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Aux Marquises, des graines de tournesol pour Gauguin sont livrées après sa mort


"Nature morte aux tournesols sur un fauteuil" tableau de Paul Gauguin (huile sur toile) datant de 1901. Ce tableau de 73x92cm est exposé au Musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg (Russie).
"Nature morte aux tournesols sur un fauteuil" tableau de Paul Gauguin (huile sur toile) datant de 1901. Ce tableau de 73x92cm est exposé au Musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg (Russie).
NEW YORK, le 12 avril 2016. Le magazine Art Newspaper a révélé, dans son édition en ligne de jeudi dernier, le 7 avril, avoir retrouvé un reçu d'un grainetier parisien pour l'achat de graines de tournesol à expédier à Hiva Oa auprès du peintre Paul Gauguin. Mais le colis est arrivé sur place après la mort de l'artiste.

La nature luxuriante des Marquises ne suffisait pas toujours comme décor de ses toiles au peintre Paul Gauguin. Ce dernier, installé à Hiva Oa, a cherché à plusieurs reprises à se faire expédier des graines ou des bulbes de fleurs européennes qu'il souhaitait introduire dans ses tableaux. Pour les reproduire fidèlement, il espérait pouvoir en planter autour de la maison qu'il occupait à Hiva Oa. La correspondance de Gauguin avec un ami parisien, lui-même artiste le prouve. Dès 1898, alors qu'il vit encore à Tahiti, il émet le souhait de recevoir "dahlias ordinaires, les capucines, divers tournesols ... Je voudrais décorer mes jardins et, comme vous le savez, j'aime les fleurs". Lors de son séjour à Tahiti, Paul Gauguin aurait réussi à recevoir quelques-unes de ces graines et à faire pousser des tournesols autour de sa maison. Il réalise en effet au moins quatre toiles sur lesquelles les tournesols apparaissent dans un décor tahitien.

En mars 1902, Paul Gauguin qui s'est installé à Hiva Oa entre-temps écrit à son galeriste et agent parisien pour lui commander une liste de fleurs à adresser à son grainetier préféré, la société Vilmorin. "S'il vous plaît, soyez assez bon pour me renvoyer par courrier les graines de fleurs mentionnées sur la liste ci-jointe. Prenez-les à la firme Vilmorin, qui est le lieu où on peut être sûr d'obtenir des graines fraîches". Cette lettre mettra plus de cinq mois pour parvenir à destination à Paris et son agent n'a pas l'air bien pressé de répondre à Gauguin. Celui-ci insiste un an plus tard en avril 1903, dans un autre courrier qu'il est toujours en attente de la livraison à venir par bateau de matériel de peinture et aussi des précieuses graines qu'il a commandées. Paul Gauguin évoque également alors sa santé déclinante.

De fait, Gauguin est retrouvé mort dans sa cabane de Hiva Oa le 8 mai 1903. Il n'a pas eu le temps de recevoir aux Marquises ses précieuses graines de tournesol. De cette passion pour cette plante, certains biographes y voient un hommage à Vincent Van Gogh à qui il a rendu visite à Arles au cours de l'automne 1888. Les deux artistes cohabitent durant quelques mois avant que leur relation amicale ne se dégrade jusqu'à la terrible dispute à la suite de laquelle Van Gogh se mutile en se tailladant l'oreille. Si Paul Gauguin laisse alors Vincent Van Gogh à sa folie, cette passion commune pour les tournesols va persister.

Quand Paul Gauguin meurt à Hiva Oa, les graines attendues ne sont même pas encore parties de Paris, car son agent a trainé les pieds auprès de la société Vilmorin pour payer la commande. Là aussi des échanges de courrier le prouvent ainsi que le fameux reçu établit le 13 juillet 1903 avec une commande prête à partir, cette fois, au profit de "Monsieur P. Gauguin à Dominique (Océanie)" (Dominique était alors le nom que portait l'île de Hiva Oa). La nouvelle de la mort de Gauguin n'est connue à Paris qu'au mois d'août suivant. Les graines sont parties, on ne sait pas qui les a réceptionnées aux Marquises.

Quant à l'histoire de ce bon de commande de la société Vilmorin, révélée par Art Newspaper, elle est tout aussi rocambolesque. Ce reçu a été retrouvé au sein d'un lot d'archives du peinte Auguste Renoir -un contemporain de Paul Gauguin-, vendu par des descendants de l'artiste en 2013 à New York et acheté par un collectionneur privé.


Pour lire l'article paru dans le journal The Art Nexspaper, CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 12 Avril 2016 à 17:38 | Lu 2593 fois