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Concertation sur le cancer à la direction de la santé


Charles Tetaria
Charles Tetaria
Sur la demande du Président Oscar TEMARU, le ministre de la santé et de la solidarité Charles TETARIA a convoqué le 30 novembre 2011 à 10h00 dans la salle du Fare Potee de la Présidence une réunion de concertation avec les médecins spécialistes du public et du privé concernés par le Cancer. Assistaient également à cette réunion le Vice-Président Tony GEROS ainsi que deux représentants de la Caisse de prévoyance sociale.

Cette rencontre a été l'occasion de dresser un état des lieux de la prévention, du dépistage et de la prise en charge des cancers en Polynésie française. Au cours de la discussion, il est apparu nécessaire d'étendre l'indispensable partenariat public-privé à un véritable plan d'action contre le Cancer. Le Président Oscar TEMARU a donc demandé au ministre de la santé Charles TETARIA et aux acteurs de la santé de prolonger cette réflexion et de proposer prochainement au gouvernement un Plan Cancer pour la Polynésie française.
Le cancer est aujourd'hui un drame humain qui touche de plus en plus de polynésiens. C'est désormais la deuxième cause de mortalité en Polynésie française. 600 nouveaux cas sont diagnostiqués tous les ans. Sa prise en charge s'est beaucoup améliorée ces dernières années, en particulier grâce à l'ouverture d'un service d'oncologie en 2007 puis d'un service de radiothérapie en 2011 dans le nouvel hôpital du Ta'aone. Ces traitements, réalisés à Tahiti, évitent un nombre conséquent d'évacuations sanitaires extrêmement coûteuses sur le plan humain comme sur le plan financier.

Le cancer reste néanmoins un grave fléau contre lequel notre action ne peut être que collective. Il s'agit d'abord de prévention en poursuivant les programmes de lutte contre l'alcoolisme, de lutte contre le tabagisme et de dépistage systématique des cancers du sein et du col de l'utérus. Il s'agit ensuite de prendre en charge les personnes atteintes de cancer dans les meilleures conditions possibles, à l'hôpital du Ta'aone, dans les structures de la santé publique ou encore dans les autres structures de soins privées.
Le cancer touchait environ 4.000 polynésiens en 2011 et représentait un coût de 2,5 milliards de Fcp pour la CPS.

Synthèse générale

La Polynésie enregistre chaque année environ 600 nouveaux cas de cancers dont les principaux sont les cancers du sein, de la prostate, du poumon, les cancers digestifs et les hémopathies. Le cancer est la deuxième cause de mortalité dans le Pays.

L’enjeu autour de la prévention et de la prise en charge des cancers tel que défini dans les premiers schémas d’organisation sanitaire de Polynésie 2003-2007, est de :
 Réduire la mortalité et la morbidité,
 Généraliser le dépistage gratuit des cancers gynécologiques afin de diminuer la mortalité et la morbidité des cancers du sein et du col de l’utérus, et l’incidence du cancer du col de l’utérus,
 Améliorer l’organisation des soins en cancérologie,
 Evaluer le dispositif de prise en charge,
 Contribuer à la surveillance sanitaire.

La présence d’un registre permet de suivre les tendances observées. L’augmentation des cas de cancers a été continue autour de 18 % entre 2001-2010. Concernant la réduction de la mortalité et morbidité, les données actuelles sont insuffisantes pour conclure sur les tendances observées (données de mortalité non exploitées, études de survie non réalisées, …).
Dans les années quatre-vingt, les premières campagnes de prévention sur les comportements à risques (tabac, alcool...) ont été initiées. La vaccination contre l’hépatite B a été financée { partir de 1992.

En novembre 2003, le premier programme de dépistage des cancers gynécologiques est instauré en Polynésie pour diminuer la mortalité par cancer du sein chez les femmes de plus de 50 ans et diminuer l’incidence et la mortalité liées au cancer du col de l’utérus chez les femmes de 20 ans et plus. Ce dernier est étendu { toutes les femmes de Polynésie à partir de 2005 grâce à des tournées médicales dans les îles éloignées. Ce programme a été piloté par une équipe de la Direction de la Santé, la structure de gestion qui a comporté jusqu’{ une dizaine d’agents pour la mise en oeuvre et le suivi ; les résultats de la campagne 2005-2007 sont : 41.469 FCU réalisés dont 819 positifs (taux de participation 38%), 5521 mammographies dont 356 positives (taux de participation 31%), réalisation des contrôles qualité externe des appareils radiologiques, formation des radiologues et manipulateurs radio. Fin 2011, il a été suspendu faute de moyens humains et financiers.

Concernant la prise en charge médicale des patients de Polynésie atteints de cancers, elle a été effectuée par les établissements de santé du Pays avec l’appui de l’institut Gustave Roussy (IGR) de Villejuif, désigné en 1998 comme le référent en cancérologie de PF. Une convention précisait que les patients porteurs de maladies cancéreuses étaient du ressort de l’IGR (mais non exclusif) si la prise en charge ne pouvait se faire sur le territoire, via un dispositif d’évacuations sanitaires.

Depuis 2004, l’organisation des soins en cancérologie s’est structurée localement sur l’hôpital de Mama’o, un service d’oncologie a été créé en 2007. L’ouverture du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPf) a permis la mise en place :
 d’une unité de chimiothérapie et de l’hôpital de jour en 2010;
 du service de radiothérapie, en 2011;
 et au cours du 1er semestre 2012, de l’unité d’hospitalisation d’oncologie qui a été installée à nouveau en regroupant les lits d’hématologie et les lits dédiés à l’oncologie.

Si la création d’un nouvel établissement de santé a permis de moderniser et développer les plateaux techniques en cancérologie, les dépenses liées à cette discipline, en particulier aux chimiothérapies avec les molécules innovantes, sont exponentielles. Certaines thérapeutiques ou équipements ne sont pas accessibles sur le Pays, elles relèvent du domaine de l’hyperspécialisation. Pour des raisons de masse critique et d’efficience, elles ne pourront probablement pas être développées sur place mais restent accessibles via le dispositif des évacuations sanitaires.

Les volontés ministérielles et les budgets consacrés à la lutte contre le cancer ont permis de développer la surveillance avec le registre, le dépistage des cancers gynécologiques et l’offre de soins en cancérologie. Le contexte actuel de récession économique a néanmoins conduit à réduire les moyens humains et financiers accordés au registre, aux programmes de dépistage et de prévention primaire (campagnes d’information sur les comportements { risque, accès { la vaccination HPV...).

Un Plan Cancer apparaît aujourd’hui indispensable pour définir les stratégies de prévention et de prise en charge, optimiser les moyens et réduire les inégalités d’accès { la prévention et aux soins dans le contexte géographique et social du Pays.

Rédigé par communiqué de la direction de la santé le Mercredi 5 Décembre 2012 à 04:21 | Lu 833 fois