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Crise sanitaire en Océanie : la Corée du Sud met à son tour la main à la poche


Crise sanitaire en Océanie : la Corée du Sud met à son tour la main à la poche
SUVA, vendredi 23 septembre 2011 (Flash d’Océanie) – Face à une désormais déclarée crise sanitaire en matière de maladies liées aux styles de vie, le gouvernement de la Corée du Sud a annoncé en milieu de semaine le déblocage d’une enveloppe de quelque trois cent mille dollars US censée alimenter des programmes régionaux de prévention et de lutte contre ces maladies dites « non-transmissibles » qui sont la cause du décès de trois personnes sur quatre dans cette partie du monde.
L’aide coréenne intervient dans le cadre d’un accord signé avec le secrétariat général du Forum des Îles du Pacifique (FIP, basé à Suva) et dont les maîtres d’œuvre seront notamment l’Université de Séoul (qui fournit des experts) et, à Fidji, l’école de médecine (Fiji School of Medicine, FSM), qui a pris ces dernières années une vocation régionale grâce à des développements réalisés sur fonds européens.
Toujours à Fidji, mais au plan national, le ministre de la santé Neil Sharma a lancé mercredi un avertissement aux fabricants de produits alimentaires, les exhortant à diminuer les taux de sucre et de sel dans leurs produits, ceci afin de réduire l’incidence de l’obésité.
M. Sharma a déploré que cet appel n’ait pas été entendu jusqu’ici.
« Ces sociétés, de toute évidence, ne veulent rien entendre. Alors nous les avons récemment informées que si elles persistent dans cette attitude, elles s’exposent à des amendes », a-t-il menacé.
Le message a été renforcé à New York en début de semaine, par le Contre-amiral Premier ministre Franck Bainimarama, qui a notamment participé à une session spécialement consacrée à ce sujet lors de la soixante-sixième Assemblée Générale de l’ONU.
Son message a aussi été appuyé par le chef du gouvernement d’un autre pays océanien durement touché par les maladies liées aux style de vie : le Premier ministre tongien Lord Tu’ivakano, qui a lui aussi estimé que les gouvernements, au plan national, devaient renforcer leur volonté politique de lutter contre ce fléau et que « ne rien faire n’est tout simplement pas envisageable ».

Du point de vue de l’ONU, cette semaine, cette séance spéciale consacrée aux maladies non-transmissibles a débouché sur une déclaration comportant des « promesses » de la part des États membres en matière de politiques de prévention.
« Cette déclaration politique a été adoptée lors d’une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles (MNT).
Elle souligne notamment la nécessité de réduire les facteurs de risque, à savoir le tabagisme, l’alimentation malsaine, le manque d’exercice physique et l’abus d’alcool, « en mettant en œuvre les stratégies et accords internationaux pertinents, ainsi que des mesures éducatives, législatives, réglementaires et fiscales (…)Les États souhaitent « promouvoir, établir ou soutenir et renforcer d’ici à 2013, selon qu’il conviendra, des politiques et des plans nationaux multisectoriels de prévention et de maîtrise des maladies non transmissibles », souligne un communiqué de l’ONU.
« Dans leur Déclaration, les États membres déplorent « avec une profonde préoccupation que, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 36 millions des 57 millions de décès enregistrés dans le monde en 2008 étaient dus à des maladies non transmissibles, principalement des maladies cardiovasculaires, des cancers, des maladies respiratoires chroniques et le diabète, près de 9 millions de ces décès étant survenus avant l’âge de 60 ans et près de 80 % dans des pays en développement », poursuit le texte.
Pour le Pacifique et l’Asie du Sud-est, en guise de suivi, les résolutions prises lors de la réunion de cette semaine à New York devraient faire l’objet d’une nouvelle réunion, d’ores et déjà prévue pour avoir lieu du 10 au 14 octobre 2011 à Manille (Philippines).

Maladies non-transmissibles : le « mal-vivre » du Pacifique

En Océanie, les maladies qualifiées de « non-transmissibles » sont responsables de soixante quinze pour cent des décès.
Au plan mondial, ce taux dépasse les soixante (63) pour cent.
Mais en Océanie, les responsables nationaux des systèmes de santé publique n’hésitent pas, depuis quelques mois, à évoquer un état de crise au regard de ces maladies pour la plupart liées aux changements des styles de vie et des comportements alimentaires. Ces causes de mortalité vont des maladies cardiovasculaires aux cancers (notamment du poumon) en passant par l’obésité, le diabète et, en corollaire, une sensible sédentarisation des populations océaniennes, au rythme d’une urbanisation soutenue et de l’influence grandissante de styles de vie occidentaux, promus par des vecteurs tels que la télévision ou Internet.
Outre l’impact strictement sanitaire, en Océanie, les gouvernements des pays et territoires concernés sont aussi de plus en plus inquiets de l’impact de ce fléau sur les capacités de production nationales et, plus en aval, de l’état des économies.
Lors de leur dernière réunion au sommet, à Auckland, du 6 au 9 septembre 2011, les dirigeants du Forum des Îles du Pacifique (FIP) avaient, certes, considéré que la « menace numéro un » pour la région était le phénomènes des changements climatiques, mais ils n’avaient pas oublié pour autant de rappeler les conséquences de ces maladies liées aux styles de vie sur les économies et sociétés océaniennes, où les taux d’incidences sont parmi les plus élevés au monde.
Dans la mouvance des inquiétudes du Forum, pour souligner à nouveau l’urgence, le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS, basé à Nouméa, Nouvelle-Calédonie) et l’antenne régionale de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) se fendaient une nouvelle fois d’un communiqué conjoint en forme de sonnette d’alarme.
Les deux organisations, qui collaborent étroitement sur ces dossiers de santé publique, ont ainsi synthétisé la situation en rappelant que les soixante quinze pour cent de décès causés par ces maladies pouvaient aussi être déclinés en un constant plus simple encore : les maladies liées aux styles de vie sont la cause de trois décès sur quatre en Océanie.
À Fidji, le gouvernement rappelait en fin de semaine dernière dans un communiqué que dans cet archipel, le taux d’incidence atteignait les 82 pour cent, selon les statistiques les plus récentes.
Dans le Pacifique, plusieurs États ou territoires se sont disputé, ces dernières années, la peu enviable tête du classement mondial de l’obésité.
Parmi ceux-là, on trouve régulièrement Tonga, Nauru, les îles Cook, Samoa, Palau, Niue Kiribati ou les États Fédérés de Micronésie.
Selon l’une des dernières enquêtes publiées dans ce domaine, et en matière d’indice de masse corporelle (http://www.globalpost.com/dispatch/health/101119/fat-top-10-obese), Nauru se trouve toujours en tête du classement (avec 95 pour cent de ses habitants ayant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25.
Viennent ensuite ex-æquo (IMC supérieur à 25 pour 92 pour cent de la population) les États Fédérés de Micronésie, les îles Cook et Tonga, puis, avec 84 pour cent, Niue, Samoa (83 pour cent), Palau (81 pour cent), les États-Unis (79 pour cent), Kiribati (77 pour cent) et, dans la Caraïbe, la Dominique (76 pour cent).
La proportion d’Australiens dont l’IMC dépasse 25 est de 71 pour cent.
Selon la définition de l’OMS, est considérée comme en surpoids une personne dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 25 et obèse pour une personne dont l’IMC est supérieur à 30.

Obésité et surpoids : des maladies typiquement océaniennes

Pour les États océaniens, cette épidémie est largement attribuée à des changements radicaux de style de vie (tendant à une occidentalisation en milieu urbain en particulier) ces dernières décennies, ainsi qu’une prédisposition réputée génétique.
Les principaux fautifs identifiés sont le changement du régime alimentaire pour favoriser des produits à haut taux de sucre et de graisse, ainsi qu’une sédentarisation partiellement causée par l’introduction de nouveautés comme la télévision.
Le Pacifique et ses États insulaires figurent en bonne place, dans le monde, en matière de record d’incidence d’obésité et de maladies cardio-vasculaires, a régulièrement rappelé ces dernières années l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour la région Pacifique Sud-ouest.
Selon l’OMS, ce fléau touche tout particulièrement la classe d’âge des 25-64 ans.
Depuis 2009, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS) ont mis en place une démarche conjointe en matière de lutte contre ces maladies, notamment en tenant des séminaires en partenariat.

pad

Rédigé par PAD le Vendredi 23 Septembre 2011 à 06:41 | Lu 1224 fois