Tahiti Infos

Comment Météo France réalise ses prévisions


Du côté de Météo France, on met en garde contre les sites de prévision qui utilisent des modèles "trop lointains". "Plus on s'éloigne dans le temps, plus les erreurs sont nombreuses. (Photo d'archives)
Du côté de Météo France, on met en garde contre les sites de prévision qui utilisent des modèles "trop lointains". "Plus on s'éloigne dans le temps, plus les erreurs sont nombreuses. (Photo d'archives)
PAPEETE, le 7 janvier 2016. De plus en plus de sites internet proposent des données météorologiques brutes sans explications d'experts. Les prévisionnistes de Météo France ont expliqué ce jeudi comment ils travaillaient pour prévoir la pluie et le beau temps… Des explications qui permettent d'y voir plus clair.

Quand une prévision devient-elle fiable ?
Depuis mardi, des sites internet annoncent un risque de cyclone d'ici sept à dix jours au fenua. Pour Météo France, cette prévision est trop lointaine pour être fiable. "La prévision du temps obéit à une règle simple : plus l'échéance visée est lointaine, plus elle est incertaine et donc moins elle peut être détaillée", explique Météo France. "Entre 5 à 15 jours à l'avance, on peut seulement prévoir un type de circulation atmosphérique, s'il y aura un anticyclone ou une zone de convergence du Pacifique Sud. Entre un à cinq jours d'avance, on peut prévoir l'arrivée d'un épisode de fortes pluies, peut-être une tempête tropicale et un cyclone. Quelques heures à l'avance, on peut prévoir l'arrivée d'un orage ou de rafales de vent à l'échelle d'un quart de l'île de Tahiti. "

Quelles données de travail ?
"On se trouve en zone tropicale et équatoriale où le réseau d'observation est beaucoup moins dense qu'en zone tempérée", regrettent les prévisionnistes de Météo France. "Le Pacifique Sud est relativement pauvre en données d'observations pour qu'un modèle numérique de prévision soit performant, il doit pouvoir s'appuyer sur une analyse des conditions initiales la meilleure possible. Car les erreurs dans les conditions initiales iront en s'amplifiant lors de la prévision et celle-ci divergera de la réalité. Et plus les échéances s'éloignent dans le temps et plus les erreurs vont se cumuler et s'amplifier."

Comment fonctionnent les modèles ?
Il existe deux types de modèles numériques pour réaliser les prévisions. Les modèles déterministes comme ECWMF (Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme), Arpege (Action de recherche petite échelle grande échelle) et GFS (Global Forecast System, modèle de prévision du service météorologique des États-Unis).
"A partir d'un état initial de l'atmosphère, le modèle déterministe réalise une simulation de l'évolution de l'atmosphère considérée comme un fluide répondant aux lois de la mécanique des fluides et de la thermodynamique", décrypte Météo France. "Les échéances successives sont calculées pour de nombreux paramètres. Moins l'état initial est bien pris en compte et plus le modèle va diverger au fur et à mesure des échéances."
Les modèles probabilistes font eux plus des prévisions d'ensemble. "Ils partent du principe que les conditions initiales sont toujours mal prises en compte, on va faire 'tourner" le modèle plusieurs fois (50) avec des conditions initiales légèrement différentes à chaque 'run'", analyse Météo France. "On dispose alors d'une prévision probabiliste puisqu'il y aura 50 scénarios proposés. Ce qui offre une marge d'erreur statistique sur la prévision et une assez bonne idée de la stabilité du modèle pour une situation donnée. L'inconvénient est que cette technique est utile pour fournir des tendances mais ne permet pas de détecter des phénomènes de type cyclone."

Ces modèles sont-ils fiables ?
"Les modèles ECMWF et GFS sont des modèles de bonne qualité et internationalement reconnus. Ils sont réactualisés quatre fois par jour", met en avant Météo France. "Cependant, on peut noter des différences parfois importantes d'un run à l'autre qui montre qu'au-delà de cinq jours d'échéance en particulier les modèles deviennent instables et divergent. Il faut donc les analyser avec précaution.
A Météo-France Polynésie, le modèle ECMWF est utilisé en routine pour des prévisions à cinq jours."









Quels sont les risques pour la semaine prochaine ?

Beaucoup d'internautes ont lu sur le site Infos-cylones.com qu'une "rotation des vents semble s'organiser autour d'un centre de basse pression à l'ouest de Bora Bora depuis quelques jours. Cette situation augmente le risque de formation cyclonique à proximité des îles de Polynésie française. Le phénomène est sous surveillance". Les experts de Météo France indiquent que les prévisions actuelles permettent seulement de conclure à "l'existence très probable d'un vaste couloir dépressionnaire dans lequel peut se creuser une dépression. Les conditions sont globalement favorables à une activité cyclonique sur la Polynésie mais il y a une grande incertitude encore sur son démarrage et sa pérennisation puisqu'on est à une semaine d'échéance. Il faut attendre encore pour envisager sérieusement le risque". "Pour mémoire, l'alerte cyclonique du haut-commissariat commence à 72 heures", rappelle Météo France.

Les prévisions

Comment Météo France réalise ses prévisions
Voici les dernières prévisions de Météo France pour l'archipel de La Société :
Tahiti et Moorea :

Un temps maussade se maintient ces deux prochains jours. Par rapport à la relative accalmie de ce jeudi, c'est même un regain d'activité qui se dessine pour vendredi avec de fortes averses et des grains parfois orageux. Le risque de forts cumuls de précipitations est particulièrement important sur les versants Nord du relief.

Îles sous-le-Vent :
L'ensemble de l'archipel est concerné par un temps maussade qui va perdurer sur les prochains jours. En revanche, seule la région de Mopelia est actuellement intéressée par d'importants foyers orageux.
Persistance d'un temps très nuageux à couvert avec averses et grains parfois orageux pour ces deux prochains jours. Les précipitations peuvent être localement fortes, en particulier aujourd'hui et demain vendredi.



Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 7 Janvier 2016 à 16:34 | Lu 1540 fois