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Curage des rivières : "On dénonce le dénigrement fait à notre sujet"


Jean-Marc Bernière, secrétaire de la chambre syndicale des métiers du génie civil et des travaux publics et quelques-uns des entrepreneurs qui interviennent dans le curage des rivières en conférence de presse ce lundi matin dans les jardins de Paofai, à quelques centaines de mètres du sit-in des associations de défense des rivières.
Jean-Marc Bernière, secrétaire de la chambre syndicale des métiers du génie civil et des travaux publics et quelques-uns des entrepreneurs qui interviennent dans le curage des rivières en conférence de presse ce lundi matin dans les jardins de Paofai, à quelques centaines de mètres du sit-in des associations de défense des rivières.
PAPEETE, le 31 août 2015. Les entreprises qui effectuent des opérations de curage dans les rivières réalisent "une mission de service public pour le compte du Pays" dans le but de protéger les berges et les habitations en cas de crue. Pas question par conséquent de passer pour des "pilleurs". C'était le sens de leur message délivré en conférence de presse ce lundi en réponse à la manifestation des associations de protection des rivières, présentes sur le rond-point de Tahiti Nui à l'entrée Ouest de la ville.

Extractions, curage… Depuis quelques années tout le débat est là sur le territoire. Les extractions de matériaux dans les rivières ou sur le littoral sont interdites en Polynésie française. Mais, les curages effectués ponctuellement et sur des zones prédéfinies dans le domaine public fluvial sont régulièrement réalisés après qu'une autorisation a été délivrée par le ministère de l'Equipement. L'interrogation qui reste en suspens est celle que posent les associations de défense des rivières : ces "curages" ne répondent-ils qu'à des exigences de sécurité des biens et des personnes ? Ou au contraire à des besoins de matériaux de construction ? Depuis le début de l'année (et jusqu'au 20 août dernier), 66 autorisations "portant autorisation d'extraction de matériaux dans le cadre du curage du domaine public fluvial" ont été délivrées par le ministère de l'Equipement pour des extractions de quelques centaines à un millier de m3 en général d'agrégats.

C'est en tout cas derrière cet argument empreint de caractère officiel que les entrepreneurs se défendent : il s'agit d'une mission de service public, réalisée selon les exigences du ministère de l'Equipement dont le but est la protection des berges et des habitations. "S'il n'y avait pas de curage dans les rivières il y aurait des inondations" explique Jean-Marc Bernière, porte-parole de la Chambre syndicale des métiers du génie civil et des travaux publics. Et sans agrégats récupérés dans les rivières, il n'y aurait pas de constructions. "On répond à un besoin du public. Depuis le cyclone de 1983, la plupart des gens construisent en dur, nous répondons à la demande… Malheureusement on ne peut pas faire d'immeubles ou de collèges en bois. Il faut du béton" poursuit-il.

Fiu d'être accusés d'être des destructeurs de la nature généreuse de Tahiti, de piller les ressources du patrimoine naturel, ces entrepreneurs de travaux publics ont décidé de prendre la parole en public, directement. "Nous sommes de petites entreprises, avec entre 70 et 80 salariés en tout, nous contribuons au développement, nous payons des taxes, des charges, des impôts. Nous sommes là pour bâtir ce pays pas pour le détruire, ce n'est pas notre intérêt" poursuit Jean-Marc Bernière. Ce dernier reconnait toutefois que la réglementation est bien plus exigeante depuis "trois ou quatre ans" et admet qu'il a pu y avoir, par le passé, des "extractions sauvages". Mais tout ceci est bien terminé à présent : les contrôles du nombre de camions qui sortent d'un point de curage, du calibrage des matériaux emportés et même des méthodes de travail sont devenus la norme, affirme-t-il.

"Quand nous effectuons un curage nous effectuons une mission de service public que nous payons" explique encore Jean-Marc Bernière. Effectivement, pour chaque m3 prélevé, l'entreprise autorisée à effectuer ce curage doit payer au Pays une redevance de 400 Fcfp qu'elle répercute bien entendu ensuite sur le prix de vente de ces agrégats. Pour se laver des accusations portées contre la profession, la Chambre syndicale des métiers du génie civil et des travaux publics aurait bien aimé avoir le soutien du ministère de l'Equipement, son donneur d'ordre unique en la matière, "malheureusement, ils ne font rien"...

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Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 31 Août 2015 à 14:55 | Lu 1490 fois