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Bodyboard - Teahupo'o : Manea Fabisch prend la " bombe "

Alors que la fin de la saison de la houle du sud approche, les côtes de Tahiti ont été touchées la semaine dernière par une houle d'environ trois mètres. Quelques surfeurs étrangers ont fait le déplacement et les surfeurs et bodyboardeurs locaux en ont profité pour faire le show. Le vainqueur du dernier Taapuna Master Manea Fabisch est un de ceux qui se sont particulièrement illustrés.


Enrique Ariitu là où il ne faut pas tomber © Kirvan Baldassari
Enrique Ariitu là où il ne faut pas tomber © Kirvan Baldassari
Même s’il est arrivé que Teahupo’o se réveille en plein mois de décembre, habituellement la saison de houle du sud sévit de mai à octobre. Cette houle arrive donc plutôt tardivement. Un premier train de houle d’environ trois mètres a touché Tahiti la semaine dernière et un autre touche Tahiti en ce début de semaine. Surfeurs et bodyboardeurs profitent donc de ce swell pour s’adonner à leur passion pour le surf de gros.
 
Quelques étrangers ont fait le déplacement, notamment Nathan Florence, Billy Kemper, Shane Ackerman, Koa Rothman et quelques autres. Au niveau local, il y avait du beau monde également : Matahi Drollet, Enrique Ariitu, Heiarii Williams, Matehau Tetopata, Hitoti Henry, Alvino Tupuai, Angelo Faraire, Manea Fabisch…Quelques photographes professionnels étaient là également, Domenic Mosqueira, Tim Mc Kenna, Ben Thouard ou encore Kirvan Baldassari.
 
Il y a eu malheureusement quelques blessés, notamment Kevin Bourez et Billy Kemper, le surf de gros étant un sport extrême qui comporte des risques pour ses pratiquants. Pour les autres, cela s’est bien passé. On s’est intéressé au bodyboardeur Manea Fabisch qui s’est déjà illustré cette année en remportant le Taapuna Master. Manea Fabisch a pris la « bombe de la journée », immortalisée par Kirvan Baldassari. SB
 

Les capitaines des bateaux doivent être vigilants © Kirvan Baldassari
Les capitaines des bateaux doivent être vigilants © Kirvan Baldassari
Parole à Kirvan Baldassari :
 
Quelques mots sur ton parcours ?
 
« Quand tu as grandi à Tahiti, tu sais que Teahupo’o c’est la vague où tout se passe. C’est la plus belle vague de l’île et peut être aussi du monde ! J’ai commencé le surf quand j’étais au collège mais je ne suis pas du même niveau que les copains qui vont surfer le gros Teahupo’o. Je me suis mis à la photo en 2011 et naturellement je me suis mis à faire de la photo de surf. J’ai étudié la photographie à Los Angeles et j’en ai fait mon métier depuis que je suis revenu à Tahiti en 2013. »
 
Quelques mots sur ce swell ?
 
« Cette houle « surprise » de fin de saison était annoncée pour deux jours la semaine dernière. On a vérifié sur internet les différents sites météo pour essayer de prévoir à l’avance notre session. Le premier jour, le plus gros, il y avait un peu de vent mais ce n’était pas parfait, le deuxième jour était donc plus favorable. J’y suis allé avec mon copain Enrique en jet ski, cela nous a permis de scorer de grosses vagues. Enrique a « tow-in » (ndlr surf tracté), c’était bien sympa. »
 
De l’attente mais une ambiance particulière ?
 
« Il y a tellement une bonne ambiance que les heures passent vite. Il y a de grosses vagues qui arrivent de temps en temps, il y a beaucoup d’action. Il y a tous les pros qui sont là, tous les copains. Tout le monde est de bonne humeur, il y a de bonnes vibes, un bon mana. Tout le monde est hyper content d’être là. Même si c’est parfois long, cela reste du bon temps. »
 
Quelques moments chauds également ?
 
« Oui, il y a eu quelques accidents dès le matin. Kevin Bourez a bouffé sur une vague, il a pris le « lip » (ndlr la lèvre de la vague) sur le dos, je crois qu’il s’est fait mal à la cheville. Billy Kemper, un Hawaiien, s’est fait mal au niveau de la jambe, il a bouffé aussi à la sortie d’une vague, du coup il est reparti directement à Los Angeles dès le premier jour de la houle. Il y a eu quelques gags aussi en jet ski. Pendant un sauvetage, un copain est tombé à l’eau avec mon sac contenant un boitier photo, ce sont les risques du métier ! »
 
Un dernier mot, un remerciement ?
 
« Merci tout le monde, à Enrique qui m’a emmené et qui m’a permis de prendre des photos de son jet ski. Merci à Teahupo’o surtout pour cette belle houle, il y a une houle qui arrive en début de semaine, espérons de bonnes conditions, que tout le monde soit en forme et que personne ne se blesse. » Propos recueillis par SB

Manea Fabisch a attendu la vague de la journée © Kirvan Baldassari
Manea Fabisch a attendu la vague de la journée © Kirvan Baldassari
Parole à Manea Fabisch :
 
Peux-tu te présenter ?
 
« J’ai 23 ans, j’habite à Punaauia, à côté de Sapinus. J’ai commencé le bodyboard assez tard, vers 16 ans. Je travaille comme photographe, vidéographe principalement pour l’émission Waaaaves, je filme, je fais des montages… »
 
Quelques mots sur cette houle ?
 
« C’est incroyable le nombre de jours de vagues qu’on a eu depuis la semaine dernière ! On a de la chance, cela a été une des meilleures houles de l’année. Des grands noms du surf et du bodyboard étaient là. La houle était bien dirigée, pas trop ouest non plus, juste ce qu’il faut pour que ce soit bien rond. On était beaucoup au pic et c’était assez compliqué pour prendre beaucoup de vagues dans la session. Si tu en as trois ou quatre, c’est déjà pas mal ! »
 
Tu as fait le choix d’attendre la grosse ?
 
« Oui, en général, je suis assez patient. J’attends toujours une vague qui va se démarquer des autres, comme celle que j’ai pris. Au moment où elle est arrivée, j’avais un peu perdu espoir car ils avaient dit que le pic de la houle était la veille au soir jusqu’au matin, et là il commençait à être 9H, 10H, le vent s’était levé et on aurait dit que la houle commençait à baisser…Je me suis dit que ce n’allait pas être pour aujourd’hui. Et cette vague est venue de nulle part. J’ai fait un peu une erreur, au début j’ai nagé vers elle car je pensais qu’elle allait casser plus au fond mais finalement j’étais un peu trop « late », c’’est pour ça que j’ai « air-drop » au « take off » (ndlr chute dans le vide au démarrage).
 
Pourquoi faire ce choix d’attendre la grosse ?
 
« Je sais que j’arrive à rider les moyennes donc je cherche à pousser mes limites en surfant les plus grosses vagues à la rame. Je privilégie la qualité à la quantité dans les grosses sessions. Souvent, dans la session, il y a deux-trois vagues qui se démarquent vraiment et j’essaye d’avoir justement ces vagues-là. »
 
Une année qui te réussit plutôt bien ?
 
« Oui, c’est plutôt positif même si je m’étais fait mal au genou en juin dernier à Teahupo’o, juste avant toutes les houles qu’il y a eu en juillet. J’ai pu me remettre et j’ai eu de la chance qu’il y ait encore de la houle. »
 
Tes objectifs ?
 
« Ce serait de me pousser au maximum dans le surf de gros à la rame. Le jour où il y aura une houle vraiment énorme qui dépasse les six mètres, avec des copains, on aimerait bien se mettre au tow-in pour pousser les limites du bodyboard local. Il y a beaucoup de surfeurs qui font du tow-in mais il n’y pas vraiment de team local en bodyboard. »
 
Le bodyboardeurs ont un peu de mal à se professionnaliser ?
 
« Oui, en bodyboard, il ne faut pas s’attendre à gagner des millions, il n’y a pas beaucoup de gars qui gagnent de l’argent. Pour l’instant, je suis content, on me soutient au niveau matos. J’ai la chance d’être sponsorisé par Nicolas Richard et son bodyboard Shop « Plug » et par quelques autres marques internationales qui m’aident beaucoup. Personnellement, c’est plus pour l’amour du sport que pour autre chose. L’avantage, c’est que cela reste comme c’est, il n’y pas d’argent mis en jeu. »
 
« Dans le milieu du surf, certains ne respectent plus les autres pour avoir de l’argent. A Hawai’i par exemple, la « Wave of the Winter » vaut de l’argent. Avec les boyz, même chez les surfeurs, tout le monde se respecte. Les jeunes aussi ont une bonne mentalité. On essaye de préserver notre spot. Avant, je faisais les compétitions à l’extérieur mais là c’est moins intéressant en ce moment. A Tahiti, il n’y pas eu la compétition à Teahupo’o cette année, à Pipeline non plus d’ailleurs. Je remercie ma famille, ma copine et mes sponsors. » Propos recueillis par SB

Matahi Drollet est un des meilleurs à Teahupo'o © Kirvan Baldassari
Matahi Drollet est un des meilleurs à Teahupo'o © Kirvan Baldassari

Rédigé par SB le Dimanche 21 Octobre 2018 à 15:03 | Lu 8408 fois