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"Circulation active" du Covid-19 à Raiatea et Bora Bora


L'hôpital de Raiatea.
L'hôpital de Raiatea.
Tahiti, le 16 décembre 2020 – Les derniers indicateurs épidémiologiques présentés mercredi par la plateforme Covid-19 du Pays montrent désormais une "circulation active" du virus à Raiatea et Bora Bora. Les autorités sanitaires appellent la population à la vigilance sur place et des restrictions sanitaires ne sont pas exclues.
 
La diminution générale de la propagation de l'épidémie de coronavirus se vérifie sur l'ensemble de la Polynésie française, ont confirmé mercredi les membres de la plateforme Covid-19 du Pays au cours d'un nouveau point presse. Le nombre de 562 nouveaux cas en une semaine est en baisse, le taux de positivité de 21% reste constant et le taux d'incidence de 204 pour 100 000 habitants diminue lui aussi après avoir atteint les 800 pour 100 000 habitants. En revanche, la situation reste tendue au niveau des hospitalisations. Le taux d'occupation des lits en réanimation est constant à 61%. La faute à une "accumulation de cas graves qui ont tardé à venir", a expliqué l'épidémiologiste de la plateforme, le Dr Henri-Pierre Mallet. Ce dernier incitant tout particulièrement les personnes contaminées à "ne pas se voiler la face" et à se faire connaître en cas de nécessité de prise en charge. Le nombre de nouveaux décès est quant à lui en augmentation avec 11 morts liés au Covid-19 cette semaine, malgré un taux de mortalité assez faible à 0,6% en Polynésie française.
 

Peur sur les îles

La situation dans les îles éloignées est en revanche plus préoccupante pour les autorités sanitaires. Le taux d'incidence est même en augmentation aux îles Sous-le-vent, alors qu'il est en baisse dans l'ensemble des archipels de Polynésie. Particulièrement inquiétante est la situation à Bora Bora et Raiatea, récemment classées en "stade 3" de l'épidémie, avec une "circulation active" du virus. Huahine étant toute aussi surveillée sur ce plan. "Cela faisait deux ou trois semaines qu'on sentait la situation venir, mais aujourd'hui elle est vraiment confirmée. Et on n'arrive plus à contrôler strictement l'ensemble des sujets contacts autour des nouveaux cas", explique le Dr Mallet (voir interview, ci-dessous). Dans les autres îles, des clusters sont toujours identifiés à Tubuai, Rangiroa et Tikehau, voire même des "clusters élargis" (plusieurs clusters liés les uns aux autres) à Raivavae et Hao.
 

Prudence pendant les fêtes

Les autorités sanitaires ont également souhaité mettre l'accent sur les mesures de précautions sanitaires à prendre pendant les fêtes de fin d'année. Dans la mesure du possible, il faudra respecter un mètre de distance entre les convives, se laver les mains régulièrement et limiter le nombre des personnes invitées aux réveillons… Les membres de la plateforme ont également insisté sur l'importance de préserver et de protéger les matahiapo pendant ces fêtes, de privilégier les rassemblements à l'extérieur ou encore d'anticiper sur ses courses de Noël et du nouvel an pour éviter les attroupements dans les magasins. "Dans la mesure du possible, il faudra hélas éviter les embrassades à minuit pour cette année", ont conclu les membres de la plateforme Covid. "Vous pourrez vous embrasser l'année prochaine."
 

Henri-Pierre Mallet, épidémiologiste : "On n'arrive plus à contrôler l'ensemble des sujets contacts"

La situation dans les îles vous semble aujourd'hui préoccupante, pourquoi ?

"Ce qui se passe dans les îles, c'est qu'il y a régulièrement quelques cas importés depuis le début de l'épidémie. Ils sont le plus souvent isolés et contrôlés et il n'y a pas de contamination secondaire. Dans quelques cas, il y a ce qu'on appelle des clusters, des cas groupés, qui peuvent toucher plusieurs personnes. Mais en prenant les bonnes mesures, et c'est ce qui est fait en général, on arrive à bloquer la transmission. À un moment donné, s'il y a plusieurs introductions en même temps, on n'arrive plus à contrôler. D'autant plus que la population est dense. Et à ce moment là, on va avoir d'abord une transmission dans les familles, mais aussi une transmission à l'occasion de mauvais comportements. On l'a vu avec des personnes qui arrivent dans les îles, pas forcément des touristes, qui font la tournée des amis, vont embrasser tout le monde… À ce moment-là, c'est un peu ce qui est arrivé à Tubuai, cela propage la maladie sur une échelle un peu plus large."
 
Aux îles Sous-le-vent, Raiatea et Bora Bora sont désormais considérées comme touchées par une "circulation active" du virus ?

"Là où il y a eu une vraie circulation virale qui a échappé à des petits confinements et qui est vraiment généralisée, c'est Bora Bora d'abord, puis Raiatea et actuellement Huahine qui est un peu inquiétante, ainsi que Tubuai et dans une moindre mesure Raivavae. Cela faisait deux ou trois semaines qu'on sentait la situation venir, mais aujourd'hui elle est vraiment confirmée. Et on n'arrive plus à contrôler strictement l'ensemble des sujets contacts autour des nouveaux cas. L'équipe locale sanitaire a des difficultés pour arriver à suivre ça. Donc là, il faut qu'il y ait des mesures prises par la population, sinon on va se faire déborder, sur Bora Bora en particulier."
 
Cela pourrait entraîner des mesures sanitaires strictes comme un couvre-feu par exemple ?

"Tout à fait. C'est une décision politique, mais il serait assez logique de mettre en place ces mesures, compte-tenu des résultats qu'on a présentés avec des indicateurs qui sont de niveau 3 épidémiologiques. Indicateurs qui nécessitent des mesures supérieures. Il y a déjà des mesures générales qui sont prises, mais il peut y avoir peut-être nécessité d'un couvre-feu, de la limitation de certains horaires ou encore la limitation de certains rassemblements. C'est tout à fait envisageable."
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 17 Décembre 2020 à 16:41 | Lu 4162 fois