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Boxe : la FBPF perd son agrément


Tahiti, le 13 février 2024 - La Fédération de boxe de Polynésie française que préside Ismaël Tahiata, s’est vu retirer son agrément à la suite d’un arrêté ministériel en date du 7 février. En l'état, cette fédération ne peut plus représenter le pays dans les compétitions de boxe internationale. Un coup de tonnerre dans cette affaire où deux fédérations de boxe anglaise, la FBPF et la PBAT, s'échangent coup pour coup pour obtenir la légitimité de représenter la Polynésie lors d'événements internationaux.

Le round s'éternise dans ce combat entre la Fédération de boxe de Polynésie française (FBPF) de Ismaël Tahiata et la Polynesian boxing association Tahiti (PBAT) de Tauhiti Nena. Alors que cette rivalité avait commencé en 2019, lors de la sélection des boxeurs pour la participation aux Jeux du Pacifique, les problèmes ont refait surface lors de l'édition 2023 des Jeux du Pacifique et ne semblent pas trouver de solution en ce début d'année 2024.

C'était l'un des premiers défis de Nahema Temarii, alors tout juste nommée à la tête du ministère des sports : trouver une solution à cette querelle entre fédérations de boxe anglaise à l'approche des Jeux du Pacifique 2023. “Deux fédérations pour une seule discipline, c'est compliqué, ça divise l'audience, les gens, et surtout les sportifs”, déclare la ministre. Il y a un an, alors que les Jeux du Pacifique approchaient à grands pas, elle décidait alors de “faire fi des problèmes entre dirigeants pour repositionner le sportif au cœur des préoccupations”. L'idée est lancée : créer une commission ad hoc qui va couvrir les deux fédérations pour organiser un tournoi qui permettra de sélectionner les meilleurs éléments des deux fédérations.

Si les deux parties semblaient avoir accepté le compromis, les boxeurs de la FBPF ne se sont finalement pas présentés à la pesée du tournoi. C’est pourtant eux qui ont représenté la Polynésie lors des Jeux du Pacifique 2023, suite à leur inscription faite par le Comité olympique de la Polynésie française (COPF), car c'est bien cette entité qui a le dernier mot quant à l'inscription des athlètes.
 
Retrait de l'agrément
 
Depuis le 29 août, la FBPF déplore la perte de sa délégation des service public (DSP), un titre qui lui permettait d'accéder à des subventions publiques et qui lui a été retiré au profit de la création de cette commission ad hoc. Puis plus récemment, c’est son agrément qui leur été enlevé. Notamment à cause “d'irrégularités dans leurs documents comptables”, rajoute Nahema Temarii. La FBPF n'aurait pas fourni de justificatif pour les dépenses des subventions publiques qu'ils ont reçues en 2022, ce que la ministre ne peut pas tolérer. “Quand j'ai devant moi un dossier qui me dit par A + B qu'on ne sait pas où est passé l'argent public, on ne peut pas lésiner là-dessus et laisser faire.”

Sans cet agrément, la fédération ne peut plus prétendre aux subventions, et surtout, elle ne peut plus participer à des compétitions de boxe à l'internationale au nom de la Polynésie. Pour autant, la ministre précise que rien n'est impossible, et que la fédération pourra un jour récupérer son agrément pour pouvoir ensuite déposer un dossier pour prétendre à la délégation des services public. “Mais pour l'instant, on ne sait toujours pas où sont passées les subventions de 2022, je vois mal comment la fédération pourrait récupérer son agrément.” Alors que la FBPF a déposé son dossier en début d'année pour essayer de justifier leurs griefs, la réponse apportée n'a semble-t-il pas été suffisante.
 
Mécontentement du COPF
 
Le Comité olympique de Polynésie, qui avait décidé de la sélection des athlètes lors des Jeux du Pacifique, tempère : “Nous ne sommes pas là pour favoriser les uns ou les autres. Nous sommes là pour que tout le monde soit traité de la même manière.” Il déplore la gestion, peut-être trop politique, de l'organisation du tournoi pour désigner les athlètes qui ont participé aux Jeux du Pacifique. “C'est le gouvernement qui l’a organisé, mais le gouvernement n'a pas vocation à faire des sélections dans une fédération, sinon à quoi servent les fédérations”, glisse un membre du COPF.

La ministre Nahema Temarii, elle, conclut sur la nécessité de la bonne gouvernance dans le milieu du sport. “On ne peut pas pousser les gens à multiplier les fédérations. S'il y a des tensions, allez chercher la présidence de la fédération, n'allez pas créer d'autres fédérations.”

Rédigé par Tom Larcher le Mardi 13 Février 2024 à 19:47 | Lu 4442 fois