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Cyclones : Au-delà de trois jours les prévisions sont très aléatoires


PAPEETE, le 29 octobre 2015 - Les événements climatiques type cyclone et El Niño, passés et à venir, sont de toutes les conversations. Pour éviter les faux et les craintes inutiles, Météo-France a organisé une conférence pour faire le point sur les étapes de travail des prévisionnistes et les canaux de communications.

"Les prévisions cycloniques ont une marge d'erreur de 300 kilomètres à 72 heures, de 200 kilomètres à 48 heures et de 125 kilomètres en moyenne à 24 heures", insiste Bernard Saulnier, l'adjoint au chef du centre prévision de Météo-France en Polynésie française. "Au-delà de 72 heures, c'est-à-dire 3 jours les prévisions sont très aléatoires." Pour autant les services de Météo-France surveillent spécifiquement les phénomènes cycloniques 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Il existe plusieurs étapes dans cette activité de surveillance. "D'abord nous analysons les phénomènes météorologique via l'imagerie satellite : est-ce vraiment un cyclone? Où naît-il? Qu'est-ce qu'il donne en termes de vent ? Ensuite, il y a l'étape de prévision : quelle peut-être la trajectoire, qu'elle est l'intensité? Quels sont les effets potentiels?", indique Bernard Saulnier.

Pour rappel, plusieurs conditions sont nécessaires à la formation d'une dépression tropicale pouvant évoluer en cyclone (voir encadré catégories). Il faut notamment une force capable d'entrainer un mouvement de rotation, il s'agit de la force de Coriolis (c'est pourquoi il n'y a pas de cyclone sur l'équateur et les cyclones ne peuvent pas passer d'un hémisphère à un autre), des vents relativement homogènes, une atmosphère instable et humide et surtout une température de la mer supérieure à 26,5 degrés Celsius sur une profondeur de 60 mètres. Lorsque tous ces éléments sont réunis, le risque de formation d'une dépression tropicale est très élevé. Les prévisionnistes sont en alerte. "Il faut compter une douzaine d'heure ensuite pour que la dépression naisse. Puis le cyclone se déplace et peut survivre jusqu'à une dizaine de jours". Pour les habitants c'est la trajectoire qui importe. Et la précision des prévisions de la trajectoire s'affine à mesure que le cyclone approche. Dans tous les cas, le déclenchement d'un plan Orsec est de la responsabilité du Haut-commissariat. Météo-France informe.

Les conséquences, sur terre, du passage d'un cyclone dépendent de la distance du phénomène. Les pluies (responsables d'inondations, de glissement de terrain,…) peuvent se ressentir jusqu'à 1 000 kilomètres. Non loin de l'œil, qui mesure entre vingt et cinquante kilomètres, et où le temps est calme, une marée de tempête est possible. C'est une marée "artificielle" provoquée par les effets conjugués du vent, de la houle cyclonique et d'une pression basse. Ailleurs, les vents sont à redouter ainsi que la houle cyclonique.

De sources fiables

L'une des principales sources fiables, en ce qui concerne la formation, l'évolution et la trajectoire des cyclones est le site Internet de Météo-France : www.meteo.pf. Qu'il y ait ou non un plan Orsec déclenché par le Haut-commissariat, des communiqués y sont déposés en haut à droite de l'écran de la page d'accueil. En cas de déclenchement d'un plan Orsec, les informations sont déposées dans l'encadré Alerte, toujours à droite de la page d'accueil.

En cas de panne du site Internet Météo-France ou pour varier les sources, "le seul organisme qui suit les cyclones dans la zone Pacifique et de façon manuelle est le centre de prévision des cyclones de la zone sud Pacifique, basé à Nadi aux Fidji", insiste Bernard Saulnier, l'adjoint au chef du centre prévision de Météo-France en Polynésie française. Pour ceux qui consultent des sites anglophones, attention aux traductions, parfois trompeuse. Chez les Anglo-Saxons le terme "tropical cyclone" correspond de façon générale à celui de dépression tropical en français.


Les catégories de dépressions tropicales

En France et dans un certain nombre de pays francophone, les termes suivants sont employés. Ils ne sont pas utilisés partout, mais les valeurs, elles, restent les mêmes d'un pays à l'autre.
En cas de vents moyens entre 50 et 61 km/h, c'est une "dépression tropicale faible".
En cas de vents moyens entre 62 et 87 km/h, c'est une "dépression modérée".
En cas de vents moyens entre 88 et 117 km/h, c'est une "dépression forte".
En cas de vents moyens entre 117 et 176 km/h, c'est un "cyclone tropical".
Au-delà de vents moyens de 177 km/h, c'est un "cyclone tropical intense".
Il est à noter que ces chiffres sont des moyennes calculées sur 10 minutes. Pour estimer les rafales maximales il faut compter 50%. Par exemple, si les vents moyens sont de 177 km/h, les rafales peuvent aller jusqu'à 265 km/h.
Le plus puissant des cyclones jamais enregistrés sur des terres habitées est à l'heure actuelle le super-typhon Haiyan. Il a dévasté les Philippines en 2013, faisant près de 10 000 morts.

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 29 Octobre 2015 à 16:36 | Lu 7261 fois