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Béziers instaure un couvre-feu pour les moins de 13 ans, Nice promet de faire de même


Crédit Pascal GUYOT / AFP
Crédit Pascal GUYOT / AFP
Béziers, France | AFP | mardi 23/04/2024 - Après la Guadeloupe, le sud de la France. Le maire de Béziers (Hérault), proche de l'extrême droite, a instauré un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans et le maire de Nice promet de faire de même en mai.

D'autres villes avaient déjà eu recours à ce genre de mesures pour une période limitée dans le passé, mais la thématique de la violence des jeunes s'est récemment imposée dans le débat public en France suite à plusieurs faits divers et le gouvernement multiplie les annonces sur ce thème à quelques semaines des élections européennes.

Ex-proche de Marine Le Pen, le maire de Béziers Robert Ménard a signé lundi un arrêté municipal stipulant que "tout mineur âgé de moins de 13 ans ne pourra, sans être accompagné d'une personne majeure, circuler de 23H00 à 06H00 sur la voie publique" dans trois "quartiers" de la ville, du 22 avril au 30 septembre.

"Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales", prévient le texte.

Cette annonce est tombée juste avant une manifestation "contre les idées d'extrême droite" qui a réuni dans sa ville entre 3.000, selon les organisateurs, et 1.400 personnes, selon la préfecture.

Dans son arrêté, le maire de Béziers justifie sa décision par le "nombre croissant de jeunes mineurs livrés à eux-mêmes en pleine nuit" et une "aggravation du nombre de faits", notamment de "violences urbaines", citant l'incendie d'une école il y a quatre ans, en 2019, et les "émeutes de juillet 2023".

Interrogé par l'AFP, M. Ménard n'a toutefois pas cité de chiffres précis.

Selon la "première photographie de la délinquance et insécurité en 2023", publiée début 2024 par le ministère de l'Intérieur, les moins de 13 ans n'ont représenté que 2% des mis en cause dans les atteintes aux personnes en France (contre 36% pour les 30 à 44 ans) et 1% des mis en cause pour vols violents (contre 44% pour les 18 à 29 ans).

En 2018, le Conseil d'Etat avait annulé un arrêté similaire pris en 2014 par Robert Ménard pointant l'absence "d'éléments précis de nature à étayer l'existence de risques particuliers relatifs aux mineurs de moins de 13 ans".

Un jour après avoir reçu à Nice le Premier ministre Gabriel Attal, qui a promis "sursaut d'autorité" face à la "violence des mineurs", le maire de cette ville de la Côte d'Azur Christian Estrosi, soutien d'Emmanuel Macron, a promis d'emboîter le pas à son collègue biterrois.

Mesure "de façade" 

"Compte tenu de la mobilisation du gouvernement qui semble vouloir prendre le sujet de la violence des mineurs à bras le corps, je vais réactiver le couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans sur la période estivale de 23 heures à 6 heures", à partir du 1er mai, a-t-il déclaré dans un communiqué mardi soir.

"Le fait qu'un enfant de moins de 13 ans soit chez ses parents la nuit devrait être le fait du bon sens des parents et de la loi", a estimé le maire.

Un tel couvre-feu avait été en vigueur à Nice entre 2009 et 2020. A l'époque, il avait suscité la perplexité de syndicats de policiers nationaux, se disant peu enclins "à faire la nounou".

La mesure "relève davantage de la politique de façade", a regretté l'élue d'opposition (Ecologiste), Juliette Chesnel-Le Roux, reprochant à M. Estrosi "le rabotage des budgets école et logement".

A Béziers, les manifestants à l'appel de syndicats et d'associations de gauche ont dénoncé une "politique de la peur, de la peur de l'autre et de la peur de l'avenir".

Robert Ménard, "avec des modalités de fonctionnement très populistes, a tendance à beaucoup cacher ses volontés de mettre en place une division des différentes populations dans la ville", a souligné Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat enseignant SE-Unsa.

Depuis lundi, un couvre-feu pour les mineurs est en vigueur à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, pour une durée d'un mois "renouvelable".

D'autres villes en France ont pris des mesures similaires pour les mineurs sur des durées limitées, comme Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) depuis 2004 pour les moins de 13 ans.

le Mercredi 24 Avril 2024 à 06:32 | Lu 219 fois