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Des enseignants marquisiens reconnectés à leur culture


Les enseignants des écoles primaires marquisiennes sont amenés à mieux connaître leur culture pour mieux enseigner la langue.
Les enseignants des écoles primaires marquisiennes sont amenés à mieux connaître leur culture pour mieux enseigner la langue.
Nuku Hiva, le 4 octobre 2022 - Depuis trois ans, sous l’impulsion de l’inspectrice de l’Éducation nationale en charge des Marquises, Aline Heitaa-Archier, plusieurs écoles primaires publiques de l’archipel sont bilingues français-marquisien. L'heure est à présent à la formation des enseignants, notamment à travers le lien entre langue et culture en se réappropriant le patrimoine.

Sous l'impulsion de l’inspectrice de l’éducation nationale en charge des Marquises, Aline Heitaa-Archier, plusieurs écoles primaires sont bilingues français-marquisien. Pour que l’enseignement soit efficace dans les deux langues, au cours des deux dernières années, des outils ont été créés par les équipes éducatives marquisiennes dans plusieurs domaines d’enseignement tels que l'Éducation physique et sportive (EPS), l'enseignement moral et civique, et la résolution de problèmes de mathématiques. Et ce, en marquisien comme en français. Maintenant que ces outils indispensables existent, l’heure est à la formation des enseignants à leur utilisation.

Dans la droite ligne de ce projet d’apprentissage et d’appropriation de la langue marquisienne, Aline Heitaa-Archier, a décidé d’inclure dans la formation des enseignants des écoles publiques primaires de l’archipel des moments privilégiés hors les murs et sur des sites incontournables du patrimoine culturel marquisien. “Il nous faut aller plus loin, explique-t-elle, parce que les enseignants ont eux-mêmes besoin d’être sensibilisés au patrimoine culturel de proximité. Or, j’observe depuis trois ans que le lien entre l’apprentissage de la langue marquisienne et l’exploitation et la connaissance du patrimoine de proximité n’est pas du tout évident.”

Sortir les enseignants de leur zone de confort

Cette semaine à Nuku Hiva, c’est le site de Temehea à Taiohae qui a été choisi pour réconcilier les enseignants avec leur patrimoine. “Nous avons commencé par une activité de lecture à voix haute, la lecture prosodique, en français, en marquisien et en anglais, pour amener les enseignants d’abord à s’approprier l’espace, le patrimoine et ensuite à pouvoir sortir de leur zone de confort. Car en effet, on demande aux enfants de déclamer en français et en marquisien, mais est-ce que nous avons, nous en tant qu’adultes, été placés dans ces situations ? Pour moi, vivre ces situations dans des lieux autres que la salle de classe et devant ses pairs ce n'est pas facile. Il y a donc, là, pour les enseignants, une possibilité de se dépasser et, du même coup, de provoquer de l’engouement dans la préparation et la lecture du texte à déclamer en cherchant dans le regard des pairs un sourire ou une émotion partagée.”
À travers ces pratiques, l’inspectrice marquisienne souhaite que les enseignants de l’archipel s’approprient leur patrimoine culturel de proximité et fassent le lien entre la culture et la langue qu’ils enseignent à leurs élèves.
“Les enfants marquisiens parlent un français très approximatif, explique Aline Heitaa-Archier. De ce fait, leurs résultats scolaires n’évoluent pas. Le souci est qu’ils ne parlent pas bien le français et pas bien non plus le marquisien. Or, nous savons que si on veut maîtriser une nouvelle langue il faut s’appuyer sur sa langue maternelle et sur sa culture. Pour moi le Marquisien de demain, est une personne qui maîtrise parfaitement le marquisien, le français et même l’anglais. C’est là toute mon ambition.”


Rédigé par Marie Laure le Mardi 4 Octobre 2022 à 17:56 | Lu 1838 fois