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Covid-19: feu vert aux tests rapides pour des dépistages ciblés


París, France | AFP | vendredi 09/10/2020 - Le Covid-19 se propage-t-il dans telle université? Cet Ehpad abrite-t-il un foyer de contagion? Il sera bientôt possible de répondre sans délai à ces questions essentielles pour le contrôle de l'épidémie, après le feu vert donné aux tests rapides pour des opérations de dépistage ciblées.

La Haute autorité de santé (HAS) a rendu vendredi un avis "favorable" aux tests antigéniques de détection du nouveau coronavirus, toujours au fond de la narine, mais plus rapides que le test de référence RT-PCR, dans le cadre d'"actions de dépistage à large échelle au sein de populations ciblées", comme les universités ou le personnel des hébergements collectifs.

"Le but, c'est d'être capable de tester plus de personnes et plus vite", pour savoir "si on est face à un foyer d'infection", a expliqué Dominique Le Guludec, présidente de la HAS, lors d'une conférence de presse en ligne.

Les tests virologiques RT-PCR ont une "très bonne performance", mais "la situation épidémique" entraîne "une très forte demande" et "oblige à élargir l'arsenal" des tests, a-t-elle souligné.

Comme les tests RT-PCR, le prélèvement pour un test antigénique est fait dans les narines à l'aide d'un écouvillon (sorte de long coton-tige).

Mais contrairement à ces derniers, les tests antigéniques ne nécessitent pas d'analyse en laboratoire, car leur mécanisme est plus simple. Les premiers détectent le matériel génétique du coronavirus, alors que les seconds repèrent des protéines du virus.

Cela leur permet de donner un résultat en 10 à 30 minutes et d'être réalisés par un médecin généraliste, un infirmier ou un pharmacien.

La HAS a donné son feu vert malgré "l'absence de données disponibles" sur les performances de ces tests dans une telle utilisation, car elle estime qu'ils répondent à un "besoin non couvert".

Il faut en effet encore plusieurs jours dans certaines régions pour réaliser un test RT-PCR et en obtenir le résultat et les médecins biologistes ont souligné qu'utiliser ce type de tests pour des opérations de dépistage à grande échelle entraînait une saturation de leurs capacités d'analyse.

Peu de "faux positifs"

Les tests antigéniques sont déjà utilisés depuis lundi à titre expérimental en Ile-de-France, pour une campagne de dépistage auprès du personnel de 80 Ehpad.

L'avis favorable de la HAS ouvre la voie au remboursement et à une large utilisation de ce nouvel outil, lorsque le gouvernement aura publié l'arrêté l'autorisant. Ce devrait être "courant octobre", selon la HAS.

La base de données Sidep, où les laboratoires enregistrent tous les tests de dépistage du coronavirus, doit aussi être adaptée pour permettre aux autres professionnels de santé de rentrer les résultats.

Les autorités sanitaires doivent enfin fixer la liste des tests suffisamment performants pour être utilisés. La HAS a recommandé qu'ils présentent une sensibilité (capacité à détecter les sujets infectés) d'au moins 80% et une spécificité (capacité à ne pas identifier à tort des patients comme étant infectés) d'au moins 99%.

Il y a deux semaines, la HAS s'était déjà prononcée en faveur de l'utilisation de ces tests rapides chez les personnes présentant des symptômes du Covid-19, lorsqu'un test RT-PCR n'est pas disponible dans les 48 heures.

Vendredi, elle a précisé que, dans ce cas, le test devait être réalisé dans les quatre jours après l'apparition des symptômes, car au-delà, leur performance est moins bonne.

Par ailleurs, chez les personnes à risque de développer une forme grave de la maladie (personnes âgées, diabétiques, obèses, etc.), un test antigénique négatif devra être confirmé par un test RT-PCR, afin de "s'assurer qu'on ne passe pas à côté d'une infection".

En revanche, en cas de test positif, "ce n'est pas nécessaire" de réaliser en plus un test RT-PCR, ont assuré les dirigeants de la HAS, car les tests antigéniques donnent très peu de "faux positifs". Cela signifie que s'ils rendent un résultat positif, il est très probable que le patient soit effectivement porteur du nouveau coronavirus.

Enfin, la HAS ne recommande pas "à ce stade" l'utilisation des tests antigéniques pour des personnes asymptomatiques en dehors des opérations de dépistage ciblées, notamment pour les personnes ayant été en contact avec un cas confirmé, en raison de "l'absence de données cliniques disponibles".

Cette position "sera réévaluée rapidement" lorsque de telles données seront disponibles.

le Vendredi 9 Octobre 2020 à 06:49 | Lu 209 fois