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Bruno Le Maire, pilier du gouvernement pour piloter la relance


Paris, France | AFP | lundi 06/07/2020 - Devenu incontournable, le transfuge de la droite Bruno Le Maire est conforté comme timonier du "paquebot" Bercy après trois années très mouvementées pour l'économie française, qu'il aura la très lourde tâche d'extirper d'une récession sans précédent au sortir de la crise sanitaire.

Plus populaire dans l'opinion que les autres ministres du gouvernement sortant et apprécié des milieux d'affaires, le ministre au regard bleu acier se voyait régulièrement demander s'il visait le poste de Premier ministre.

Il a finalement été conforté lundi à son poste, désormais désigné "ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance", un intitulé modifié qui le place ostensiblement au pilotage des plans pour redémarrer l'activité.

"Je ne suis pas intéressé par Matignon", disait encore le 9 juin le ministre âgé de 51 ans sur RTL, après la fuite d'une "note" sur un remaniement ministériel dans laquelle le nom de "BLM" était suggéré pour remplacer Edouard Philippe.

Partisan d'une baisse de la fiscalité, M. Le Maire a mis en oeuvre le programme économique d'Emmanuel Macron et porté la loi Pacte sur la croissance et la transformation des entreprises allégeant certaines obligations des employeurs et facilitant l'intéressement des salariés.

Depuis le mouvement des +gilets jaunes+ de l'hiver 2018-19, il n'a aussi cessé d'afficher son souci de répondre aux difficultés des Français les plus modestes, tout en pourfendant l'optimisation fiscale des géants du numérique et en se battant à Bruxelles et à l'OCDE pour une imposition minimale sur les bénéfices des sociétés. 

Face à la crise des +gilets jaunes+ et surtout face la pandémie de Covid-19, ce partisan d'un Etat moins dispendieux n'a pas hésité pas à desserrer les cordons de la bourse, tout en promettant qu'il n'y aurait pas de hausses d'impôts.

L'ancien secrétaire d'Etat aux affaires européennes (2008-2009) et ministre de l'Agriculture (2009-2012) de François Fillon veut aujourd'hui réformer le capitalisme pour le rendre plus vert et moins inégalitaire.

Défenseur déclaré du patriotisme économique, il exige des Chinois des relations plus équilibrées afin de "ne pas se faire piller nos technologies et pouvoir fixer des limites quand ils viennent en France". Des paroles parfois jugées trop peu diplomatiques à l'Elysée.

"Côté bon élève"

Mais Bruno Le Maire avait été le seul à droite à avoir annoncé la couleur au soir de la victoire d'Emmanuel Macron en se disant prêt à "travailler dans une majorité de gouvernement". 

Bercy lui aura permis d'occuper un poste de premier plan après avoir échoué, lors de la primaire de la droite, à "créer la surprise" face à Juppé, Fillon ou Sarkozy.

Bruno Le Maire s'était ensuite engagé dans la campagne de François Fillon, puis l'avait quittée avec fracas après la mise en examen du candidat.

Ce brillant élève des beaux quartiers, normalien et énarque, a "grandi dans les couloirs des cabinets" ministériels, comme il le dit lui-même.

"Débarrassez-vous de votre côté bon élève. Moi, à votre place, je mettrais des bottes, une vieille parka et je ferais le tour de la France", lui avait glissé un jour de 2011 un de ses mentors, Dominique de Villepin, dont il a été directeur de cabinet à Matignon, et avec lequel il a aussi travaillé à l'Intérieur, entre autres.

Ce catholique pratiquant plante un coin dans cette réputation en se faisant élire député en 2007, refusant un poste d'ambassadeur à Rome.

Dans l'Eure, où sa grand-mère a eu une maison, explique-t-il, l'arrivée du Parisien n'a pas été facile. Mais, souligne Jean-Louis Debré, qui lui a donné les clés de sa circonscription, "au niveau local il a fait un sans-faute et a réussi à s'imposer. C'est un bon député, il a su prendre le tempérament de la circonscription".

A l'Agriculture, un secteur qui lui était complètement inconnu, il a réussi comme ministre de Nicolas Sarkozy à se faire accepter des paysans et a dû faire face en 2009 à une crise du lait particulièrement aiguë.

Depuis 2008, cet homme qui goûte les lettres, qui a fait son DEA sur Proust et est passionné de musique classique, a publié chez Gallimard plusieurs ouvrages dont un roman intitulé "Musique absolue: une répétition avec Carlos Kleiber".

Dans le dernier, "Le nouvel empire", il développe ses idées en faveur d'une Europe plus unie et forte face aux puissances américaine et chinoise.

Père de quatre enfants, marié à une artiste peintre, la foi en son destin semble toujours l'accompagner. 

Une "ambition démesurée", grincent depuis longtemps en coulisses ses détracteurs, qui l'ont accusé d'avoir utilisé de manière démagogique l'argument porteur du "renouveau".

le Lundi 6 Juillet 2020 à 08:55 | Lu 217 fois