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De la peau de tomate pour habiller les conserves


De la peau de tomate pour habiller les conserves
PARIS, 3 août 2013 (AFP) - Parce qu'on la produit partout et consomme en toute saison, la tomate se met facilement en boîte. Mais bientôt elle tapissera les parois des conserves en remplacement des laques et résines synthétiques.

Un projet de recherche cofinancé depuis deux ans par l'Union européenne (800.000 euros) est en train d'aboutir dans un laboratoire italien, près de Parme: en extrayant la coutine, une substance un peu cireuse contenue dans la peau des fruits (la tomate en est un, même si on la consomme généralement en légume), on peut fabriquer une laque bio pour recouvrir les faces internes et externes des conserves en métal.

"Le procédé ne coûte pas cher et cela ne fera aucune différence de prix pour le consommateur", explique le docteur Angela Montanari, coordinatrice du projet Biocopac au laboratoire expérimental pour l'industrie des conserves alimentaires (Ssica) à Parme, jointe par l'AFP.

Ces boîtes, escompte-t-elle, seront disponibles sur le marché "d'ici deux ans".

Chaque seconde sur la planète, plus de 4 tonnes de tomates sont produites sur tous les continents, pour un total de plus de 145 millions de tonnes par an selon les données de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) - qui ne concernent que les tomates commercialisées. Les déchets représentent environ 2,2% du poids du fruit, en fibres, pépins et peaux.

Rien qu'en Italie, les déchets de tomates produits par l'industrie s'élèvent à 100.000 tonnes par an environ, et le coût de leur traitement à 4 euros par tonne en moyenne, soit qu'ils sont donnés aux animaux ou, séchés, transformés en engrais pour produire du biogaz.

Meilleure valorisation de ces déchets

En tirer un revêtement pour les conserves permettrait une meilleure valorisation de ces déchets, une économie pour les industriels mais aussi pour l'environnement. Surtout, la peau de tomate viendrait remplacer des polymères et des résines du type Epoxy contenant du Bisphénol A (BPA).

Cette substance, classée parmi les perturbateurs endocriniens, est interdite d'usage dans de nombreux pays (dont la France) pour les biberons et le sera à partir de 2015 pour tous les contenants alimentaires en raison des migrations du BPA dans les aliments.

A Parme, l'équipe du Dr Montanari travaille en partenariat avec des scientifiques et des industriels dans six pays européens (France, Grèce, Espagne, Italie, les gros producteurs, République Tchèque et Liechtenstein) et a déjà déposé deux brevets, l'un pour le procédé d'extraction de la coutine, l'autre pour la production de la résine. Elle se dit "confiante".

"Il y a un marché, les industriels sont vraiment intéressés" affirme la chercheuse. "On sait que ça marche". Elle conduit actuellement les tests de résistance notamment sur la durée de conservation et compte produire les premiers tests en production expérimentale dès janvier prochain avec Saupiquet, entreprise française spécialisée de la conserve de poisson, et une société italienne.

Pas cette année, mais bientôt, les quelque 250 tonnes de tomates (non comestibles) que la foule se jette à la figure pendant la Fête espagnole de la Tomatina fin août à Buñol, dans la province de Valence, finiront sur les parois des conserves plutôt qu'à la poubelle.

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Rédigé par () le Samedi 3 Août 2013 à 07:23 | Lu 516 fois