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Covid-19: aux Antilles, la lassitude face au retour des restrictions


Fort-de-France, France | AFP | jeudi 29/07/2021 - "On n'en voit pas le bout, on a l'impression que tous les deux mois on doit s'arrêter de travailler", soupire Patrice Fabre, président des hôtels Karibéa à Fort-de-France, traduisant la lassitude en Martinique et en Guadeloupe face aux nouvelles mesures de restrictions pour contenir la flambée de l'épidémie de Covid-19.

Le confinement annoncé mercredi, qui entrera en vigueur vendredi pour au moins trois semaines en Martinique, a déjà conduit de "nombreuses personnes" à annuler leur séjour. "Je les comprends", reprend l'hôtelier. "Personne n'a envie d'aller en vacances dans un endroit où tout est fermé", en référence aux restaurants et lieux sportifs qui devront baisser le rideau.

Même son de cloche chez Ophélie Bruno, 32 ans, mère de trois très jeunes enfants, qui prévoit de rendre visite à sa sœur en Guadeloupe: "Si on doit annuler, ce sera la seconde fois. Ce serait un gros coup dur de devoir tout annuler au dernier moment. Et puis il faut tout expliquer aux enfants... Au bout d'un moment, on manque de mots!", se désole-t-elle.

Elle anticipe déjà, pour ses vacances, un renforcement des mesures sanitaires en Guadeloupe, où la situation se dégrade également de façon importante et où des mesures de restrictions ont été reprises après plusieurs semaines de stabilité. Un couvre-feu à 21H00 a notamment été instauré à partir de vendredi.

"Pour l'instant, on reste ouvert, mais le service du soir est compromis", regrette de son côté Rudy Nainan, président de la Fédération des restaurateurs des îles de Guadeloupe. "Au vu de la situation épidémique c'était inévitable mais ce nouveau coup de frein, c'est un coup dur. Cela fait des mois que l'on doit s'adapter, on a l'impression de ne faire que ça", regrette-t-il.

A la tête d'un établissement renommé de Saint-François, il s'inquiète aussi de l'instauration du pass sanitaire, prévue le 9 août: "Le faire accepter aux salariés et à la population, c'est compliqué. Beaucoup de salariés ont annoncé leur refus de venir travailler en fonction des obligations qu'ils auront d'être ou non vaccinés", explique-t-il. "De plus les syndicats sont très actifs sur ces questions, cela crée des conflits durs."

"Confinement de façade"

Dans la population des deux îles, une forme d'incompréhension saisit les habitants. "Le confinement de Martinique ne change pas grand chose à ma vie quotidienne", explique Sarah, responsable de communication de 37 ans. "C'est un confinement de façade. Nous sommes en liberté conditionnelle".

Pour elle, "on n'a pas d'eau et d'électricité en Martinique et on va mettre un QR code pour le pass sanitaire, cela n'a pas vraiment de sens!".

Incompréhension partagée par le collectif d'une trentaine d'organisations en Guadeloupe qui conteste le pass sanitaire. Pour Eric Coriolan, chef de file du mouvement des Sentinelles, "il faut une plus grande transparence des chiffres qui sont donnés par les autorités. On ne dit pas que tout cela est faux, on dit qu'ils ne sont pas vérifiés".

Parmi ce collectif, la branche santé du syndicat UGTG va même jusqu'à contester les chiffres donnés par le CHU. "J'invite les journalistes à venir vérifier, répond Gérard Cotellon, directeur général du CHU, qui regrette la violence à son égard sur les réseaux sociaux.

Pour lui, la Guadeloupe se dirige vers la même situation que celle du CHU de Martinique. "Ils ont juste quinze jours d'avance sur nous", estime-t-il.

"Aujourd'hui, les lits de réanimation Covid sont pleins. Nous devons ouvrir une nouvelle unité. Lors des vagues précédentes, on s'organisait semaine après semaine. Là on change l'organisation chaque jour", appuie Marc Valette, chef du service de réanimation de l'hôpital, soulignant que "l'immense majorité" des patients en réanimation "ne sont pas vaccinés".

Le taux d'incidence du Covid-19 est passé de 280 cas à 995 pour 100.000 habitants, selon la préfecture en Martinique. Elle a relevé 3.537 cas positifs contre 2.241 la semaine dernière. En Guadeloupe, le nombre de cas confirmés du 19 au 25 juillet s'est élevé à 1.072, contre 281 la semaine précédente.

le Jeudi 29 Juillet 2021 à 12:38 | Lu 244 fois