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Découverte : il était une fois… "les" monuments aux morts de Papeete


Déplacé à plusieurs reprises depuis 1956, ce monument est aujourd'hui installé avenue Pouvanaa'a Oopa, face au Haut-commissariat à Papeete.
Déplacé à plusieurs reprises depuis 1956, ce monument est aujourd'hui installé avenue Pouvanaa'a Oopa, face au Haut-commissariat à Papeete.
PAPEETE, 14 octobre 2015 - Chaque année la ville de Papeete organise une exposition et des randonnées urbaines sur l'un des sites historiques de la commune afin de perpétuer un devoir de mémoire.

Cette année, parmi les deux randonnées proposées figure celle relative au Monument aux morts, assurée par Philippe Leydet, le directeur de l'antenne polynésienne de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACV). Une exposition se tient par ailleurs à l'hôtel de ville de Papeete jusqu'au 23 octobre 2015 (entre 9 heures et 15h30), elle également de nouveaux panneaux relatifs à cette thématique.

Le premier monument aux morts érigé à Papeete date de 1920. Il a aujourd'hui disparu. Dédié aux anciens combattants, pour commémorer la bataille de Caumont du 25 octobre 1918 - pour laquelle le Bataillon Mixte du Pacifique a eu une citation - ce monument était en forme d’obélisque avec, à son sommet, un boulet de canon. Il fut construit sur le front de mer de Papeete, face à l’immeuble Donald.

La place où il était édifié va porter des noms différents : Quai de la Marne, Place de la Mutualité ; Place du Sénateur Joseph Quesnot… avant de disparaître en 1965 lors de l’aménagement du boulevard, des quais et du port. Le monument n’existe plus mais jusqu’en 1987, date des nouveaux travaux d’aménagement, la plaque sera scellée sur un énorme rocher rond. Aujourd’hui, plus aucune trace de cet obélisque, ni du rocher et encore moins de la plaque commémorative.

L'actuel monument aux morts

Le monument qui est encore avenue Pouvana'a Oopa fut commandé en 1922, pour commémorer la Grande Guerre, les membres du conseil municipal de Papeete décident l’installation d’un Monument aux morts dans la ville. Papeete est alors la seule commune dans cette partie des Établissements Français d’Océanie (É.F.O.). Aussi, ce monument est-il dédié à la mémoire de tous les soldats des É.F.O. sans tenir compte de leur lieu de naissance ni du domicile, critères indispensables pour être inscrit sur un monument aux morts. La seule notion retenue pour l’inscription des noms sur le monument est celle du soldat "Mort pour la France".

Aujourd’hui, ce mémorial comprend l’inscription des noms de tous les soldats du fenua tombés lors de la Grande Guerre. En 1922, ce monument a été financé sur les fonds du budget local complété du produit d’une souscription publique ayant rapporté 22 273 francs d’alors. Commandé, en métropole, sur catalogue, au statuaire Hippolyte Marius Galy, il est réalisé en France et livré par bateau, en pièces détachées.

Le sculpteur n’est vraisemblablement jamais venu à Tahiti, mais selon Patrick O’Reilly, c’est une jeune fille de la colonie, dénommée Margueritte dite Margaux Teissier, qui lui aurait servi de modèle pour représenter la statue allégorique de la Patrie. Hippolyte Marius Galy est également l’auteur des monuments aux morts de Pointe-à-Pitre et Basse-Terre en Guadeloupe, de Montluçon dans l’Allier et de Guingamp en Bretagne datés de 1922.

À Papeete, le monument est remis, à titre gratuit, au conseil municipal par arrêté du 28 mai 1923 qui fixe l’emplacement et la date d’inauguration du "Monument aux morts de la Grande Guerre", édifié au milieu de l’avenue Bruat (actuelle avenue Pouvanaa a Oopa) à hauteur de la rue Neuve (actuelle rue des Poilus Tahitiens), face à la mer, en spécifiant sa remise gratuite à la municipalité de Papeete.

Ce monument sera déplacé à plusieurs reprises : en 1956 sur le bas-côté de l’avenue Bruat du côté du haut-commissariat ; en 2001, en face du côté de l’ancienne enceinte du Service des Travaux Publics où sont aujourd’hui aménagés les locaux le C.E.S.C et de la vice-présidence ; en 2003 le monument est classé dans le patrimoine culturel de la Polynésie française après avoir été rénové puis installé à son emplacement actuel.

Depuis lors, son aspect est quelque peu modifié. L’allégorie de la Patrie "la Marianne" en plâtre blanc est, aujourd’hui, une statue de bronze, ainsi que le "coq gaulois", le médaillon (portrait du soldat) et les casques …. Ils sont l’œuvre du sculpteur Jean Cardot dans les Ateliers Saint Jacques des Fonderies de Coubertin sur commande du territoire de la Polynésie française.
La place qui accueille aujourd’hui le monument aux morts fait 1 400 m2. Dans la continuité de ce travail de mémoire pour honorer ces hommes partis combattre l’ennemi pendant la Grande Guerre, la ville de Papeete a, en 2006, émis le vœu de mettre à l’honneur tous ceux qui sont nés et ayant eu leur domicile dans la commune en disposant une plaque commémorative à l’Hôtel de ville. Le travail d’identification de ces hommes effectué par les agents des archives de Papeete est en cours de réalisation.

Papeete organise une exposition et des randonnées urbaines sur l'un des sites historiques de la commune afin de perpétuer un devoir de mémoire.
Papeete organise une exposition et des randonnées urbaines sur l'un des sites historiques de la commune afin de perpétuer un devoir de mémoire.

Rédigé par sur communiqué de Papeete le Mercredi 14 Octobre 2015 à 10:00 | Lu 1049 fois