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Carnet de voyage au Vanuatu : à Tanna, sous le feu du Yasur


Quand on vous dit que ça explose, ça explose!
Quand on vous dit que ça explose, ça explose!
Au Vanuatu, dans le sud de l'île de Tanna, le Yasur "crache" en permanence fumées toxiques et laves brûlantes. Facile d'accès, ce cratère en perpétuelle éruption est sans doute l'une des attractions majeures du Pacifique Sud. En route pour gravir cette curiosité géologique.


Yasur signifie "vieil homme" dans la langue du sud de Tanna. Ce volcan hyperactif émet en permanence, à partir de trois orifices au sein de son cratère, des nuages de fumées et beaucoup de lave, sous forme de bombes volcaniques. Car le bonhomme est un colérique violent. Il ne fonctionne pas comme le Kilauea, à Hawaii, déversant quotidiennement un long fleuve tranquille de lave dans l'océan. Depuis plus de huit cents ans, le Yasur explose en permanence, toutes les vingt ou trente secondes, sauf lorsque l'orifice de la bouche à feu se bloque par ses propres émissions : le Yasur reste alors silencieux quelques minutes, avant qu'une terrible explosion projette à plus de 300 m de hauteur des blocs de lave gros comme des voitures. En moyenne, les observateurs peuvent assister à une ou deux explosions de ce type en quelques heures de spectacle. Vous n’y serez pas les premiers, car dès 1774, le capitaine James Cook, intrigué par cette colline rougeoyante la nuit venue, rendit une petite visite au Yasur.
 

Pluie mortelle

Autour du Yasur, des champs de lave érodés
Autour du Yasur, des champs de lave érodés
Inutile de dire que ceux qui auraient eu la mauvaise idée de ne pas rester sur la lèvre du cratère, à l'abri (en principe) des bombes volcaniques, pour s'approcher du magma, n'auraient aucune chance de survivre à ce genre de "pluie". Quatre touristes en ont fait l'expérience. Tous les quatre sont morts devant les yeux horrifiés de ceux qui étaient restés prudemment en retrait…
De jour, lorsqu'on arrive en vue du Yasur, on ne voit d'abord qu'un énorme nuage noir s'élevant d'une grosse colline. Le volcan est de petite taille, puisqu'il culmine à seulement 361m au dessus du niveau de la mer.
Le nuage en question, que l'on prend d'abord comme l'annonce d'une forte pluie orageuse, est en fait le résultat des émissions de poussières et de gaz du Yasur. Non, il ne va pas pleuvoir aujourd'hui, il suffira de se mettre au vent et non plus sous le vent du volcan pour ne pas être importuné par l'effrayant cumulus.
 

Montée dans le bruit des explosions

"Blaoum" crépusculaire. On l'entend fortement, mais on ressent aussi l'explosion qui fait vibrer le sol
"Blaoum" crépusculaire. On l'entend fortement, mais on ressent aussi l'explosion qui fait vibrer le sol
Le 4x4, après la forêt humide de Tanna, surgit sur un désert de cendres, souvenir d'éruptions pas si lointaines. Le Land Rover peut rugir de plaisir, le chemin est libre sur des centaines de mètres de largeur et des kilomètres de longueur. Libre au chauffeur de dessiner sur la poussière noire les arabesques qu'il souhaite. En s'approchant du cône, on le contourne sur la droite, sortant de l'ombre du nuage de cendres. On s'enfonce à nouveau dans un fouillis végétal dominé par les fougères arborescentes avant de parvenir à un petit péage, tenu par la tribu résidant sur le chemin. Moyennant paiement d’une « taxe locale », on peut ensuite poursuivre la randonnée, toujours en véhicule tout terrain, jusqu'à s'élever sur la pente du volcan.
À moins de 200m de la lèvre du cratère, il faut stopper, se garer et, éventuellement, poster son courrier dans le seul bureau de poste ouvert sur les flancs d'un cratère en éruption. La montée s'effectue en quelques minutes à peine dans le bruit des explosions que l'on entend, certes, mais que l'on ressent aussi sous ses propres pas ; car le Yasur bouge en permanence, au rythme de ces coups de colère.
 

Parfois "il faut filer très vite"

Quand il pleut sur l'arête sommitale, ce ne sont pas forcément des gouttes de pluie fine qui tombent
Quand il pleut sur l'arête sommitale, ce ne sont pas forcément des gouttes de pluie fine qui tombent
Sur le cratère, on ne voit d'abord rien. Rien d'autre qu'un énorme nuage gris blanc enveloppant tout, le paysage et les spectateurs. Il faut attendre que le vent tourne et dégage les trois orifices du cratère, dont le rouge vif libérant de la lave. Celui-ci a la bonne idée d'être orienté face à la pente nord du volcan, ce qui permet aux touristes de s'agglutiner sur la pente sud, à l'abri -en principe- des projections.
Les guides s'installent, quant à eux, contre un petit muret de pierres volcaniques, à l'abri du vent violent qui souffle en permanence. C'est eux qui, tout en bavardant, ont en charge la sécurité de leurs clients. Rien qu'au son, ils savent si le cratère devient dangereux et si la lèvre sud va être exposée aux bombes volcaniques. "Ça arrive assez souvent. Dans ce cas-là, il ne faut pas traîner, il faut filer très vite aux voitures et s'éloigner".
 

Reflets rouges et or

Quand même impressionnant de se dire qu'on sera bientôt dans le nuage, au sommet du "monstre"
Quand même impressionnant de se dire qu'on sera bientôt dans le nuage, au sommet du "monstre"
Nous effectuerons deux montées, à deux jours d'intervalle. À chaque fois, le Yasur se montrera coopératif, en nous laissant travailler face à l'orifice le plus éruptif, de jour et surtout de nuit.
C'est au crépuscule que le cratère s'emplit de reflets rouges et or. Même les nuages de fumée deviennent alors orangés. Il suffit de se caler sur le bord extrême de la lèvre du cratère et d'observer (ou de mitrailler si vous avez un appareil photo) ce qui se passe à vos pieds. Le spectacle est permanent. Sans le rappel à l'ordre du guide, nous y serions d'ailleurs sans doute encore…

Textes et photos :
Daniel Pardon





 

Les John Frum

C'est le bureau de poste le plus chaud de la planète. Parfois sous le feu des bombes volcaniques, il fonctionne en permanence. Cette carte est en effet parvenue à bon port…
C'est le bureau de poste le plus chaud de la planète. Parfois sous le feu des bombes volcaniques, il fonctionne en permanence. Cette carte est en effet parvenue à bon port…
Le sud de Tanna (plus particulièrement les abords du Yasur) est un lieu de culte très particulier ; les Ni-Vanuatu y « adorent » en effet un certain John Frum, dont le symbole est une croix rouge. Il s’agit du plus emblématique des « cargo cults » pratiqué en Mélanésie. A l’origine, John Frum serait né du nom d’un infirmier américain lors de la Seconde Guerre mondiale, « John, from USA », qui serait devenu « John Frum ». Il est adoré, car avec lui sont arrivés des bateaux US chargés de matériels de guerre, mais aussi de nourriture, d’équipements divers et de tout ce que le modernisme pouvait apporter à une île comme Tanna, encore très « primitive » au début des années quarante. Les Américains sont partis une fois la guerre du Pacifique gagnée, mais le souvenir de cette période d’abondance hante encore les habitants de Tanna qui espèrent qu’en défilant avec des faux fusils en bois, en levant leur drapeau aux couleurs de la Croix-Rouge, en construisant des avions en bambou, en implorant John Frum et en peignant des croix rouges ici et là, les cargos chargés à ras bord de tout ce qui les a fait rêver vont revenir un jour devant les plages de Tanna.




 

Le Yasur pratique

Pour aller au Vanuatu
Papeete/Nouméa/Papeete : 1 rotation/semaine sur Aircalin
Nouméa/Port Vila/Nouméa : vols quotidiens sur Air Vanuatu ou Aircalin
À Port-Vila, connexions sur Tanna en ATR 42 avec Air Vanuatu (40’ de vol).

Pour se loger à Tanna
Plusieurs formules.
Tahiti Infos a craqué pour le Whitegrass Ocean Resort
Website : http://whitegrasstanna.com/
Seul inconvénient : l'hôtel est à près de deux heures de piste du volcan.
Hôtel voisin du précédent : Tanna Evergreen Resort & Tours
Website: http://www.tannaevergreenresorttours.com/

Santé
Tanna n'est pas épargnée par le paludisme. Un traitement préventif est donc de rigueur (consultez votre médecin avant votre départ).

 
Tahiti Infos a craqué pour le Whitegrass Ocean Resort
Tahiti Infos a craqué pour le Whitegrass Ocean Resort

Rédigé par Daniel Pardon le Samedi 1 Mai 2021 à 15:43 | Lu 1807 fois