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Colère et consternation autour du projet de voyage à Hawaii de 36 enseignants


Colère et consternation autour du projet de voyage à Hawaii de 36 enseignants
Tahiti, le 19 mars 2020 - Une trentaine d’enseignants, mis en vacances forcées comme leurs confrères par la fermeture des établissements scolaires, a prévu de partir demain à Hawaii pour des vacances alors que le Pays est en pleine crise coronavirus. Ça pourrait passer pour une blague, mais c’est la triste réalité. La compagnie Hawaiian Airlines a fort opportunément décidé de suspendre l’acheminement de touristes dans l’archipel américain pour empêcher la propagation du virus et de la bêtise humaine.
 
Les confinés, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. Michel Audiard, qui est mort d’un cancer en 1985 et a ainsi échappé à la pandémie de coronavirus, nous pardonnera cet emprunt. A l’heure où la Polynésie ferme ses écoutilles et se serre les coudes (ce qui n’est pas évident à un mètre de distance), une joyeuse bande de 36 professeurs a imaginé un moyen original de mettre à profit cette période de confinement vitale : un voyage à Hawaii.

Le gouvernement a pris la décision de fermer les établissements scolaires mercredi après-midi afin d’éviter la propagation du coronavirus au fenua. Dans le même temps, il interdit de territoire tous les non-résidents et demande à tout un chacun de limiter ses déplacements au strict nécessaire. Pour faire face à toutes ces pénibles contraintes liberticides, ces enseignants plus malins que les autres se sont précipité sur des billets d’avion pour Honolulu. Fallait y penser. Hawaii, donc, où des cas de coronavirus ont aussi été détectés. Mais bon, au point où on en est…

Mais que pense le gouvernement de cette initiative pleine de bon sens, en cette période où, tout le monde le sait, il n’a pas grand-chose à gérer. Ils oscillent entre la consternation et la colère. Alors qu’a été mis en place un confinement partiel (qui pourrait rapidement virer au strict), l’initiative de ces fonctionnaires qui profitent de l’occasion pour prendre du bon temps et surtout voyager n’amuse personne. Et sûrement pas le président Fritch qui a pris connaissance de cette fantaisie mercredi alors qu’il rencontrait les partenaires sociaux pour tenter de sauver l’économie en grand danger du fenua. Sa première réaction, quelque peu agacée, a été la suivante : “On devrait être solidaire et il y en a qui pensent à se barrer”. D’aucuns auraient été moins polis.  
Le président a donc demandé au haut-commissaire de prendre des dispositions pour empêcher ces brillants garants de l’éducation des jeunes de quitter le fenua. Contacté, le haussariat n’a pas souhaité réagir, faisant savoir que “il y a des moments dédiés pour les interviews, nous sommes en plein dans la gestion de crise”.
Le Pays confirme néanmoins l’information et assure que des mesures vont être prises pour “interdire” à ces enseignants de prendre l’avion demain. Une interdiction qui sera suivie de “sanctions”. “Nous sommes en pleine crise et ce n’est pas le moment d’aller faire du tourisme. Et en plus nous sommes en crise économique, donc il faut aider notre économie locale”, s’agace-t-on au gouvernement. Un mail interne circule même dans l'administration du Pays pour dénoncer cette situation appeler au signalement de cas similaires, indiquaient jeudi en milieu de journée nos confrères de Polynésie la 1ère sur leur site internet.

Du côté du syndicat de l’Unsa éducation, Diana Yien-Kow, confirme avoir eu cette information et explique : “je ne sais pas qui c’est, mais je suis fâchée car c’est vraiment irresponsable. On se dit que ces enseignants doivent passer en conseil de discipline. Ils ne sont que 36 à partir et c’est toute la corporation de l’enseignement qui sera incriminée”. Diana Yien-Kow appelle tous ces enseignants à revenir à la raison et à reporter leur départ.
Elle peut être rassurée, tout comme le gouvernement et le haussariat. La compagnie Hawaiian Airlines a indiqué hier qu’elle suspendait sa liaison hebdomadaire Honolulu Papeete à partir du 28 mars, ajoutant que le vol de samedi, s’il est maintenu, n’embarquera aucun passager non résident à Hawaii. Ainsi, chacun garde ses cas de covid-19 et ses co… vide de bon sens.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Pierre Daumont le Jeudi 19 Mars 2020 à 14:29 | Lu 35270 fois