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Capoiera, des cours pour enfants et adultes à Papeete


PAPEETE, le 31 juillet 2016 - Joan Ponsard a découvert la Capoeira en visionnant le film Only the strong. Passionné d’arts martiaux, de danse, d’acrobatie, il vu dans cet art martial afro-brésilien l’activité parfaite. Il s’est formé à Toulon et, de retour à Tahiti, a ouvert des cours pour les enfants. Des adultes ont réclamé un horaire pour eux.

"Il y a un peu plus d’un mois j’ai commencé à proposer des cours de capoeira pour les enfants. Plusieurs adultes se sont montrés intéressés, c’est pourquoi j’ai ouvert des plages horaires pour eux", explique le capoeiriste Joan Ponsard. À la question pourquoi s’adresser d’abord aux enfants ? Il répond : "Parce que c’est un art que j’ai découvert trop tard, j’avais presque 20 ans. Au Brésil les enfants grandissent en pratiquant la capoeira, cela canalise l’énergie, ça aide à s’extérioriser, ça améliore la concentration, développe le sens de l’observation. C’est une activité complète qui mêle l’artistique aux arts martiaux."

Être capoeiriste c’est chanter, jouer de la musique, se mouvoir, affronter l’autre. "C’est comme un jeu d’échec, un jeu où l’on échange et où l’on pousse l’autre la faute. À chaque fois, à chaque nouvel échange on remet tout à plat et on repart tous avec les mêmes chances. À l’issue de chaque combat, tu n’échoues pas, tu tires des leçons."

On a voyagé en fonction des campagnes

Joan Ponsard est né en Côte d’Ivoire, d’un père antillais et d’une mère tahitienne. "Mon père était militaire, on a voyagé en fonction des campagnes." Il a vécu longtemps en Polynésie, à Raiatea. À 18 ans, il a quitté le cocon familial sur l’île sacrée. "J’ai eu envie d’aller voir le monde. Il était temps que je vole de mes propres ailes. C’est important pour les jeunes de voyager, non ?"

Il touchait déjà depuis longtemps aux arts martiaux : la boxe thaï, le kung fu, le kick-boxing… "Tout ce que les jeunes font ici en Polynésie", résume-t-il. Il aimait la danse, les acrobaties et avait déjà visionné Only the strong. "Un film avec un ancien des forces spéciales américaines stationnées au Brésil où il a appris la capoeira. J’avais trouvé l’activité idéale ! "

À la fin des années 1990, de Raiatea, Joan Ponsard est allé à Toulon, en France pour y faire des études de froid et climatisation. Sur la plage du Morillon, il a rencontré les membres de la fédération de capoeira. "J’allais les retrouver plus souvent que je n’allais en cours." Il a suivi les enseignements, intégré les pas, travaillé les mouvements, répété. "En 2001, j’ai participé à ma première compétition de haut niveau à Bruxelles. En Europe, le niveau des capoeiristes est très bons et, grâce à l’organisation de rencontres internationales, les maîtres brésiliens se retrouvent sur le continent européen."

En 2004, Joan Ponsard a obtenu le grade de professeur. Il a ouvert sa propre structure et commencé à donner des cours dans la région. Certains de ses élèves (près de 150 au total) sont devenus professeurs à leur tour. "J’ai pu leur laisser la structure et revenir à Tahiti." Après avoir lancé des cours pour les enfants, puis pour les adultes sur le territoire, il s’imagine désormais proposer des actions auprès des habitants de quartiers défavorisés. "C’est un bon moyen de canaliser la violence", affirme-t-il. "Je voudrais aussi travailler avec les garderies, faire de l’éveil corporel et musical."

Sa structure est affiliée, en théorie, à la structure du mestre Luizinho Barravento installé en Australie. Il ira en Nouvelle-Calédonie en septembre pour rencontrer ce maître et confirmer son affiliation. "C’est lui qui viendra faire passer les grades des élèves tahitiens." Joan Ponsard espère aussi inscrire ses élèves à la deuxième édition d’une compétition organisée dans tout le pacifique par le mestre Luizinho Barravento. Elle est prévue en 2017.

Capoiera, des cours pour enfants et adultes à Papeete
Retour aux sources

La capoiera viendrait des méthodes de danse et de combat des peuples africains déportés pour devenir esclave au Brésil. La différence avec les arts martiaux dits traditionnels : le côté ludique et acrobatique de la discipline. Il est difficile de dater précisément la naissance de cet art car il se pratiquait dans la clandestinité. Il exprimerait une forme de rébellion : la lutte se cachant sous des mouvements artistiques. Ainsi quand les maîtres approchaient des esclaves en plein exercice, le combat devenait de la danse et du chant. Des cousins de la capoiera existent dans les pays concernés par la traite négrière : le moring à Mayotte, Madagascar ou la réunion, le ladja en Martinique et en Guadeloupe, le pingue à Haïti ou le susa à Suriname.

Contact

Facebook : Xango Capoeira Tahiti
Tél. : 89 29 88 27
[email protected]


Rédigé par Delphine Barrais le Dimanche 31 Juillet 2016 à 19:44 | Lu 3530 fois