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Covid-19: des semaines plus difficiles à l'horizon


París, France | AFP | vendredi 09/10/2020 - Surcharge attendue dans les hôpitaux d'Ile-de-France, menaces de mesures sanitaires plus drastiques et un virus qui continue de circuler activement, notamment chez les personnes âgées: les semaines à venir s'annoncent difficiles sur le front de la lutte contre l'épidémie de Covid-19.

Une "marée très forte", voilà à quoi il faut s'attendre dans les hôpitaux d'Ile-de-France, selon le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) Aurélien Rousseau qui a déclenché jeudi le "plan blanc renforcé", un dispositif qui permet de réorganiser les soins et de déprogrammer certaines activités.

Dans la région la plus peuplée de France (12 millions d'habitants), le taux d'occupation des lits en service de réanimation par des patients atteints de Covid-19 a dépassé cette semaine les 40% et va vers les 50% dans les 15 prochains jours.

Mais le passage ce week-end de Grenoble, Saint-Etienne, Lyon et Lille en zone d'alerte maximale montre que d'autres territoires flirtent avec le seuil critique de 30%.

Certes, la dynamique au niveau national n'est plus la même qu'au printemps, quand le nombre de patients Covid-19 accueillis en réa doublait tous les trois à quatre jours, jusqu'à atteindre 7.000, bien au-delà des capacités estimées à 5.000 lits en France. Mais il est tout de même passé de 700 à plus de 1.400 depuis la mi-septembre.

Le nombre de décès a atteint 893 la semaine dernière, contre 786 et 599 les deux semaines précédentes, pour un total qui atteint désormais plus de 32.000 morts depuis le début de l'épidémie.

"cocotte-minute"

Cette hausse n'est pas surprenante, selon Santé publique France (SPF), en raison de l'augmentation des cas "depuis mi-août 2020". Selon l'agence sanitaire, les hospitalisations interviennent généralement une à deux semaines après les premiers signes, lors de formes graves, et les décès surviennent avec un décalage de 3 à 4 semaines.

Du coup, "l'augmentation de la circulation du virus, en particulier chez les personnes les plus âgées, fait craindre la poursuite des hospitalisations et des décès dans les semaines à venir", s'inquiète SPF dans son dernier bulletin jeudi soir. Si la dynamique se poursuit, le nombre de nouveaux patients admis en réa par semaine "aura doublé dans 17 jours", ajoute Santé publique France.

Dans ce contexte, le gouvernement a opté pour l'instant pour des mesures territoriales, au fur et à mesure de l'évolution de l'épidémie. Désormais six villes, dont Paris et sa petite couronne, Aix-Marseille, Lyon, Lille et le département de la Guadeloupe sont en zone d'alerte maximale, synonyme de bars fermés et de restaurants qui doivent limiter leur accueil, de jauges dans les amphithéâtres d'universités et dans les centres commerciaux, de salles de sport fermées etc... Toulouse et Montpellier pourraient suivre d'ici à lundi.

Pour Catherine Hill, épidémiologiste à l'institut Gustave Roussy, il s'agit de "mesures à la marge". "Ça chauffe partout et dans les endroits ou ça chauffe le plus on essaie de faire baisser un peu le feu (...) Mais on commence à un endroit et ça chauffe à l'endroit d'à côté. Ça permet de réduire un peu les risques, mais ça reste à la marge", estime-t-elle auprès de l'AFP.

Le président du Conseil scientifique qui guide les choix du gouvernement, le Pr Jean-François Delfraissy, défend cette stratégie de la "cocotte-minute" sans exclure la possibilité d'un reconfinement local ou de couvre-feu en cas d'absolue nécessité.

Sur fond de reprise économique freinée par les nouvelles mesures sanitaires, le gouvernement exclut à ce stade de restreindre les déplacements lors des vacances de la Toussaint, mais le ministre de la Santé Olivier Véran a appelé les Français à "faire extrêmement attention", notamment lors des regroupements familiaux. Comme un retour en arrière, la "reine des classiques" cyclistes, Paris-Roubaix, déjà reportée du 12 avril au 25 octobre, a finalement été annulée.

Pour Catherine Hill, la France paie désormais surtout ses "erreurs dans la stratégie de dépistage".

"On se concentre sur les cas symptomatiques, alors que les porteurs asymptomatiques représentent probablement environ la moitié des cas (...) Aujourd'hui, trois cas détectés sur quatre ne sont pas cas contact d'un cas connu. Il faut dépister à beaucoup plus grande échelle", juge l'épidémiologiste.

La Haute autorité de santé (HAS) a donné vendredi son feu vert aux tests antigéniques, plus rapides, pour des opérations de dépistage ciblées.

le Vendredi 9 Octobre 2020 à 07:25 | Lu 389 fois