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Carnet de voyage - Tubuai, l’île aux trésors…


Un coin de l’atelier de Marie, qui conjugue pae’ore et coquillages.
Un coin de l’atelier de Marie, qui conjugue pae’ore et coquillages.
TUBUAI, le 25 janvier 2018. On peut parcourir Tubuai à grande vitesse et se contenter de se prélasser sur les plages magnifiques cernant l’île, mais on peut aussi décider de l’explorer un peu plus en profondeur et d’aller à la rencontre de ses habitants, beaucoup d’entre eux étant des artisans de grand talent. Petite balade australe pour les amateurs de belles choses…

Tout le monde n’a pas une mine d’or ou un puits de pétrole sous les pieds. A Tubuai, en tous les cas, nous n’avons rien trouvé de ce style, mais en revanche, il y a un « or rouge » saisonnier et un « or vert » douze mois sur douze, le letchi et le pandanus.

Pandanus : un boulot fou !

De décembre à février, en gros, les arbres qui portent les délicieux letchis de l’île sont rouges autant que verts, rouges de fruits juteux vendus entre 500 Fcfp et 1 000 Fcfp le kilo. De quoi mettre du beurre dans les épinards quand on possède quelques dizaines de pieds de cet arbre originaire de Chine, et qui apprécie la fraîcheur du climat de Tubuai.

L’autre richesse, indubitablement, est le pandanus (Pandanus tectorius), cet arbuste dont une espèce localement a été modifiée pour ne pas porter d’épines ; les feuilles sont ainsi plus faciles à travailler, encore que l’adjectif facile ne s’applique que fort peu à cette plante. Car entre la feuille et le produit fini, obtenu après de savants tressages, il y a un boulot fou !
Le pandanus (Pandanus tectorius) est indubitablement la plante reine de l’île de Tubuai. La variété réservée au tressage ne porte pas d’épines.
Le pandanus (Pandanus tectorius) est indubitablement la plante reine de l’île de Tubuai. La variété réservée au tressage ne porte pas d’épines.

Une plante essentielle

Chapeaux, couronnes de tête, sacs, pochettes, peue, c’est fou ce que l’on peut faire avec du pandanus, la difficulté étant, pour l’artisan, inversement proportionnelle à la largeur de la matière première.

Pour fabriquer des peue de trois mètres de diamètre, on ne finassera pas autant que pour fabriquer un chapeau destiné à l’office du dimanche.
Les quelques photos que nous présentons illustrent les fruits de ce travail d’une plante devenue essentielle dans l’économie locale (et plus généralement des Australes, à l’exception de Rapa où l’on utilise le roseau).

Tressage et coquillages

L’une des représentantes de ces artistes s’appelle Marie Puhina Temarono ; son mari est un pêcheur de Tubuai, mais elle-même est originaire de Anaa aux Tuamotu. Ce qui lui permet, après avoir passé trente-deux ans de sa vie aux Australes, de conjuguer avec bonheur deux activités, le tressage du pandanus, comme tout le monde est-on tenté d’écrire, et le travail des coquillages, dans lequel elle excelle. Il est vrai que la matière première abonde à Anaa et que Marie se fait ainsi livrer des pleins sacs de coquillages ramassés sur les plages des Tuamotu, coquillages à qui il faut ensuite refaire une beauté avant de songer à les utiliser pour en faire des bijoux.

Une particularité de Tubuai, familière à ceux qui sont fidèles aux expositions artisanales des Australes, chaque fin d’année : la taille des porcelaines, les grosses Cypraea tigris, dépassant allègrement les 100 mm de longueur. Les amateurs apprécieront ces géantes qui, espérons-le, ne seront pas sur-pêchées (idem pour les bénitiers de fort belle taille ; laissons-les grandir !).
Sculpture (un umete), tifaifai, tressages, colliers de graines et de coquillages, tout l’artisanat de Tubuai sur une photo.
Sculpture (un umete), tifaifai, tressages, colliers de graines et de coquillages, tout l’artisanat de Tubuai sur une photo.

Exemples de tressages « made in Tubuai ».
Exemples de tressages « made in Tubuai ».

Détail d’une très belle couronne de tête.
Détail d’une très belle couronne de tête.

Cinq bois pour un ukulele !

Un autre garçon a de l’or dans les mains ; jovial, affichant une éternelle bonne humeur, Antoine est passé maître dans l’art de fabriquer des ukulele. Il a toujours travaillé le bois, mais depuis quelque temps, il s’est spécialisé dans cet instrument de musique qu’il réalise sans économiser ni sa peine ni le bois : sur un seul ukulele, il utilise ainsi du miro, du purau, du tou, de l’acajou et du kaori (Tubuai comptant de belles plantations de cet arbre).

Cerise sur le gâteau, ses instruments sont systématiquement ornés de sculptures qu’il réalise à la demande, ses clients étant très imaginatifs (ce sont quand même les tiki qui dominent). Pas très chers, les ukulele n’ont pas le temps de vieillir et de se patiner chez Antoine ; à quatre ou à huit cordes, ils sont vite achetés par les connaisseurs qui se passent le mot.

Un seul souci pour Antoine, qui sait parfaitement bien accorder ses instruments : « je ne sais pas jouer du ukulele » avoue-t-il dans un grand éclat de rire !

Textes et photos : Daniel Pardon
Antoine est le roi du ukulele ; pour ses instruments, il utilise cinq essences de bois.
Antoine est le roi du ukulele ; pour ses instruments, il utilise cinq essences de bois.

Détail de la partie supérieure d’un ukulele d’Antoine. Il sculpte les figures que lui réclament ses clients.
Détail de la partie supérieure d’un ukulele d’Antoine. Il sculpte les figures que lui réclament ses clients.

Bon à savoir

- On peut aller aux Australes douze mois sur douze, mais les intersaisons sont, nous semble-t-il, les meilleurs moments pour visiter Tubuai. Au cœur de la saison chaude, le risque cyclonique, même s’il est très faible, existe, tandis qu’en juillet-août, en plein hiver austral, la météo est parfois capricieuse.

- « Séjours dans les îles » agence de voyage d’Air Tahiti, vous propose deux hébergements :
-la pension Toena (appelée aussi « chez Juliette » par les gens du cru) à partir de 45 852 Fcfp (séjour vol + 2 nuits avec demi-pension).
-la pension Wipa Lodge (à partir de 50 652 Fcfp).
- Non vendue par Séjours dans les îles, la « Pension chez Yolande » en bord de mer, à 2 km de Mataura, compte 6 chambres dans une grande bâtisse blanche.

- La bonne adresse pour se restaurer à midi : « Marai’ai Le Spot » à Mataura, chez Hervé et Hina. Excellent poisson cru, viandes, pizzas et service ultra rapide.

- Le tour de l’île fait à peu près 26 km, tandis que la traversière (très pratique) reliant Mataura à Mahu, mesure 7 km.

Taitaa, la renaissance

L’actuelle pension Taitaa est l’hébergement choisi par Tahiti Infos pour cette escapade à Tubuai. Située à moins d’un kilomètre de la mer, dans un très grand jardin arboré (letchis en saison) à Mataura, cet hébergement a connu diverses fortunes avant d’être repris depuis un an environ par Nathalie et Nariiorono (surnommés Nat’ et Narii). Lui est un Tubuai ayant vécu quinze ans en Métropole, tandis qu’elle est une Bretonne pur jus, qui a une corde particulière à son arc, puisqu’elle est pâtissière.

Actuellement, leur pension compte trois chambres entièrement rénovées et deux autres le seront prochainement. Narii dispose d’un 4x4 pour vous faire découvrir les plus beaux marae de son île ; il a également un bateau pour emmener ses clients aux motu, et il compte bien se doter d’un puissant poti marara en 2018 afin de pouvoir affronter aussi bien le vaste lagon que la passe et la mer. Au programme, de la pêche, ce qui devrait enchanter sa clientèle.

Coordonnées : [email protected]
Tel : 87 22 22 32 ou 40 950 150
Facebook : Pension Taitaa Tubuai
Site : www.pension-taitaa.com
Une des chambres de la pension Taitaa.
Une des chambres de la pension Taitaa.

Les mamas de l’île excellent dans l’art de réaliser des tifaifai très colorés.
Les mamas de l’île excellent dans l’art de réaliser des tifaifai très colorés.

Marie et ses créations en coquillages de Anaa. Une exposition à elle toute seule !
Marie et ses créations en coquillages de Anaa. Une exposition à elle toute seule !

Détail d’un collier réalisé par Marie.
Détail d’un collier réalisé par Marie.

Les porcelaines du lagon (Cyprarea tigris) dépassent allègrement les 100 mm de longueur à Tubuai.
Les porcelaines du lagon (Cyprarea tigris) dépassent allègrement les 100 mm de longueur à Tubuai.

Marie devant sa matière première préférée, les coquillages ramassés sur les plages de son île natale, Anaa.
Marie devant sa matière première préférée, les coquillages ramassés sur les plages de son île natale, Anaa.

Rédigé par Daniel PARDON le Jeudi 25 Janvier 2018 à 11:10 | Lu 2181 fois