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Des artistes polynésiens en résidence à Paris


Tahiti, le 4 mai 2021 - Les quatre lauréats du concours “Résidence d’artistes – Cité internationale des arts x” ont été présentés mardi matin à la présidence. Taina Calissi, Tafetanui Tamatai, Tahea Drollet et Romain Picardi partiront en juillet à Paris pour trois à quatre mois d’immersion au sein de la Cité internationale des arts. Aux côtés de 325 artistes du monde entier, les quatre polynésiens, titulaires d’une carte d’artiste professionnel, vont expérimenter, échanger et faire connaître leur art.

Après 55 ans d’existence, la Cité internationale des arts de Paris va accueillir ses premiers artistes de Polynésie française. Les quatre lauréats ont été présentés mardi matin par la secrétaire générale adjointe du haut-commissariat Céline Zaplana, le conseiller culture du ministère de la Culture Gaetan Deso et la cheffe de service de la Direction de la culture et du patrimoine Joany Cadousteau. Les artistes sélectionnés sont Taina Calissi (dessin, chorégraphie, photo, écriture et vidéo), Tafetanui Tamatai dit Tafe (artiste pluridisciplinaire), Tahea Drollet dit Tahe (artiste pluridisciplinaire) et Romain Picardi dit Abuz (fresques murales). Abuz, Tahe et Tafe étaient présents lors de l’annonce publique de leur sélection.
 
3 à 4 mois d’immersion
 
C’est dans le prolongement de la loi de Pays du 19 mai 2016, portant sur la reconnaissance des professions artistiques en Polynésie française, qu’a été créé ce premier programme de résidences d’artistes du fenua détenteurs d’une carte d’artiste professionnel. Le lancement du programme se fera en juillet. Tahe, Tafe et Abuz se rendront à Paris pour trois mois tandis que Taina restera quatre mois au sein de la Cité internationale des arts.

Le programme, co-organisé avec le haut-commissariat de la Polynésie française et la compagnie aérienne Air Tahiti Nui, offre un billet d’avion aller-retour aux artistes. En plus de l’accompagnement artistique et professionnel qui sera apporté lors des mois d’accueil, deux bourses mensuelles de vie et de production d’un montant de 95 465 Fcfp chacune seront offertes aux artistes. Un atelier-logement sur le site du Marais sera également mis à disposition.

Ouvert à toutes les disciplines (arts plastiques, arts du spectacle, danse, littérature, photographie…) le programme de résidence va permettre aux artistes polynésiens de rencontrer les artistes du monde entier et de faire connaître leur pratique. En effet, la Cité internationale accueille en son sein 325 artistes toutes disciplines, générations et nationalités confondues.
 
Échanges et expérimentations
 
Pour Abuz, Taina, Tahe et Tafe, ce voyage de trois à quatre mois, c’est l’opportunité de se constituer un réseau, d’échanger et d’expérimenter. “Nos équipes vont vous aider à développer vos projets artistiques. Nous aurons à cœur de vous ouvrir nos réseaux professionnels pour que vous puissiez constituer le vôtre et surtout faire connaître vos pratiques car, aujourd’hui encore, les scènes polynésiennes artistiques sont très peu connues en France hexagonale”, a adressé par message vidéo Bénédicte Alliot, directrice générale de la Cité internationale des arts.

Avant leur sélection, les artistes ont déposé leur dossier et sont passés devant une commission. Chacun d’entre eux devait motiver sa demande et son intention d’intégrer la résidence en métropole. La cité internationale des arts a pris part à ce processus. Les dossiers des candidats leur ont été transmis en amont. “Ça a été important, car ils ont pu nous faire des retours sur les artistes et sur les structures avec lesquelles ils vont pouvoir les mettre en contact” a précisé le conseiller du ministère de la Culture. L’intérêt étant de bien appréhender le projet de chaque artiste pour pouvoir les soutenir au mieux.
 
4 lauréats pour 5 candidats
 
Au fenua, plus de 70 artistes sont actuellement détenteurs d’une carte d’artiste professionnel délivrée par une commission. Autrement dit, 70 candidats potentiels au concours. Pourtant, seuls cinq d’entre eux ont déposé leur dossier. Une faible participation qui s’explique par “la situation de crise sanitaire actuelle” selon Gaetan Deso. “Pour cette première année et étant donné le contexte sanitaire, nous en sommes très largement satisfaits”. Par ailleurs, une dizaine d’artistes auraient contacté les organisateurs du concours pour s’excuser de leur absence, se justifiant d’un contexte sanitaire qui rend la visibilité des prochains mois incertaine et prenant rendez-vous pour l’année prochaine.
 
Les artistes émergents
 
L’an prochain, le statut d’artiste “émergent” sera intégré à la sélection. Deux résidences de quatre mois seront proposées aux artistes professionnels quand deux résidences de trois mois le seront pour les artistes émergents. “L’objectif de l’année prochaine, c’est d’avoir encore plus de variété dans les disciplines”. Pourquoi ne pas voir un chorégraphe, un photographe ou un danseur polynésien s’envoler pour Paris en 2022.

À leur retour, Tahe, Abuz, Taine et Tafe pourront présenter le programme aux autres artistes. Les remarques des premiers participants permettront d’ajuster le programme. “Le but de ce projet, c’est qu’il soit évolutif d’une année à une autre pour les artistes”, concluait Gaetan Deso.

Taina Calissi

Taina Calissi est une artiste pluridisciplinaire qui dessine, chorégraphie, photographie, écrit et filme. Ce qui a intéressé la Cité internationale des arts chez Taina, c’est sa démarche tournée vers les autres artistes. L’objectif de Taina est de revenir avec un enrichissement personnel qu’elle pourra mettre au profit des autres artistes du fenua.

Tafetanui Tamatai, dit Tafe

Tafetanui Tamatai, dit Tafe, est un jeune artiste diplômé du centre des métiers d’art de la Polynésie française en 2018. Aujourd’hui, sa pratique l’amène à explorer les possibilités offertes par le numérique. “Au centre des métiers d’art, j’ai pu expérimenter les impressions en trois dimensions et c’est ce que je vais continuer à travailler à Paris”.

Tahea Drollet, dit Tahe

De la bombe de peinture à la résine, Tahea Drollet, dit Tahe, aime détourner les objets de la vie courante et accentuer le clivage entre le monde moderne et la culture traditionnelle polynésienne. Très discret, il a pris son courage à deux mains et va partir trois mois pour se confronter aux autres et s’affirmer en tant qu’artiste. “J’espère apprendre des nouvelles techniques, rencontrer d’autres artistes, échanger et m’enrichir”.

Romain Picardi, dit Abuz

Romain Picardi, dit Abuz, est né à Paris et a grandi à Moorea. Son graff instinctif, ses références à la culture du fenua et ses couleurs variées ont forgé sa réputation. À Paris, le graff attire beaucoup. La Cité a déjà contacté la mairie afin de demander un mur pour Abuz. “C’est compliqué de partir trois mois parce que j’ai un enfant et que je dois mettre ma vie professionnelle en stand-by. Mais c’est une chance que l’on ne peut pas laisser passer et une responsabilité en tant qu’artiste.

Rédigé par Etienne Dorin le Mardi 4 Mai 2021 à 19:32 | Lu 1240 fois