Tahiti Infos

Bruno Marty relaxé de détournement de fonds publics dans l'affaire des frais de bouche


Bruno Marty et son avocat Me Mikou soulagés, cet après-midi, à l'énoncé du jugement.
Bruno Marty et son avocat Me Mikou soulagés, cet après-midi, à l'énoncé du jugement.
PAPEETE, le 14 janvier 2016 - Le tribunal correctionnel a blanchi Bruno Marty, ce jeudi après-midi, dans l'affaire des 2,4 millions de francs dépensés en 2014 par le directeur général de la SEM Laboratoire des travaux publics, sur la carte bancaire de la société. Un jugement qui fait le grand écart avec les réquisitions du parquet, qui réclamait la reconnaissance de culpabilité, 6 mois ferme et 500 000 Fcfp d'amende.


C'est les larmes aux yeux, manifestement soulagé, que Bruno Marty a accueilli la relaxe prononcée en sa faveur, ce jeudi, par le tribunal correctionnel. L'ancien ministre et actuel directeur général de la SEM Laboratoire des travaux publics avait été renvoyé devant le tribunal le 29 octobre dernier, à la demande du parquet, pour répondre en comparution immédiate de détournement de fonds publics. L'objet du délit selon le ministère public : 2,4 millions de Fcfp dépensés en courses dans les supermarchés, restaurants, factures personnelles d'électricité et même une consultation chez le vétérinaire avec la carte bancaire mise à sa disposition par la société. Le procureur de la République avait été informé de cette situation par un rapport du commissaire aux comptes de la SEM communiqué à son secrétariat.

"Lorsqu'on lui a remis cette carte personnelle en sa qualité de directeur général, on lui a tout simplement dit qu'il pouvait engager les dépenses qu'il souhaitait", explique aujourd'hui son avocat, maître Mourad Mikou, qui précise : "Les dépenses dans l'intérêt de la société restaient à la charge de la société, et les dépenses personnelles devaient être remboursées par M. Marty par des acomptes sur rémunération. Ce qui à ce jour a été fait". Bruno Marty, qui a reconnu à la barre "500 000 ou 600 000 Fcfp" de dépenses personnelles, a depuis remboursé les 2,4 millions de francs qu'il ne pouvait justifier pour avoir, dit-il, égaré les facturettes. Des frais de déplacement ou de représentation pourtant bien réels selon ses explications.

Une bien mystérieuse "face cachée de l'affaire"

"M. Marty a été blanchi après avoir été lynché, condamné d'avance. Peut-être a-t-il été coupable de négligences, mais pas de détournement de fonds publics dans cette affaire", a insisté son avocat. "Le tribunal a, enfin, entendu la façon dont ces dépenses ont été engagées et comptabilisées. Elles n'ont pas été mises à la charge comptable de la société, mais sur un compte d'attente en attendant que M. Marty rembourse les sommes pour lesquelles il n'était pas en mesure de présenter un justificatif".

L'avocat de Bruno Marty qui s'est enfin longuement attardé sur "la face cachée de cette affaire". "C'est la première fois qu'une affaire qui n'en est pas une prend une telle ampleur. C'est parce qu'elle concerne M. Marty et qu'il occupe une position qui en dérange certains visiblement, et qui ont tenté d'utiliser une fausse raison pour l'écarter des fonctions qui l'occupent". Qui ? "Je ne pourrais pas vous le dire, c'est une face cachée". Un règlement de compte ? "Peut-être, sincèrement je ne sais pas. Je pense que le procureur a été trompé dans cette affaire par une présentation fallacieuse des choses, en expliquant qu'il y avait des préjudices pour le laboratoire des travaux publics alors qu'ils n'ont pas été constatés, comme la justice vient de le dire aujourd'hui. Toute cette affaire aurait pu être évitée si dès sa nomination à son poste, M. Marty avait bénéficié comme ses prédécesseurs d'une indemnité forfaitaire pour ses frais de représentation. Dans l'attente de l'octroi de cette indemnité, une carte bancaire avait été mise à sa disposition".

Aujourd'hui cette carte n'existe plus nous assure-t-on, et le conseil d'administration a validé une enveloppe forfaitaire de 120 000 Fcfp mensuels pour les frais du directeur général de la SEM.




Rédigé par Raphaël Pierre le Jeudi 14 Janvier 2016 à 17:48 | Lu 4502 fois