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Coup de chaud sur les quais pour le Taporo VII


Tahiti, le 28 mars 2022 – L’important incendie qui s’est déclaré lundi matin dans les cales du Taporo VII n’a pu être maîtrisé qu’en début de soirée. Une journée de tension pour éviter que l’incendie ne provoque une déformation de la coque du navire sous l’effet de la chaleur et son renversement à quai.
 
Après l’épreuve de l’eau, l’épreuve du feu. Il aura fallu la journée de lundi pour circonscrire l’incendie qui s’est déclaré en début de matinée dans les cales du Taporo VII. Une journée de tension pour sauver ce qui pouvait encore l’être de ce caboteur de 44 ans. Mais surtout pour éviter que l’incendie ne provoque son renversement à quai, avec la déformation de sa coque sous l’effet de la chaleur.
 
Le départ de feu s’est produit lundi matin vers 8 heures dans les cales inondées du Taporo VII, à proximité de travaux de soudure sur un encadrement d’écoutille. Selon nos informations, des projections de soudures ont embrasé un mélange de débris plastiques et d’huile moteur qui surnageait en surface de la cale noyée du navire. Après avoir vainement tenté d’éteindre ce début d’incendie, les soudeurs du Chantier naval du Pacifique Sud ont dû s’extraire en urgence. L’incendie a très vite pris de l’ampleur en dégageant une épaisse fumée âcre et noire, caractéristique de la combustion de matières plastiques. "On a toujours des extincteurs en cas de problèmes sur les travaux", expliquait en milieu de matinée Stéphane Perez, le P-dg du chantier naval, visiblement sous le choc au regard de la tournure des événements. Il l’assure cependant que sur ce chantier, "toutes les mesures de sécurité avaient été prises". Les soudeurs de son entreprise intervenaient à la demande de l’armateur sur plusieurs surbaux dans les cales du Taporo VII, en prévision des opérations de renflouement du navire qui devaient démarrer dans les prochains jours. Une opération de renflouement qui était prévue pour s’étaler sur une dizaine de jours.
 
"Intervention très difficile"
 
La brigade de sapeurs-pompiers de Papeete est intervenue très rapidement, lundi matin. Vers 9 heures, les pompiers des brigades de Pirae et de Punaauia sont arrivés en renfort avec des militaires de service de la protection civile. Le quai des goélettes a été très rapidement fermé pour ne réserver son accès qu’aux équipes de secours. S’ils ne pouvaient intervenir directement sur la fournaise en cale, jusqu’en début d’après-midi, les pompiers ont dû se résoudre à éviter le pire : refroidir la coque et le pont du navire pour éviter qu’il ne se déforme avec un risque de déstabilisation et de chavirement sur bâbord. "C’est un incendie très difficile", expliquait le Capitaine Sergio Bordes, chef de corps des sapeurs-pompiers de Papeete. "Il règne une grande chaleur à l’intérieur de la cale. Impossible d’aller chercher les foyers dans le fond des cales inondées. Les cheminements sont complexes. Des combustibles sont toujours présents à bord : du bois de structure ; des flaques de gasoil et d’huile moteur en surface ; des câbles électriques."
 
En milieu de matinée, plusieurs bouteilles de gaz ont été identifiées surnageant en cale. La découverte a jeté un vent de panique. Face au risque d’explosion que ces éléments laissaient craindre, le périmètre de sécurité a été élargi. Le personnel de l’Huilerie de Tahiti a été évacué. Les hangars de l’usine sont en effet situés à proximité immédiate du quai où est immobilisé depuis maintenant 25 jours le Taporo VII. Des hangars chargés de 450 tonnes de coprah en sac, tandis que l’usine stocke 1 200 tonnes d’huile brute de coprah dans deux citernes sur site…
 
Perte totale
 
Ce n’est que vers 14 heures que l’intervention sur l’incendie à proprement parler a pu démarrer avec l’arrivée sur site d’un chargement de 13 mètres cubes d’émulseur anti-incendie en provenance de l’aéroport. Le mélange de neige carbonique n’a été injecté dans la coque du navire sinistré qu’à partir de 18 heures et pendant une partie de la nuit, pour étouffer l’incendie. Préalablement, dans l’après-midi, le port Autonome a autorisé le pompage de 600 mètres cubes pour alléger les cales du navire. Avant l’intervention des pompiers, les deux cales inondées du Taporo VII étaient noyées sous 4 000 m3. L’enjeu de ce délestage étant d’éviter que le navire ne soit déséquilibré par l’apport d’eau utilisé toute la journée par les secours pour refroidir sa coque. 
 
Reste qu’à la suite de son avarie du 3 mars dernier, survenue à quai alors que le caboteur achevait l’embarquement de son chargement pour les îles Sous-le-Vent, le Taporo VII était déjà dans un état assimilable à une situation de perte totale. L’incendie qui s’est produit lundi dans les cales du navire ne fait qu’aggraver un état général déjà extrêmement dégradé. Si les moteurs et les générateurs du caboteur étaient déjà complètement noyés sous des millions de litres d’eau, l’intégralité du câblage électrique en soute très endommagé, l’incendie qui a ravagé les cales du navire lundi a probablement scellé le sort du Taporo VII. Le navire doit toujours être renfloué, mais on l’imagine mal aujourd’hui reprendre un jour la mer.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 28 Mars 2022 à 20:14 | Lu 5109 fois