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Coronavirus: Les Outre-mer, moins touchés mais pourtant confinés


Paris, France | AFP | mercredi 18/03/2020 - Les Outre-mer sont moins touchés que la métropole par le coronavirus, mais sont astreints aux mêmes mesures de confinement que la métropole, en raison notamment d'un système sanitaire plus défaillant, qui pourrait avoir des conséquences encore plus dramatiques. 

Les cinq départements et régions d'Outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Mayotte), mais aussi Saint-Martin, Saint-Barthelémy et Saint-Pierre et Miquelon appliquent depuis mardi midi (heure de Paris) les mêmes mesures de limitation des déplacements que la métropole, avec les mêmes contraintes et sanctions possibles. Seuls la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie, et Wallis et Futuna, ne sont pas en confinement.
L'ensemble des Outre-mer vient de dépasser les plus de 75 cas, et compte une personne décédée, en Martinique. Les territoires les plus touchés sont la Guadeloupe (27), la Martinique (16), et la Guyane (11).  
"Les précédentes crises sanitaires ont prouvé que l'insularité ne protège pas des virus", explique le ministère des Outre-mer. "Ces mesures fortes et assumées nous permettront d'assurer une meilleure efficacité aux systèmes de santé des territoires et d'éviter au maximum leur saturation au moment critique. Le respect des consignes du président de la République est une question d'unité nationale".
D'autant que plusieurs de ces territoires sont déjà touchés par une épidémie de dengue (Antilles, La Réunion, Mayotte, Guyane). A La Réunion, plus de 1.200 cas de dengue ont été enregistrés depuis le début de l'année "avec un nombre de passages aux urgences et d’hospitalisations toujours en augmentation", souligne la préfecture. Et Mayotte est passé au stade 4 de l'épidémie de dengue avec 2.254 cas confirmés sur la même période.
"Si nous avons ici des cas de coronavirus dans la proportion de la métropole, nous serons dans une situation dramatique", a affirmé le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet, sur Mayotte La 1ere.
Le jeune département français de l'Océan indien ne compte pour l'instant que trois cas de coronavirus. Mais il est considéré comme un désert médical avec un seul hôpital, saturé, et 80 médecins pour 100.000 habitants, alors que la moyenne nationale se situe à 437, selon un récent rapport du CESE. 
Autre difficulté, beaucoup de ces territoires sont aussi des destinations touristiques et des lieux de passage, les exposant d'autant au virus. En pleine saison touristique, et alors que plusieurs navires de croisière ont accosté avec des passagers contaminés, le gouvernement a sonné la fin des croisières la semaine dernière. 
Pour tenter de limiter l'épidémie, les vols d'agréments vers ces destinations seront supprimés, et les autres voyageurs sont désormais soumis à une "quatorzaine" en arrivant sur place. 
 

- Voyants au rouge-

 
Car en Martinique, "les voyants sont au rouge et notre système hospitalier déjà en difficulté risque d'être débordé", a déploré le syndicat des médecins de Martinique dans un communiqué.
En Guadeloupe, le nombre de malades du coronavirus  va "exploser", estiment plusieurs sources sanitaires, alors que le système hospitalier reste en difficulté, deux ans et demi après l'incendie du CHU de Pointe-à-Pitre.  
"Notre épidémie se déclenche après celle de l'Hexagone et de l'Italie, nous avons donc un tout petit peu plus de recul sur la gestion de la crise", estime le professeur Michel Carles, chef de service de réanimation et responsable du pôle soin critique du CHU. 
La Guadeloupe pourrait atteindre bientôt son stade épidémique (38 cas environ), a indiqué la préfecture de Guadeloupe. "En comptant la réanimation, la surveillance continue et les soins intensifs, on monte à de 70 lits disponibles", indique Valérie Denux, directrice générale de l'ARS de Guadeloupe. "Mais il faut rester lucide : si la crise est forte, nous auront des difficultés".      
Et dans certains territoires, comme la Guyane ou Mayotte, subsistent des squats et bidonvilles, où la distanciation sociale" est moins aisée, ce qui peut entraîner un risque de propagation accélérée du virus. 
"En Guyane grâce au confinement on a 15 jours d'avance sur la maladie, donc ça nous permettra, j'espère, de ne pas arriver à la même situation que dans le Grand Est, car l'offre de soins à ses limites en Guyane", veut croire une professionnelle du secteur hospitalier, sous couvert d'anonymat. 

le Mercredi 18 Mars 2020 à 06:26 | Lu 524 fois