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Coeur artificiel: Carmat entend poursuivre l'aventure


PARIS, 17 mars 2014 (AFP) - L'hypothèse d'un problème de fonctionnement du coeur artificiel Carmat pour expliquer le décès du premier patient implanté ne sonne pas la fin de l'aventure, a assuré lundi le fabricant qui anticipe un deuxième essai dans les semaines à venir.

L'entreprise française de biotechnologie Carmat a "confirmé" dans un communiqué "la poursuite de l'analyse des données issues de la première prothèse implantée" qui, d'après son concepteur le Pr Alain Carpentier et la famille du malade, a "brusquement" cessé de fonctionner le 2 mars, jour du décès.

Dans une interview, publiée dans Le Journal du dimanche, le Pr Carpentier a évoqué un problème électrique ou bien électronique.

"Le coeur s'est arrêté brusquement. Il y a eu un court-circuit. Cela a entraîné un arrêt cardiaque (...) Nous cherchons à comprendre d'où vient ce problème électronique et pourquoi", a déclaré ce cardiologue âgé de 80 ans.

Dans un témoignage recueilli par le même Journal du dimanche, le fils de Claude Dany, un patient de 76 ans souffrant d'une grave insuffisance cardiaque, explique avoir assisté à l'Hôpital européen Georges-Pompidou à l'arrêt de la machine dans la chambre de son père.

"Et d'un coup, j'ai vu ses yeux partir, son bras se lever en arrière. Un infirmier était là, on a regardé la machine. J'ai vu qu'elle s'était arrêtée", témoigne-t-il.

Carmat a insisté lundi sur le fait qu'il était encore trop tôt pour tirer des conclusions et que l'analyse de milliers de données "complexes" restait "en cours".

"L'analyse détaillée est en cours, mais il n'y a pas encore d'explication unique aujourd'hui, seulement des hypothèses qui seront ou non confirmées dans les prochaines semaines, par des experts internes et externes" selon la société.

Cofondateur de Carmat avec le Pr Carpentier, Philippe Pouletty a renchéri sur la radio Europe 1: "Aujourd'hui, nous ne savons pas quelle est la cause, j'insiste là-dessus : les dizaines d'ingénieurs de Carmat extrêmement compétents, et leurs sous-traitants et les cliniciens font une analyse approfondie (...), avant de passer à la prochaine implantation des malades qui sont en recrutement".

Sept millions de battements

Parler de court-circuit "ne veut strictement rien dire en la matière : ce n'est pas un train électrique, pas un fer à repasser" a-t-il souligné.

"S'il y a des corrections mineures à faire, elles seront faites pour comprendre le problème mais j'insiste : cette grande première mondiale est un succès", a encore assuré M. Pouletty, ajoutant que ce premier coeur Carmat avait battu durant les 75 jours de survie de ce patient condamné par sa maladie, "sept millions de fois" et "pompé 600.000 litres de sang".

Carmat rappelle aussi que le critère de succès qui avait été retenu pour ces premiers essais était la "survie à 30 jours" des patients et "du point de vue de la société, la première implantation (...) est probante avec 74 jours de survie".

La première phase d'essais cliniques dit "de faisabilité" prévoit d'implanter un total de quatre patients (dont le premier était Claude Dany). Une deuxième implantation pourrait se faire "dans les prochaines semaines", a avancé lundi M. Pouletty.

"C'est la conjonction de la disponibilité d'un malade qui répond aux critères et de la fin de l'analyse" des données du premier coeur, selon le responsable.

Le coeur Carmat se présente comme le premier "coeur artificiel implantable, total, biologique et définitif". Contrairement à des prédécesseurs, il n'est pas destiné à faire patienter un malade avant une greffe cardiaque et est recouvert à l'intérieur de "biomatériaux" tiré de tissus animaux.

Cette dernière caractéristique est essentielle pour éviter que le sang (comme il le fait sur des surfaces non biologique) ne forme des caillots.

Le Pr Carpentier a d'ailleurs souligné dimanche que l'autopsie du patient et la vérification du coeur artificiel avaient montré qu'il "n'y avait pas le moindre caillot".

Rédigé par () le Lundi 17 Mars 2014 à 06:19 | Lu 157 fois