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Climat: Fabius appelle à chercher "dès maintenant" les compromis


Paris, France | AFP | lundi 20/07/2015 - Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a ouvert lundi à Paris deux jours de réunion ministérielle informelle sur le changement climatique, en appelant les politiques à "chercher dès maintenant les compromis" nécessaires en vue d'un accord mondial pour juguler le réchauffement.

"Ces 2 jours, nous allons essayé d'accélérer la marche vers l'accord", a-t-il dit à l'adresse des responsables d'une quarantaine de pays, ministres et chefs de délégations, représentant l'ensemble des coalitions régionales parties à la négociation.

"Car nos négociateurs techniques butent encore sur une série de grandes questions politiques", a-t-il souligné. "Il nous faut, nous ministres, chercher dès maintenant les compromis sur les grandes questions politiques qui se posent, et c'est sur cette base que nos négociateurs vont pouvoir avancer".

"Si on veut que l'accord soit présenté et adopté en temps utile, tout ça doit être préparé", a insisté le futur président de la conférence de Paris, censée aboutir en décembre à un accord universel sous l'égide de l'ONU: "L'idée qu'on pourrait trouver un compromis ambitieux de dernière minute, c'est une illusion et une leçon que nous avons tous tirée de Copenhague".

Cette réunion sera consacrée à deux enjeux de poids dans la négociation: la répartition de l'effort entre pays développés et en développement, et le niveau d'ambition du futur accord. Deux questions "sur lesquelles il faut que nous avancions", a dit M. Fabius.

Alors qu'il reste dix jours de négociations formelles avant Paris, d'autres rencontres informelles sont prévues.

L'une, les 6 et 7 septembre à Paris (au niveau des négociateurs le 1er jour, puis des ministres), sera consacrée aux financements des politiques climat, "clé d'un accord juste et efficace" selon le chef de la diplomatie française.

La question financière reviendra à Lima en octobre en marge d'une assemblée FMI-Banque mondiale. Une "pré-COP" aura lieu début novembre, à Paris probablement.

Le ministre a relevé des avancées, notamment sur l'idée d'un accord "durable et dynamique", ou "l'idée que les pays développés doivent absolument tenir leur engagement de mobiliser 100 mds USD par an" en faveur du sud.

cho/fmi/bir

Climat: les grandes questions sur la table des négociations

Plusieurs questions majeures restent à trancher si le monde veut trouver, en décembre à Paris, un accord pour limiter le réchauffement planétaire.

Niveau d'ambition, partage de l'effort, forme juridique... voici un rappel des points encore "irrésolus", selon le terme employé dans un document de travail interne préparé par la France pour les réunions informelles de lundi et mardi dans la capitale française.


- La responsabilité "différenciée" -

Autrement dit le partage des efforts entre pays développés, émetteurs historiques des gaz à effet de serre (GES) source du réchauffement, et pays en développement et émergents.

De cette controverse de fond dans les négociations climatiques découleront les choix faits en matière d'obligations, de mécanisme de transparence et de révision des objectifs nationaux, ou encore la part que certains pays en développement pourraient prendre pour soutenir financièrement les autres pays du sud.


- Les objectifs de long terme -

Il est entendu que l'accord de Paris "devrait réaffirmer l'objectif de long terme des accords précédents", notamment le maintien du réchauffement sous 2°, voire 1,5°, note le document français. Mais la traduction concrète de cet objectif reste en débat.

La question de la durée de l'accord, de son actualisation dans le temps et des modes de réévaluation des engagements nationaux sont aussi sur la table.


- Les moyens -

Les pays en développement réclament que soit précisée la façon dont les pays industrialisés comptent arriver à verser les 100 milliards de dollars par an promis d'ici 2020, afin de financer notamment leur basculement vers des énergies propres.

En outre, quels objectifs collectifs et individuels se fixer pour l'après-2020, année d'entrée en vigueur de l'accord? Et comment renforcer les mécanismes de transfert de technologies?


- L'adaptation au changement climatique -

"Il est désormais admis que l'accord de Paris devrait donner une importance politique égale à l'atténuation (du changement climatique) et à l'adaptation" au réchauffement, qui a jusqu'ici bénéficié d'un moindre soutien financier, souligne le document français.

Comment dès lors intensifier les financements pour l'adaptation, comment encourager les parties à prévoir des plans d'adaptation?

Les pays devront aussi se pencher sur la question sensible des "pertes et dommages" liés aux impacts inévitables du changement climatique, qui sont réclamés par les Etats les plus vulnérables comme les petites îles, menacées de submersion.


- Les actions de coopération -

Comment renforcer l'ambition en matière de réduction des GES pour la période pré-2020, dont les scientifiques répètent qu'elle sera cruciale si l'on veut rester sous 2°?

Comment renforcer l'action après 2020, via notamment des plateformes de coopération, avec la possible participation d'acteurs non-étatiques (villes, etc)?


- La forme juridique de l'accord -

Les pays se sont mis d'accord en 2011 à Durban pour aboutir en 2015 à "un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale", ce qui laisse les options ouvertes.

Peu de discussions ont eu lieu depuis et plusieurs questions restent en suspens. Notamment, les engagements nationaux de réduction des GES feront-ils partie de l'accord (engageant ainsi les Etats), ou en seront-ils séparés? Quel sera le statut des règles de transparence? etc.

Rédigé par () le Lundi 20 Juillet 2015 à 05:39 | Lu 85 fois