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Chirac, l’ami de la Polynésie


Papeete, le 26 septembre 2019 – L’ancien Président de la République entre 1995 et 2007, Jacques Chirac, s’est éteint hier à l’âge de 86 ans. Entre ses liens d’amitié politique avec Gaston Flosse et son intérêt sincère et marqué pour les affaires polynésiennes, il laisse l’image d’un des élus nationaux les plus populaires du fenua.
 
La Polynésie s’est réveillée jeudi matin émue par la nouvelle de la disparition de l’ancien Président de la République, Jacques Chirac. Certainement l’une des figures politiques nationales les plus appréciées au fenua. Au gré des premiers hommages officiels -au premier chef desquels celui du « frère » Gaston Flosse- c’est bien davantage le lien « d’amitié » que la solennité de la fonction de l’ancien chef de l’Etat qui a été salué quasi-unanimement par les responsables politiques polynésiens. Jacques Chirac garde l’image d’un amoureux de la Polynésie. Et elle le lui rend bien.
 
A l’origine de cette relation étroite et chaleureuse entre l’ancien Président et le fenua, il y a d’abord eu la « complicité sincère » entre « deux hommes politiques aux trajectoires distinctes, l’une nationale, l’autre locale », explique le politologue Sémir Al Wardi : Gaston Flosse et Jacques Chirac. Le premier soutien indéfectible du second, membre fondateur du RPR avec lui dans les années 1970 et Secrétaire d’Etat de son gouvernement en 1986. Le premier et l’unique Polynésien à avoir jamais été nommé au sein d’un gouvernement national. Un égard que l’ancien président du Pays et la Polynésie n’oublieront pas.

"Le bienfaiteur"

Jacques Chirac, c’est ensuite le « plus grand bienfaiteur » de la Polynésie, pour reprendre les mots de Gaston Flosse jeudi matin. Dette nucléaire, statut d’autonomie… L’ancien Grand argentier de la Polynésie, Patrick Peaucellier, avait même déclaré que les transferts de l’Etat étaient encore plus importants sous les dix ans qui ont suivi la fin des essais nucléaire qu’à l’époque du CEP. Et il suffit de revoir les images du faste de la dernière visite de Jacques Chirac en Polynésie française en 2003 pour mesurer la popularité du chef de l’Etat à l’époque. Et surtout la gratitude de l’ancien président Flosse à son égard. Jacques Chirac, bien des années avant sa mort, avait déjà une place et une stèle à son nom en plein centre de Papeete.
 
Les relations entre l’ancien président et le « frère » Jacques n’ont pourtant pas laissé que de bons souvenirs. Les années Chirac ont été celles d’un Etat accusé de fermer les yeux jusqu’aux dérives du système Flosse, depuis largement rattrapé par la justice. Encore un point commun entre les deux hommes politiques. L’ancien Président de la République est également associé à la reprise des essais nucléaires en 1995. Même si la reprise des expérimentations à Moruroa, marquée par de vives oppositions à Tahiti et de par le monde, a permis depuis de refermer définitivement le programme nucléaire. « Il les a arrêtés et a reconnu publiquement que les essais ont porté un tort à la Polynésie française. C’est aussi cela que l’on retient : il a recommencé les essais pour pouvoir les clore », indique Sémir Al Wardi.

"L'ami"

Aujourd’hui, c’est l’image de bienveillance, de la « figure paternelle », qui ressort des hommages rendus à l’ancien Président au fenua. Mais aussi celle d’un chef d’Etat attaché à la Polynésie, populaire et heureux de ses contacts avec les Polynésiens. Le Président d’une époque faste, certainement révolue, empreinte pour certains d’une nostalgie naïve mais douce où le premier personnage de l’Etat était un « ami ». L’ami de la Polynésie.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 26 Septembre 2019 à 20:19 | Lu 3311 fois