Tahiti Infos

Centre de dépistage d'ATN, ça coince


Tahiti, le 19 janvier 2021 – Alors qu'Air Tahiti Nui a annoncé lundi son intention de mettre en place un centre de dépistage à l'aéroport pour répondre notamment aux futures conditions d'entrées aux Etats-Unis, la compagnie doit encore obtenir une dérogation qui n'est pas sans poser problème…

Énième coup de massue pour les professionnels du transport international. Les nouvelles conditions d'entrée aux États-Unis, imposant un test négatif au Coronavirus à partir du 26 janvier, ne devraient pas encourager les touristes américains, second marché émetteur en Polynésie, à venir au fenua. "C'est sûr que ça ne va pas aider à remplir nos appareils", commentait avec lassitude la semaine dernière, Michel Monvoisin, P-dg d'Air Tahiti Nui (ATN). Dans un effort de "résilience", Mathieu Bechonnet, directeur général de la compagnie, a annoncé lundi sur le plateau de Tahiti Nui Télévision (TNTV), le déploiement dès la semaine prochaine d'une "solution" de dépistage à l'aéroport pour faciliter la vie de ses passagers au départ de Tahiti-Faa'a.

"Il a fallu être un peu inventif". Le directeur évoque une solution qui doit répondre à la nouvelle "exigence" des tests. "L’idée étant que ce soit le plus indolore possible pour nos clients, parce que vous imaginez bien que c’est une contrainte supplémentaire pour eux, notamment nos clients nord-américains qui viennent en Polynésie et qui en plus, alors qu’ils sont à Bora Bora ou dans les îles, devaient se faire tester", argumente le directeur, précisant que les tests ne seront pas gratuits, mais "à prix coûtant".

Interrogé par Tahiti Infos pour plus de précisions sur le dispositif en question, la compagnie a uniquement déclaré qu'elle transmettrait un communiqué "plus tard" sur le sujet. Problème, d'un point de vue réglementaire, une compagnie aérienne n'est pas habilitée à mettre en place une plateforme de dépistage, comme l'explique l'Agence de régulation de l'action sanitaire et sociale (Arass) en Polynésie. "Peu importe le test, il ne peut être réalisé que par un laboratoire d'analyse, c'est un acte de biologie qui ne se résume pas à un prélèvement", précise Anne-Lise Vonsay, médecin inspecteur de santé publique à l'Arass.

Professionnels « formés »

Une dérogation prévue par l'arrêté 1533 du 7 octobre 2020 autorise cependant la réalisation des tests antigéniques de dépistage rapide en dehors des laboratoires de biologie médicale, mais par des professionnels de santé "formés", dont ceux de l'Arass, du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF), de la maison médicale de garde, de professionnels libéraux, ou des médecins de bord des navires de croisières. "Par formés, on entend quelqu'un qui exerce dans un local qui respecte certaines dimensions, dans lequel il y a un sens de circulation à voix unique, des contraintes d'hygiène, l'élimination des déchets ou le traitement des données puisqu'il s'agit de données personnelles", développe Anne-Lise Vonsay.

La compagnie devra donc obtenir cette dérogation, explique le médecin inspecteur. Or cette possibilité dérogatoire n'est pas prévue pour du "confort" mais "pour répondre à la crise sanitaire, au moment où les laboratoires avaient besoin de main d'œuvre supplémentaire". En renfort au plus fort de l'épidémie, la dérogation a permis à des professionnels de santé de réaliser des tests de manière délocalisée. Mais toujours en relation avec le laboratoire. La bonne idée d'Air Tahiti Nui n'est donc pas encore prête de se concrétiser.
 


Rédigé par Esther Cunéo le Mardi 19 Janvier 2021 à 20:52 | Lu 4023 fois