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Borne reçoit les groupes parlementaires avant une session sous haute tension


Crédit Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Crédit Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 21/09/2022 - Budget, retraites, énergies renouvelables : Elisabeth Borne reçoit mercredi les présidents de groupes parlementaires, conformément à sa nouvelle méthode de "concertation", pour tenter de déminer une session qui s'annonce musclée, le gouvernement ne disposant que d'une majorité relative à l'Assemblée nationale.

"Je dirai à tous que concertation et écoute permettront de mener les réformes nécessaires pour le pays", a tweeté dans l'après-midi la Première ministre.

En amont de la session parlementaire qui s'ouvre le 3 octobre, il s'agit de "passer en revue" et "balayer" le calendrier législatif, selon plusieurs participants, notamment les premiers textes sur l'assurance chômage, les énergies renouvelables, mais aussi le budget, ou encore la sécurité intérieure (Lopmi).

L'épineuse question des retraites a été abordée au détour des textes budgétaires, dont le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), que le gouvernement songe à amender sur les retraites. Une hypothèse qui divise jusque dans la majorité.

Avec le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, Franck Riester, Mme Borne a reçu dès 08H00 les présidents des groupes de la majorité à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé (Renaissance), Jean-Paul Mattéi (MoDem), et Laurent Marcangeli (Horizons), et au Sénat, François Patriat (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, à majorité Renaissance). "Notre ambition commune est claire : rassembler largement pour agir", a commenté sur Twitter Mme Borne à propos de ce premier entretien.

"Elus pour agir"

A sa sortie, Mme Bergé a plaidé "collégialement" en faveur d'une "décision rapide" sur les retraites, en rappelant que le président Emmanuel Macron veut les réformer en 2023. Si le gouvernement doit recourir à l'article 49.3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote sauf motion de censure, "c'est la responsabilité des oppositions", selon elle.

Mme Borne est "à l'écoute" mais "ils sont encore en réflexion" sur la manière d'avancer sur les retraites, a rapporté M. Mattéi, qui a redit l'opposition des députés MoDem à un tel amendement, même s'il approuvait "la nécessité d'une réforme". 

"Nous avons été élus pour agir, non pas pour procrastiner", a plaidé pour sa part M. Marcangeli, qui sera "au rendez-vous de la réforme", tandis que M. Patriat a souhaité "aller vite", en rappelant que le Sénat, à majorité de droite, amendait chaque année le budget avec une proposition sur les retraites.

Un amendement, "ce n’est pas un scandale" mais "je comprends aussi qu’il y ait le temps du dialogue et que ce n'est pas une décision évidente pour le gouvernement", a estimé le président du groupe Les Indépendants au Sénat, Claude Malhuret, lui-même soutien d'Edouard Philippe, tandis qu'Elisabeth Borne saluait dans un autre tweet "la culture du dialogue et du compromis" des sénateurs.

"Test" sur les énergies renouvelables

"On veut nous faire acheter un âne dans un sac, on ne sait pas comment la question retraite va être traitée", a déploré le président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, André Chassaigne. Son homologue au Sénat Eliane Assassi a regretté l'absence de "réponses" sur l'assurance chômage et les retraites, réformes combattues par le PCF.

Cyrielle Châtelain, coprésidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, est arrivée sans l'autre coprésident Julien Bayou, suspendu de ses fonctions après des accusations de violences psychologiques par une ex-compagne.

Elle a réclamé à la cheffe du gouvernement une "politique à la hauteur (du) bouleversement" climatique et redit son "opposition complète" aux réformes qu'elle juge "libérales" de l'assurance chômage et des retraites. 

Son homologue au Sénat, Guillaume Gontard, a jugé "inacceptable" de faire passer une réforme des retraites dans un amendement, y voyant un "passage en force".

Pour lui, le projet de loi sur les énergies renouvelables "sera un bon test" de la méthode d'Elisabeth Borne, pour "voir si le gouvernement est en capacité justement de rebondir sur (les) propositions" d'EELV et parvient à "trouver d'autres majorités".

"Placer la planification écologique au cœur des politiques publiques, travailler ensemble pour atteindre le plein emploi et porter des perspectives communes, ce sera ma méthode pour construire des accords solides avec EELV", a tweeté de son côté Mme Borne.

Pour Bertrand Pancher (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires, Liot), il est "hors de question de passer en force" l'assurance chômage et les retraites. 

Mme Borne, qui ne s'est pas encore prononcée sur les retraites, prône le dialogue dans l'espoir de bâtir des "majorités de projet". Mais elle n'exclut pas le recours à l'article 49.3 pour le budget à l'automne, car "les Français ne nous ont pas demandé l'immobilisme".

le Mercredi 21 Septembre 2022 à 06:44 | Lu 195 fois