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Brésil: la sécheresse plombe la prochaine récolte de café arabica


Rio de Janeiro, Brésil | AFP | jeudi 03/02/2021 - Dans les plantations du Minas Gerais, l'Etat qui produit 70% de l'arabica brésilien, les caféiculteurs surveillent les pluies tardives. Ils espèrent qu'elles fassent gonfler les graines encore accrochées aux plants et limitent la chute drastique de production attendue cette année au Brésil, premier producteur et exportateur mondial de café. 

Pour la Compagnie nationale d'approvisionnement (Conab), la récolte brésilienne d'arabica, variété qui représente près de 77% du café produit dans le pays, devrait baisser de plus d'un tiers par rapport à celle de l'an passé, à 30 ou 33 millions de sacs de 60 kg.

Le recul vient pour partie d'un phénomène naturel: le cycle "biennal" de cette variété, dont les plants alternent une année de grande floraison avec une bonne productivité, et une année de floraison avec des rendements moindres.

Forte sécheresse 

La sécheresse et des températures trop élevées de septembre à novembre ont "accentué ce scénario" en retardant la floraison des arbustes et en provoquant une chute des cerises de café en formation, explique à l'AFP Renato Garcia Ribeiro, chercheur au Centre d'études avancées en économie appliquée de l'Université de São Paulo (Cepea). 

Selon les calculs d'Heloisa Melo, du cabinet de conseil Agroconsult, les pluviométries d'octobre et novembre dans le sud du Minas Gerais ont été deux fois plus faibles que la moyenne.

"Ces conditions climatiques dans le Sud-Est du Brésil" peuvent s'expliquer "par un moment de transition entre une période neutre et le retour de La Niña", un phénomène climatique qui provoque généralement des intempéries mais peut aussi entraîner des sécheresses, en particulier dans le Sud, relève Gil Barabach, analyste chez Safras et Mercado.

"Cela faisait quelques années que nous augmentions en permanence notre production, même en cycle biennal négatif, mais le déficit hydrique que nous avons traversé va réduire notre récolte d'environ 39%, à un niveau proche de celui de 2017, avec des grains de moins bonne qualité", se désole José Marcos Magalhães, président de Minasul. Cette coopérative, la deuxième du pays, a commercialisé deux millions de sacs d'arabica l'an dernier.

Face à ces perspectives peu prometteuses, beaucoup de producteurs se sont résolus à adopter la méthode dite de la "récolte zéro", en élaguant tout ou partie de leurs arbustes pour mieux préparer la saison d'après.

"La récolte record de 2020 et le prix rémunérateur de l'arabica" du fait de la forte dépréciation du réal face au dollar "ont aussi permis aux caféiculteurs d'investir plus dans leurs champs, de renouveler et réorganiser les arbustes, d'acheter des engrais et des variétés plus productives", observe Paulo Henrique Leme, professeur au sein du département d'Administration et d'Économie à l'Université fédérale de Lavras.

"Ces investissements vont avoir un impact sur leur productivité d'ici 3 ou 4 ans", prévoit-il.

Cours attendu à la hausse

Le cours de l'arabica ne semble pas avoir encore rebondi suite aux prévisions de baisse de récolte au Brésil. Sur l'ICE Futures US de New York, la livre d'arabica pour livraison en mars valait 122,65 cents vendredi dernier contre 124,06 cents sept jours auparavant et 123,4 cents le 2 janvier.

"Les acheteurs font preuve de tranquillité, car la dernière récolte est encore en train d'être embarquée vers l'étranger. Mais graduellement, le prix de l'arabica va augmenter", prédit Gil Barabach.

En 2020, le cours de l'arabica était passé à plusieurs reprises sous la barre des 100 cents, affecté par la pandémie et le recul de la consommation dû à la fermeture des bars, cafés et restaurants dans le monde entier.

Mais l'avancée de la vaccination contre le Covid-19 alimente l'espoir d'une reprise de la demande, face à une offre mondiale réduite: l'Amérique centrale prévoit aussi une baisse de sa production après avoir été touchée par de violents ouragans en novembre, en pleine période de cueillette.

Le CyclOpe annuel des matières premières mondiales, publié à Paris, prévoit que les moyennes des cours du café (arabica et robusta) en 2021 se situeront en hausse de 20% par rapport à celles de 2020 (contre +8% en 2020). 

le Jeudi 4 Février 2021 à 06:20 | Lu 266 fois