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Cancer du sein: accélérer le diagnostic pour le bien être des patientes


Cancer du sein: accélérer le diagnostic pour le bien être des patientes
MARSEILLE, 16 fév 2013 (AFP) - Avancer de plusieurs semaines à quelques heures le diagnostic du cancer du sein: c'est le pari lancé par trois médecins marseillais, qui ont mis connaissances et compétences en commun pour réduire au maximum la période de stress qui court de la découverte d'une masse sous la peau au diagnostic final.

Leur dispositif, mis en place début janvier, et encore en rodage, mais une dizaine de femmes a déjà pu en bénéficier. "Avec le système que nous mettons en place, le médecin reçoit une patiente avec la volonté de lui donner une réponse dans les 24h, alors que classiquement, dans le meilleur des cas, cela prend d'une semaine à 15 jours", explique Xavier Carcopino, le chirurgien gynécologue du trio.

Dans la même journée, le gynécologue reçoit une patiente chez qui l'on suspecte un cancer, l'envoie en radiologie où une biopsie est effectuée par le Dr. Florence Rodriguez, puis les tissus sont envoyés au laboratoire d'anatomopathologie pour être étudiés. Quelques heures plus tard, la patiente revoit le gynécologue qui lui annonce les résultats.

"Après, si les examens confirment qu'il s'agit d'un cancer, on leur donne un rendez-vous un ou deux jours plus tard, le temps pour elle de digérer la nouvelle", dit le gynécologue. "Et surtout, grâce à ce dispositif", ajoute-t-il, "les patientes voient le même visage qui les accueille et qui leur annonce la nouvelle le soir".

Avancées scientifiques

Le traitement du cancer du sein a connu une évolution spectaculaire, affirme le Dr. Carcopino. "Maintenant, ce sur quoi nous pouvons vraiment influer, c'est la morbidité plus que la mortalité".

"Avant, c'était simple, au moindre doute, on enlevait. On pratiquait une mastectomie dans la plupart des cas, et on enlevait tous les ganglions lymphatiques de l'aisselle", explique Colette Taranger-Charpin, la chef du service d'anatomopathologie.

Or l'extraction des ganglions de l'aisselle, premiers à être potentiellement touchés si le cancer métastase, entraîne un gonflement du bras et des douleurs qui peuvent être permanentes. Un syndrome connu sous le nom de "lymphoedème" du membre supérieur, ou "gros bras".

Aujourd'hui, on peut ne retirer qu'un ou deux "ganglions sentinelles", les étudier, puis décider de l'opportunité de retirer la totalité des ganglions. Mais s'il est nécessaire de tout retirer, une seconde opération est obligatoire.

Cela fait 20 ans que le Dr. Taranger-Charpin rêve de pouvoir étudier les tissus suffisamment rapidement pour éviter ces deux chirurgies. Elle était prête à abandonner quand la complicité, le travail, et une grande machine blanche lui permis de réaliser ce rêve.

Grâce à un "automate à immunohistochimie", une grande machine dans laquelle elle analyses les tissus prélevés par le Dr. Carcopino lors des chirurgies, elle peut étudier les tissus en moins de quarante minutes. Et éviter ainsi une seconde chirurgie.

Du bloc, l'équipe chirurgicale apporte les tissus des ganglions sentinelles, attend à côté du Pr. Taranger-Charpin qu'elle lui donne ses résultats, puis, selon ce qu'elle lui indique, enlève ou non les ganglions. Le tout en une seule chirurgie.

"C'est surtout une question de confort pour les patientes", reconnaissent les médecins. Mais le confort est essentiel, tant pendant qu'après la procédure ajoutent-t-ils.

"Nous, on ne joue que la première mi-temps. Si on la joue bien et vite, ça facilite la seconde, à domicile", conclut le professeur Taranger-Charpin, avant de courir retrouver ses collègues.

Rédigé par Par Camille BOUISSOU le Samedi 16 Février 2013 à 07:01 | Lu 503 fois