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Christelle Lehartel : "Le MMA répond aux besoins de la jeunesse"


Christelle Lehartel : "Le MMA répond aux besoins de la jeunesse"
Tahiti, le 14 janvier 2020 - Le 27 décembre dernier, le Pays a accordé à la Fédération de lutte, arts martiaux mixtes, jiu jitsu brésilien et disciplines associées (FPLALDA) une délégation de service public pour encadrer la pratique du Mixed Martial Art au fenua. Christelle Lehartel, ministre des Sports, s'est exprimée sur les raisons de la légalisation de la discipline et ses perspectives de développement. 

Pourquoi avoir décidé de légaliser la pratique du MMA ? 

C'était un vœu de nos athlètes qui le souhaitaient depuis 2015. Ils avaient fait déjà une première tentative à l'époque avec un premier dossier, mais il n'y a pas eu de suivi. Le projet est revenu sur la table en 2018 quand on m'a nommée ministre des Sports. Ensuite, la légalisation ne s'est pas faite du jour au lendemain, parce qu'on a voulu d'abord s'informer sur cette discipline de combat. En octobre dernier, la FPLALDA a organisé un séminaire sur le MMA avec notamment la présence de Kerrith Brown, président de la Fédération internationale de MMA (IMMAF), et d'autres personnalités du MMA. C'était l'occasion de rassurer la population, parce que beaucoup de gens avaient encore une image négative de cette discipline. En réalité, le MMA est un sport comme un autre, comme la boxe, le rugby, le taekwondo, le judo… il y a évidemment des risques... Et on savait que le MMA était déjà pratiqué à l'état sauvage en Polynésie. 

Quand vous dites que le MMA est pratiqué à l'état sauvage, vous faites allusion aux combats de rue entre jeunes les mercredis après-midi en ville ? Est-ce-que légaliser le MMA permettra d'endiguer ce problème ? 
Accorder une délégation de service public pour le MMA à la FPLALD permettra de mieux encadrer la discipline, avec des conseillers techniques et des personnes diplômées. D'une certaine manière, on pourra récupérer ces jeunes dans la rue et mieux les encadrer au sein des clubs. Même si on sait qu'avant la légalisation du MMA Raihere Dudes et Henri Burns ont déjà commencé ce travail auprès de certaines jeunes. On sait que le MMA répond aux besoins de la jeunesse polynésienne qui a une appétence particulière pour cette discipline. 

"On pourra aussi s'appuyer sur l'expertise de l'IMMAF"

Pour le moment, seule la pratique du MMA amateur est autorisée ? 
C'est exact. On va voir déjà comment va se développer la discipline. On veut prendre notre temps, comme on l'a pris pour la légalisation, pour autoriser des combats professionnels sur le territoire. Ce qui change aujourd'hui, c'est que les athlètes pourront s'entraîner, se préparer et faire des compétitions amateurs au fenua. Après, s'ils veulent se professionnaliser, ils devront forcément partir à l'étranger. 

Flore Hani, combattante de MMA, était plutôt sceptique quant à la légalisation du MMA. Chez nos confrères de Radio 1, elle a pointé du doigt le manque d'encadrants et de combattants qualifiés. 
On est actuellement en train de travailler avec la Fédération de lutte pour la mise en place d'un  BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport, NDLR) avec une mention spécifique MMA. Mais en attendant, on sait que la fédération de Hiro Lemaire peut s'appuyer sur son cadre technique. On pourra aussi s'appuyer sur l'expertise de l'IMMAF, la Fédération internationale de MMA, à laquelle s'est affiliée la FPLALDA pour mettre en place des formations. Une délégation de l'IMMAF doit d'ailleurs revenir prochainement au fenua. Il faut noter aussi que nous n'avons pas créé une fédération spécifique au MMA, mais nous avons préféré rattacher la discipline à une structure déjà existante comme la FPLALDA. Suivant le développement du MMA, une fédération propre pourrait voir le jour dans les prochaines années. 

Aujourd'hui, la FPLALDA ne dispose pas d'un octogone et d'une cage pour organiser de vrai combat de MMA…
Le MMA ne se pratique pas obligatoirement dans une cage. Aujourd'hui, ils le font sans l'octogone et sans la cage. On attend désormais les demandes de la Fédération de lutte pour pouvoir les accompagner pour leurs besoins en infrastructures, sachant que l'on a déjà validé le projet de construction d'un pôle de combat à Punaruu. Mais ce pôle servira uniquement aux entrainements.  
Christelle Lehartel, ministre des Sports, avec Raymond Teriitaumihau, son chef de cabinet (à gauche) et Anthony Pheu, directeur de la Jeunesse et des Sports (à droite).
Christelle Lehartel, ministre des Sports, avec Raymond Teriitaumihau, son chef de cabinet (à gauche) et Anthony Pheu, directeur de la Jeunesse et des Sports (à droite).

Parole à

Anthony Pheu
Directeur de la jeunesse et des sports
"On n'a pas eu cet effet de dangerosité"

La délégation de l'IMMAF, qui s'est déplacée en octobre dernier, nous a présenté le développement des formations et les niveaux de progression par catégorie d'âge. Il y a eu des démonstrations à Tahiti et à Moorea et on va vu une vraie démarche éducative. On n'a pas eu cet effet de dangerosité. On nous présenté le MMA comme une discipline sportive à part entière. Et le fait que la FPLALDA soit affiliée à l'IMMAF va nous permettre de bénéficier de formations de qualité et d'être accompagné dans le développement du MMA en Polynésie française.

Rédigé par Désiré Teivao le Mardi 14 Janvier 2020 à 12:44 | Lu 1950 fois