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« Délogés de force », des habitants de Hotuaera montent au créneau


Tahiti, le 19 août 2020 -  L’association de quartier familiale, Marutaha Nui, a donné une conférence de presse mercredi matin pour dénoncer l’expulsion de plusieurs habitants du quartier de Hotuaera des terrains sur lesquels ils vivent, et qui ont été récemment acquis par l’OPH pour mener une opération de Résorption d’Habitat Insalubre (RHI). De son côté, l’OPH assure que ces habitants seront relogés et rappelle qu’une convention a été signée à cet effet entre la commune de Faa’a, l’État et le Pays le 25 mars 2015. 
 
Après avoir reçu un avis d’expulsion, l’association de quartier familiale, Marutaha Nui, a organisé une conférence de presse mercredi matin pour protester contre le relogement de plusieurs familles qui résident actuellement dans le quartier de Hotuaera à Faa’a. Tel que le précise sa présidente, Belina Céran-Jérusalémy, dans un communiqué transmis à la presse, les familles concernées par ces relogements dans le cadre de l’opération de Résorption d’habitat insalubre lancée par l’Office polynésien de l’habitat (OPH), estiment qu’elles devraient être relogées au même endroit et non « haut dans la montagne à Teroma ». « L'OPH a récemment acquis ces terres pour lancer une opération de Résorption d'habitat insalubre. Malgré des promesses verbales du ministre du Logement au 02 décembre 2019 de nous reloger sur place, suite à notre demande d'intégrer les nouveaux logements qui seront construits, nous avons reçu un courrier de l'OPH en mains propres le 21 juillet 2020, nous demandant de quitter les lieux avant le 17 août 2020. »
 
A l’appui de ses revendications, Marutaha Nui précise que les familles concernées « habitent dans ce quartier grâce à un bail conclu avec le Camica il y a plusieurs décennies, depuis 1952 », pour certaines d’entre elles. Elle explique que, parmi les personnes qui doivent être relogées, il y a « des personnes âgées habituées à vivre en bord de route de ceinture, près du centre de Faaa et des commerces, ainsi que des pêcheurs qui ont accès au lagon (…) Où sont les logements qui nous sont proposés ? Haut dans la montagne à Teroma ? Pourquoi reloge-t-on les personnes qui ont peu de moyens, ni voiture et qui cherche un travail pour beaucoup... loin dans la montagne ? Qui seront les personnes qui vont occuper les nouveaux logements prévus dans notre quartier ? ». L’association indique que, « malgré des promesses verbales du ministre du Logement du 2 décembre 2019 de reloger les habitants sur place »,  l’OPH leur a adressé un courrier, « remis en mains propres» le 21 juillet dernier, leur demandant ainsi de quitter les lieux avant le 17 août. Informées ce week-end qu’elles allaient être « délogées de force », les familles demandent donc un « vrai dialogue » avec le ministre du Logement, l’OPH et le maire de la commune, Oscar Temaru. Ce dernier a d’ailleurs apporté son soutien à ces revendications mercredi. 
 

Logements « vétustes » et « précaires »

Contacté mercredi matin, le Pays indique par écrit que, si le ministre du Logement ne souhaite « pas s’exprimer à ce stade », celui-ci tient néanmoins à rappeler que des «réunions d'information ont été organisées par le ministère du Logement et l'OPH, et le ministre lui-même s'est rendu in situ pour rencontrer ces familles. Ce site, situé dans la bande de sécurité de la piste de l'aéroport international de Tahiti-Faaa, doit faire l'objet d'une opération de Résorption de l'habitat insalubre programmée dans le cadre du Contrat de Projets 2 par l'OPH. » 
 
Il précise également que l’État, le pays et la commune de Faa’a ont signé le 25 mars 2015 une convention relative au relogement de ces habitants et affirme que les 27 familles, actuellement « installées dans des logements vétustes, précaires et défiant toutes règles d’hygiène et de sécurité » vont être « temporairement relogées ». Elles bénéficieront de   «nouveaux logements de type modulaire F3, F4 et F5 » et disposeront « de surplus d’un local associatif, d’une station d’épuration et d’une aire de jeux pour les enfants ». Enfin, le ministère du Logement conclut son propos en « précisant » que l’association Marutaha Nui « est présidée au demeurant par une militante proche du maire actuel de la commune », Oscar Temaru…

 
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 19 Août 2020 à 18:09 | Lu 2909 fois