 | Lu 2565 fois