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Covid-19: à Marseille, la colère après le tour de vis


Le président de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur a annoncé le dépôt vendredi d'un référé liberté en justice pour empêcher la fermeture des bars et restaurants.
Le président de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur a annoncé le dépôt vendredi d'un référé liberté en justice pour empêcher la fermeture des bars et restaurants.
Marseille, France | AFP | jeudi 24/09/2020 - Drapeau rouge pour la situation sanitaire contre drapeau noir pour la grogne qui monte: les fermetures imposées aux bars et restaurants pour lutter contre l'épidémie de Covid-19 provoquent la colère des professionnels et des élus, à commencer par ceux de Marseille où les mesures sont les plus strictes.

"Une nouvelle fois, notre territoire est montré du doigt", a protesté jeudi le premier adjoint à la mairie de Marseille Benoît Payan, en s'exprimant au nom de la maire, Michèle Rubirola, en convalescence après une opération. 

"Nous demandons au gouvernement 10 jours avant la mise en oeuvre de nouvelles mesures", a-t-il ajouté, dénonçant un "affront" après l'annonce "sans concertation" de "restrictions incroyables", les plus fortes depuis la fin du confinement le 11 mai.

La métropole d'Aix-Marseille et la Guadeloupe ont été classées mercredi en "zone d'alerte maximale", dernier niveau avant l'état d'urgence sanitaire, selon le nouveau classement des autorités.

Conséquence: bars et restaurants vont devoir fermer totalement à partir de samedi, de même que tous les "établissements recevant du public", sauf ceux qui ont un "protocole sanitaire strict", comme les théâtres, les musées ou les cinémas.

Ces décisions, "dont je mesure la portée pour les Marseillais, visent précisément à les protéger alors que tous les indicateurs sanitaires sont très dégradés", a assuré mercredi soir le ministre de la Santé, Olivier Véran, sur Twitter.

"Concerter ne veut pas dire forcément tomber d'accord, à un moment le principe de responsabilité doit primer", a-t-il développé jeudi matin lors de son audition par la commission d'enquête du Sénat sur la crise sanitaire.

"OM-PSG"

"Il va falloir arrêter de reproduire l'affrontement OM-PSG en permanence", a de son côté exhorté le Pr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon à Paris. Selon lui, ces "mesures de guerre" visent à éviter de se "retrouver à la situation de mars-avril".

Mais la grogne n'est pas limitée à Marseille. Les bars et restaurants devront fermer à 22H00 à partir de lundi dans les onze métropoles en "zone d'alerte renforcée", niveau juste en dessous de l'"alerte maximale": Paris, Lille, Toulouse, Saint-Etienne, Rennes, Rouen, Grenoble, Montpellier, Bordeaux, Lyon et Nice.

"C'est une décision inique de la part du gouvernement qui ne cherche qu'à tenter de cacher son incapacité à gérer la crise", a déclaré à l'AFP Franck Trouet, porte-parole du syndicat patronal GNI, qui représente les indépendants de l'hôtellerie et de la restauration.

"C'est contre-productif: en fermant nos établissements à 22H00 on pousse nos clients à faire la fête ailleurs: les plages et bords de fleuves tant qu'il fait beau, et demain les appartements privés", a-t-il jugé.

Par ailleurs, dans les villes en "alerte renforcée", la jauge des rassemblements est abaissée à 1.000 personnes (contre 5.000 auparavant). Cette mesure devrait concerner le tournoi de tennis de Roland Garros, qui débute dimanche. Les rassemblements de plus de 10 personnes dans l'espace public sont également interdits. 

"Bulle sociale"

Si la situation ne s'améliore pas, d'autres métropoles pourraient passer à ce niveau, a prévenu mercredi M. Véran, en citant "Tours, Strasbourg, Dijon et Clermont-Ferrand". Et "si la situation se dégrade encore", de nouvelles villes pourraient être mises en alerte maximale.

Dans la nouvelle définition du gouvernement, qui prône une gestion locale et des mesures adaptées à chaque endroit, les départements classés en rouge le sont selon trois niveaux: la zone d'alerte, où "le virus circule nettement", la zone d'alerte renforcée, où il "circule très fortement", et la zone d'alerte maximale, où "les conséquences sont déjà lourdes sur le système sanitaire".

Soixante-neuf départements sur 101 sont en zone d'alerte.

Selon le dernier bilan national, 13.072 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés en 24 heures. 783 malades du virus ont été nouvellement admis à l'hôpital entre mardi et mercredi, dont 130 en réanimation. 4.244 malades du Covid ont été hospitalisés sur les sept derniers jours, dont 675 en réanimation.

"C'est un tournant (...). La hantise c'est de revoir un débordement des hôpitaux, des réanimations comme on l'a vu en mars", a expliqué sur France Inter Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l'hôpital Saint-Louis (AP-HP).

Pour l'éviter, les autorités insistent sur les mesures barrières (masque, distances, lavage des mains) et la réduction des contacts avec d'autres gens, en créant une sorte de "bulle sociale", selon M. Véran.

Mais même ces recommandations provoquent la grogne chez certains. "Vivez à fond, tombez malades, allez aux restaurants", a plaidé jeudi sur Twitter le réalisateur Nicolas Bedos. Un appel qui lui a valu des messages de soutien comme des accusations d'irresponsabilité.

le Jeudi 24 Septembre 2020 à 06:06 | Lu 282 fois