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Ce que contenaient les "bonbonnes toxiques"


Tahiti, le 13 avril 2022 – Hautement toxiques pour l'homme et le milieu marin et classés "extrêmement dangereux" par les services du Pays, les deux produits contenus dans les bonbonnes toxiques chargées illégalement dans le Kura Ora II lors de son immersion en 2019 se sont "certainement" répandus dans les fonds marins avec l'implosion des bonbonnes, établit l'enquête menée par la gendarmerie.
 
Relancée cette semaine avec les deux nouvelles mises en examen de la directrice de l'environnement et du directeur du Port autonome, l'affaire dite des "bonbonnes toxiques" immergées avec l'épave du Kura Ura II en janvier 2019 porte globalement sur la pollution liée aux 196 tonnes de déchets, majoritairement "non dépollués", chargés illégalement dans l'épave du navire. Mais plus spécifiquement, le véritable problème écologique de ce dossier porte sur les 87 bonbonnes toxiques, 69 vides et 18 remplies, du service de la biosécurité également chargées sur le navire sans aucun traitement ou dépollution malgré "l'extrême dangerosité" de leur contenant, selon la nomenclature établie par le Pays. Des bonbonnes qui ont "certainement" implosé durant la descente du navire à 2 500 mètres de profondeur -et dont le contenu s'est donc dispersé dans les fonds marins-, établit l'enquête menée par la gendarmerie.
 
"Extrêmement dangereux"
 
Toujours contenus dans la liste des "substances actives et préparations commerciales de pesticides autorisées en Polynésie française", les deux gaz contenus dans les bonbonnes sont d'une part le bromure de méthyle et d'autre part la chloropicrine. Le premier est interdit en France métropolitaine et dans l'Union européenne depuis 2005 et 2011, sauf usage dérogatoire soumis à une déclaration internationale. En Polynésie, il est utilisé par la cellule phytosanitaire de la direction de la biosécurité pour ses opérations de "fumigation". C’est-à-dire de destruction de germes et de parasites par la fumée de substances chimiques, notamment pour éviter la prolifération d'insectes ou de bactéries inter-îles. Le bromure de méthyle est toxique pour les organismes aquatiques, pour les humains sous sa forme gazeuse ou liquide et il peut réagir violemment au contact de certains métaux.
 
Le second gaz, la chloropicrine, est interdit en France et en Europe depuis 1991, mais autorisé au moins depuis les années 2010 en Polynésie française uniquement "en association avec le bromure de méthyle". Très toxique pour les poissons, algues, plantes, ou oiseaux, la chloropicrine a été utilisé comme gaz de combat pendant la première guerre mondiale, avant d'être appliqué comme gaz de destruction de nuisibles en agriculture…
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 13 Avril 2022 à 18:12 | Lu 1852 fois