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Des ménages prudents, des entreprises qui s’endettent encore


Des ménages prudents, des entreprises qui s’endettent encore
Tahiti, le 17 mars 2021 - La dernière note de l’IEOM sur l’impact de la crise sur la situation financière des ménages et des entreprises présente une évolution bien différente de ces deux catégories d’acteurs économiques depuis février 2020. Les restrictions de déplacement ont en effet conduit les ménages à épargner, par contrainte ou par choix, alors que l’endettement des entreprises s’est encore accentué à la fin de l’année.

Économes en mots, les notes de l’Institut d’Émission d’Outre-mer (IEOM) présentent mois après mois des chiffres bruts agrémentés de quelques commentaires sobres. La dernière note sur l’impact de la crise sur la situation financière des ménages et des entreprises n’y déroge pas. Même si la consommation intérieure reste “plutôt dynamique” avec notamment “son traditionnel pic pendant la période des fêtes de fin d’année”, le court document s’attarde surtout sur l’épargne des uns et l’endettement des autres.

De l’épargne forcée à l’épargne de précaution

Hormis ce pic festif, les chiffres de l’IEOM montrent deux tendances au niveau de l’épargne des ménages. La première concerne l’augmentation importante des dépôts rémunérés, notamment les comptes sur livret. Ces placements ont augmenté de 3,1 milliards de Fcfp sur un mois et de 11,8 milliards depuis février 2020, soit une hausse de +5,8% de ce type de dépôts. L’autre tendance concerne le recours croissant des ménages aux prêts à l’habitat avec +9 milliards depuis février 2020 soit une hausse de 4,7%. Au total, l’épargne nette cumulée des ménages a augmenté de 24,5 milliards de Fcfp depuis mars 2020. Elle représente à la fois une épargne forcée par les restrictions et les problèmes d’approvisionnement mais également une épargne volontaire de précaution en temps de crise. Le retour à un niveau de consommation d’avant crise n’est pas d’actualité. Ce phénomène a été également constaté en métropole. Il a ainsi été estimé qu’un surplus d’épargne des ménages métropolitains à hauteur de 200 milliards d’euros était attendu d’ici la fin de l’année 2021.

Regain de PGE en novembre et décembre

Comportement d’endettement et d’épargne très différents pour les entreprises. Les dépôts rémunérés sont en effet en baisse. Si les crédits bancaires accordés aux entreprises ont augmenté depuis février 2020 de près de 56,3 milliards de Fcfp, il s’agit avant tout de crédits d’exploitation (45,3 milliards), demandés et octroyés pour disposer de trésorerie et assurer la survie de l’entreprise. Le recours à ce type de crédits se fait à un niveau soutenu et continu sur l’année 2020.  L’IEOM note ainsi que ces crédits “constituent encore le premier motif d’endettement des entreprises (+3,2 milliards de Fcfp sur un mois contre une moyenne de +0,4 milliard entre 2017 et 2019”). Les montants des PGE accordés ont en effet été significatifs dès les premiers mois de la crise sanitaire entre avril et juillet 2020. Après la réouverture des dessertes aériennes, le recours à ces prêts garantis a ralenti mais en novembre et décembre 2020, les entreprises ont de nouveau sollicité les établissements bancaires pour bénéficier du dispositif (cf encadré). Mais par choix ou par contrainte, elles se sont aussi de plus en plus tournées vers une solution plus rapide à mettre en œuvre. L’IEOM note en effet que “si les octrois de PGE restent soutenus, ils s’accompagnent sur le mois d’une utilisation plus marquée du découvert (+1,6 milliard de Fcfp)”. Depuis mars 2020, leur endettement net s’établit ainsi à 8,4 milliards de Fcfp. La reprise économique devra probablement passer par une relance de la consommation des ménages pour soulager les entreprises locales.
 

Des ménages prudents, des entreprises qui s’endettent encore

Rédigé par Sébastien Petit le Mercredi 17 Mars 2021 à 19:00 | Lu 1426 fois