Tahiti Infos

Aucun pamplemousse livré depuis le début de l'année à l'usine de jus de fruits de Moorea


Aucun pamplemousse livré depuis le début de l'année à l'usine de jus de fruits de Moorea
PAPEETE, le 14 octobre 2015 - À Moorea, l'usine de jus de fruits lance un appel aux producteurs de pamplemousses qui se font rare. Le fruit manquerait à cause à la diminution du nombre d'agriculteurs et du réchauffement climatique.

L’usine de jus de fruits de Moorea recherche des pamplemousses pour sa fabrication de jus et de confitures de Pamplemousses. La société a besoin de 100 tonnes pour sa production. D’habitude, les pamplemousses sont stockés au congélateur pour satisfaire ses besoins annuels mais "le problème est qu’aucun leur ont été livrés depuis le début de l’année 2015", regrette Etienne Houot, directeur commercial de l’usine de jus de fruits.

Pour Jean Tama, président de la Coopérative des planteurs d'ananas de Moorea (Copam), "la pénurie de pamplemousse s’explique par l’abandon de la culture par les agriculteurs depuis quelques années. En effet, on dénombrait beaucoup de plantations de pamplemoussiers dans l’île sœur dans les années 90 à 2000. Mais les agriculteurs, qui vendaient leurs fruits dans le marché au frais ou à l’usine de jus de fruit de Moorea n’arrivaient pas à écouler toute leur production. Beaucoup parmi eux ont préféré par la suite se lancer dans la plantation de citrons ou d’oranges jugée plus rentables." C’est ainsi que les exploitations de pamplemousses ont quelque peu été délaissées, ce qui a favorisé l’émergence de parasites malgré l’existence de produits de traitements.

La deuxième raison évoquée par le président de la Copam est la perturbation de la saison des pamplemoussiers à cause du changement climatique. "La période fraiche, non propice aux pamplemoussiers, se situe entre le mois de juin et le mois de août en Polynésie Française. Mais cette période s’est prolongé jusqu’au mois d’octobre à cause du réchauffement climatique", explique Jean Tama.

Toujours est-il que l’usine jus de fruits de Moorea lance un appel sur l’île sœur mais aussi sur l’ensemble de la Polynésie Française. Si la majorité des fournisseurs de l’usine sont originaires de Moorea,10 % de leur quantité annuelle de pamplemousses leur sont fournis par les autres îles. Un accord aurait même été trouvé avec un habitant des Australes pour la livraison de ce fruit dans les prochains jours.

Étienne Houot invite également les autorités locales à redynamiser le secteur primaire du fenua. Si une légère amélioration de l’agriculture existe depuis la fin de la période d’instabilité politique qui a touché le secteur de 2004 à 2012, il constate cependant un vieillissement inquiétant des exploitants agricoles. Il faut selon lui une volonté politique réelle pour motiver les jeunes polynésiens à travailler dans l’agriculture et cela passe notamment par des "campagnes de sensibilisation et la création de coopératives dans les iles afin d’aider les jeunes".

Aucun pamplemousse livré depuis le début de l'année à l'usine de jus de fruits de Moorea
Des uru de 1,5 kg et plus

En plus des pamplemousses, la société productrice de boissons à base de fruits locaux cherche également du Uru pour la création du Pia Uru, nouvelle bière locale à base de farine de uru. Le Pia Uru a été lancé en édition limitée sur le marché polynésien par la Brasserie de Tahiti en juin 2015. Après cette phase de test réussie, la Brasserie prévoit cette fois-ci d’en produire en plus grand nombre. L’usine de jus de fruits de Moorea qui est également l’une de ses filiales va produire et lui fournir de la farine à base de de Uru, nécessaire à la fabrication de sa nouvelle bière. Étienne Houot s’adresse donc à la population de Moorea pour leur fournir du fruit à pain. Cependant, les personnes intéressées doivent remplir certaines conditions. Le poids minimum du uru doit être de 1,5 kg, avec un diamètre de plus de 10 cm. De plus, le fruit qui vaudra 100 Fcfp la pièce doit être arrivé à maturité. Celui-ci ne sera pas accepté s’il est pourri ou blessé. La quantité nécessaire à la production de farine est estimée à 12 tonnes par an. Toutefois, si les fournisseurs leur livrent beaucoup plus que cette quantité, le directeur commercial envisagerait dans ce cas de créer d’autres produits à base de uru.


Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 14 Octobre 2015 à 11:40 | Lu 1969 fois