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Campagne de lutte contre la Filariose en Polynésie française en 2013


Campagne de lutte contre la Filariose en Polynésie française en 2013
La filariose lymphatique
La filariose de Bancroft est une maladie provoquée par un parasite, Wuchereria bancrofti. Le ver parasite responsable de la filariose lymphatique vit presque exclusivement chez l'être humain. Il est transmis par des moustiques sous la forme de minuscules larves (larves infectantes). Elles circulent dans le sang et atteignent les voies lymphatiques pour se transformer en 4 à 6 mois en filaires adultes (macrofilaires). Les adultes mâles et femelles s’accouplent et donnent naissance à des microfilaires qui passent dans le sang et iront infester d'autres personnes par l’intermédiaire des vecteurs : les moustiques.

En Polynésie, le principal moustique vecteur de la maladie est Aedes polynesiensis. Il vit généralement en zone rurale et se reproduit dans les eaux stagnantes à l'intérieur de récipients naturels (trous d'arbre, de crabes, cocos coupées) ou artificiels (pneus, boîtes vides).

Les personnes infectées par la Filariose Lymphatique (FL) restent généralement asymptomatiques pendant longtemps. Les symptômes tels que l’hydrocèle et l’éléphantiasis des membres ne surviennent qu’après plusieurs années. Les filaires entraînent une dilatation des vaisseaux lymphatiques qui sont responsables de
l’augmentation de volume des membres ou des parties génitales masculines. L’évolution est marquée par des épisodes douloureux des parties atteintes.

Le principal moyen de lutte contre la filariose lymphatique est l’administration annuelle de dyéthylcarbamazine (DEC) et d’albendazole (ALB) à toute la population à partir de l’âge de 2 ans, à l’exclusion des femmes enceintes et des personnes présentant des contre-indications médicales. Ces médicaments détruisent les larves ou microfilaires présentes dans l’organisme humain. Cela a pour effet d’empêcher la transmission communautaire de la maladie.

Les médicaments : DEC et albendazole
On associe la DEC et l’albendazole qui sont pris une fois par an. La dyéthylcarbamazine (DEC), commercialisée sous le nom de Notezine® est un médicament actif sur les microfilaires et à moindre degré sur les macrofilaires. Elle est distribuée sous forme de petits comprimés ronds dosés à 100 mg. La dose
administrée varie de 1 à 3 comprimés en fonction du poids des individus.

NB :
Les personnes présentant des allergies à ces médicaments, les femmes enceintes et les enfants de moins de deux ans ne doivent pas prendre ce traitement.
Les personnes gravement malades, les personnes épileptiques ou aux antécédents de convulsions et les personnes ayant résidé en Afrique tropicale depuis moins de 10 ans doivent au préalable consulter leur médecin traitant.


Quelques chiffres

- En 2008 :
-La prévalence du portage de l’antigène filarien en Pf a été évaluée à 11% en 2008. Les résultats de cette enquête réalisée après 8 années de distribution de masse « conventionnelle » dans le cadre du programme PacELF ont montré que l'objectif d'élimination de la transmission n'était pas atteint.

-La modification de stratégie opérée à compter de 2010 avec l’introduction de l’administration supervisée a pour objectif d’améliorer la couverture médicamenteuse et l’évaluation de la distribution des comprimés. L'objectif
de santé publique est d’atteindre une prévalence de l'antigénémie de la filariose lymphatique inférieure à 1% qui définit le seuil d’élimination de la filariose lymphatique.

- Mai 2010 : première année de POD, au cours de laquelle la distribution à domicile avait été expérimentée avec succès
183 725 doses distribuées et avalées sous supervision (POD) dont 21 282 doses à domicile. Cela correspondait à une couverture médicamenteuse de 69% de la population générale et de 71% de la population cible (toute la population à l’exclusion des femmes enceintes et des enfants de moins de deux ans).

- Avril – mai 2011 : généralisation de la POD à domicile
227 022 doses distribuées et avalées sous supervision dont 99 633 doses à domicile, ce qui 84% de la population générale et 87% de la population cible. Cela représentait une augmentation de 23,5% par rapport à 2010.
Ceci avait été rendu possible par la mobilisation de 1400 ambassadeurs de la lutte contre la filariose, bénévoles, mobilisés par les communes. Ces résultats ont montré que la participation communautaire est une stratégie adaptée à la lutte contre ce fléau en Polynésie française - elle permet d’augmenter significativement le nombre de personnes qui prennent réellement les médicaments au cours de la campagne.

- Février - mars 2012
216 195 doses distribuées et avalées sous supervision dont 94 512 doses à domicile.
Cela représentait 80 % de la population cible. On notait une diminution du nombre de doses distribuées de 4% par rapport à 2011.

Participation communautaire et ambassadeurs
Les communes sont particulièrement impliquées dans cette démarche car elles représentent l’échelon de proximité le plus adapté à la rencontre avec les populations. Elles ont par l’intermédiaire de leurs agents communaux, permis de mobiliser plus de 1400 ambassadeurs bénévoles pour l’ensemble de la PF en 2012. En 2013, la participation communautaire organisée en collaboration avec les communes aura pour objectif d’augmenter encore la part de distribution des médicaments à domicile. Les ambassadeurs de la lutte contre la filariose assumeront cette année encore ce rôle sous la supervision des personnels de santé et des
référents des communes.

La participation communautaire doit être soutenue au plus haut niveau dans tous les secteurs de la société polynésienne. Cette année encore, les responsables politiques et religieux, les chefs de service des administrations, les chefs d’entreprises, les responsables du secteur associatif et tous les groupes influents de la société civile seront invités à se mobiliser pour organiser au sein de leurs établissements, de leurs
lieux de culte, de leurs entreprises, de leurs lieux de rassemblement, la distribution des
médicaments.

Pour compléter ces dispositifs, les phases de distribution dans les établissements scolaires et universitaires, les structures sanitaires, les pharmacies, les établissements de soins, les lieux de consultation et les lieux publics seront maintenues en 2013.

Il faut signaler l’implication des services de santé scolaire qui en collaboration étroite avec les directions de l’enseignement primaire et de la direction des enseignements secondaires contribuent de façon très efficace à la mise en place de la POD dans les établissements.

Les instituts d’enseignement universitaire sont également des partenaires précieux puisqu’ils permettent l’organisation d’une journée de distribution au sein de leurs établissements.

L’Institut de formation en soins infirmiers permet de renforcer le dispositif scolaire grâce à la présence des élèves aides soignant(e)s dans certains lycées et collèges ; l’Institut fournit également une aide très précieuse dans la réalisation de la POD au sein des pharmacies d’officine, grâce à la présence d’élèves infirmier(e)s qui
assurent la tenue des stands dans ces établissements.

Enfin, l’ensemble des professionnels de santé est invité à rejoindre leurs collègues qui contribuent déjà à cette vaste opération de santé publique soit en participant à l’organisation de stands (lieux publics, lieux de culte…) ou en collaborant à la POD à domicile auprès des référents communaux.

Nouveauté en 2013

Cette année, pour l’organisation de la campagne de POD à domicile, une nouvelle stratégie de distribution va être adoptée afin d’améliorer les résultats à domicile. En effet, lors des campagnes précédentes, les ambassadeurs ont rencontré des difficultés pour accéder à certaines résidences situées en hauteur. L’expérience de Punaauia, où l’installation d’un stand en bas du quartier Lotus-Miri a permis la distribution de 800 doses de médicaments en deux soirées en 2012, devra être renouvelée dans d’autres communes. Cela permettra aux résidents d’effectuer la POD à proximité de chez eux.

Une enquête de prévalence du portage de l’antigène filarien a été réalisée de décembre 2012 à Février 2013 par l’ILM à la demande de la Direction de la Santé. Quatre sites ont été explorés Tahiti (Tipaerui), Moorea (Vaiare), Raiatea (Tevaitoa) et les îles Marquises (Tahuata). Les résultats seront connus au mois de mars 2013.
L’objectif est l’évaluation de l’impact de la POD à mi-chemin du cycle quinquennal 2010- 2014. Il est rappelé que l’élimination de la FL est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé par une prévalence de l’antigène filarien <1%. Or la dernière enquête globale réalisée en 2008 en Pf montrait un taux de 11,3%.


Rédigé par Direction de la Santé le Vendredi 22 Février 2013 à 14:36 | Lu 2625 fois