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Bagarre mortelle à Paea, la cour d'assises acquite


PAPEETE, le 31 mai 2016 - Le procès d'un jeune homme de 24 ans accusé d'avoir tué "sans en avoir eu l'intention" un jeune homme de 26 ans, au cours d'une bagarre en novembre 2012 à Paea s'est ouvert ce mardi matin devant la cour d'assises. Le procureur général a requis 5 ans de prison avec sursis, la cour d'assises a acquitté le prévenu en retenant la légitime défense.

Le prévenu, 24 ans, est arrivé libre mardi matin au palais de justice de Papeete, où il a pris place dans le box des accusés, c'est libre et acquitté qu'il a quitté le Palais de justice le soir même. Les jurés de la cour d'assises ont retenu les violence volontaires, mais pas la causalité entre la mort et les coups, ils ont par ailleurs également retenu la légitime défense, entraînant ainsi l'acquittement du jeune pompier volontaire.

Placé sous contrôle judiciaire depuis quatre ans dans ce dossier où il est accusé de "violence ayant entrainé la mort sans intention de la donner", il a interdiction de se rendre chez ses parents à Paea. Le jeune homme n'a jamais été placé en détention provisoire lors de cette enquête. Depuis 15 novembre 2012, l'accusé n'a eu de cesse de regretter les événements et de s'excuser, " Je regrette, ça a fichu ma vie en l'air. Une vie humaine c'est regrettable ça ne peut pas se prendre comme ça".

Lors de ce procès, l'avocat général a requis cinq ans de prison avec sursis à l'encontre du mis en cause. "C'est une peine mesurée par rapport au dossier pour des faits de coups mortels mais qui se comprends par rapport aux faits jugés étant précisé que pour ma part j'estime qu'il n'y a pas lieu à une condamnation pénale parce que mon client estime avoir agi en état de légitime défense, en ne faisant que riposter à une agression envers sa personne", estime Me Jourdainne l'avocat de la défense.

"C'est un dossier particulier. Le profil de l'accusé n'est pas courant, on a à faire à quelqu'un qui n'a pas de casier judiciaire, qui a des diplômes qui est pompier volontaire qui ne se fait jamais connaitre de lui en mal donc je comprends l'avocat général qui a du mal à prendre des réquisitions plus sévères contre quelqu'un qui n'est pas connu de la justice " déclare Me Rousseau, avocat de la partie civile.

Cette affaire est particulière, contrairement aux dossiers habituels, au moment des faits, l'accusé âgé de 20 ans est présenté comme un citoyen presque modèle, les experts s'entendent pour dire que "c'est un garçon normal" n'ayant aucun problème psychiatrique ou psychologique qui a réagi "comme n'importe qui aurait pu le faire". La victime, Ogari Tuhiti, 26 ans, est présentée comme un jeune homme instable, ayant des problèmes de couple, sans travail, déjà connu pour violence, qui le jour des faits a cherché la bagarre avec plusieurs personnes et qui, tout au long de la journée, n'a cessé de provoquer l'accusé. L'avocat général a d'ailleurs tenu à rappeler "nous ne faisons pas ici le procès de la victime". "On a peu l'impression d'avoir assisté au procès de la victime, car quand on regarde le dossier on a une victime qui a beaucoup cherché, a beaucoup provoqué dans la journée. Mais j'estime que l'accusé avait le choix de la violence ou de la non-violence. L'accusé a bien voulu se battre et aujourd'hui c'est un peu difficile de réécrire l'histoire du dossier", déclare l'avocat de la partie civile.

À la base ce sont cinq copains qui passent la journée ensemble à Paea, PK 22,2, l'agresseur et l'agressé se connaissent, ce sont des copains d'enfance. Le contexte aussi est particulier: la victime a embêté, a cherché toute la journée l'accusé et ses copains. Le 15 novembre 2012, la victime commence à boire dès sept heures du matin. Il continuera à boire tout le long de la journée et à devenir de plus en plus "nerveux" et à chercher la bagarre avec ses amis et Kévin, jusqu'à ce qu'environ vers 20 h alors qu'ils sont tous réunis et jouent aux cartes, Ogari lance la provocation de trop. Kévin répond et la victime lance le premier coup de poing. L'accusé l'évite, la victime le ceinture et Kévin le soulève et le projette à terre puis lui lance un coup de pied. La victime ne se relèvera jamais.

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Mardi 31 Mai 2016 à 18:14 | Lu 2602 fois