Tahiti Infos

Au forum sur les embouteillages, les usagers de la route expriment leur saturation


Les ministère et la direction des Transports terrestres ont organisé, ce lundi matin à la présidence et ce mardi à Taravao, un forum participatif sur la question des embouteillages et les problématiques de mobilité. L'occasion pour la cinquantaine de participants, lundi, de partager les différentes problématiques rencontrées. En début d'année prochaine, des ateliers pour, cette fois-ci, trouver ensemble des solutions seront organisés.
 
On compte 530 000 déplacements quotidiens à Tahiti, dont 94% concernent Papeete. Si la problématique des transports est un sujet récurrent pour la population, une cinquantaine de personnes seulement a fait le déplacement au forum public sur la circulation, organisé ce lundi matin à la présidence, sur le thème des embouteillages et des problématiques de mobilité.
 
“La congestion routière n'est pas une fatalité, elle peut être combattue”, a indiqué en préambule le directeur de cabinet du ministre des Transports terrestres. C'est dans le but de comprendre les problématiques rencontrées par la population que ce forum participatif a été organisé, “pour mettre en place une stratégie d'action en adéquation avec vos attentes”.
 
Les participants ont été divisés en quatre groupes pour prendre part à autant d'ateliers sur les thématiques de l'équipement, les incivilités et la sécurité routière, l'emploi du temps, et les modes de transport alternatifs. Une restitution a eu lieu à l'issue de ces ateliers en fin de matinée.

Beaucoup de “manque”

Parmi les grandes problématiques rencontrées, une est récurrente : les horaires. “Quand c'est les vacances, ça roule”, pouvait-on entendre au cours de l'atelier sur l'emploi du temps. Les participants ont également souligné le manque de transports en commun, avec des horaires précis, tout comme le manque de transports scolaires “qualitatifs”, ainsi qu'un manque d'infrastructures concernant les transports en commun : “Actuellement, il faut attendre le bus très longtemps, debout, sous la pluie ou en plein soleil”. 
 
En termes d'équipement, le manque de places de parking en ville, notamment gratuites, a également été mis en lumière : une participante a indiqué être obligée d'anticiper et de partir tôt de chez elle pour pouvoir trouver une place pour se garer. Le mauvais état de certaines routes et trottoirs, des incohérences au niveau des marquages au sol ou encore l'absence de voie dédiée pour les vélos, skateboards et trottinettes ont également été soulignés.
 
Concernant la sécurité routière, les participants ont notamment relevé un manque de connaissance du code de la route de la part des usagers ainsi que des incivilités engendrées par le partage de la route entre les différents types de véhicules.

Un impact sur la santé

Outre l'agacement que peut provoquer le fait d'être coincé dans les embouteillages, cela peut également avoir des effets à plus long terme. “La circulation a un impact sur ma vie professionnelle, sur mon état de santé et sur ma vie familiale. Quand on vit à la Presqu'île, dans les districts, on doit se lever très tôt, les enfants c'est pareil. On part, il fait nuit ; on rentre, il fait nuit. On n'a pas de temps de loisirs. La priorité, c'est qu'ils mangent et qu'ils dorment. Ça devient pesant”, confie Teani, habitante de la Presqu'île.
 
“La circulation, ça touche la santé des Polynésiens”, confirme Romina Changuin, chargée de la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) à la Caisse de prévoyance sociale. “Le fait de rester continuellement dans les transports, c'est source de stress. Le matin, il faut se réveiller tôt, les enfants se lèvent tôt donc ils n'ont pas leur quota de sommeil… On ne le voit peut-être pas aujourd'hui, mais à terme, ça va engendrer des pathologies. Donc la CPS a tout intérêt à participer au forum !”
 
Si après la phase de consultation sur les problématiques, une seconde doit être organisée sur les solutions proposées au cours du premier trimestre 2023, beaucoup avancent déjà quelques idées. Comme la séparation des flux avec des voies dédiées en fonction des véhicules, des horaires décalés pour les écoles en fonction des niveaux mais aussi une flexibilité au niveau des horaires de la part des entreprises, la mise en place par celles-ci de ramassages collectifs de leurs employés, des bus en circulation 24h/24, une radio sur le trafic routier, l'enseignement du code de la route dès l'école primaire, la décentralisation de certains services et administrations à la Presqu'île... Ou même, plus inattendu, changer de fuseau horaire...
 
Une deuxième matinée de consultation est organisée ce mardi à Taravao, pour donner la parole, cette fois-ci, aux habitants de la Presqu'île.

Lucien Pommiez, directeur des transports terrestres : “Certaines problématiques ne sont pas simples à régler”

Après la restitution des ateliers, qu'est-ce qu'il en ressort ?

“On peut voir que la question des transports et de la mobilité sur Tahiti impacte la vie au quotidien, de différentes manières. Par exemple, sur le thème de l'insécurité routière, ce n'est pas juste une question de comportement ou d'équipement, ça va sur tout un continuum pédagogique qu'il faut poursuivre à améliorer. Et sur les autres thématiques, on se rend compte que certaines ne sont pas simples à régler. A ceux qui pensent qu'une solution unique existerait, je pense qu'il va falloir respecter la diversité des usages de nos routes. Et certaines solutions ne vont pas se faire du jour au lendemain, par contre, il faut établir des stratégies dès maintenant pour avancer dans le bon sens. Par exemple, sur la gestion des emplois du temps des salariés ou des écoles, ces élément-là ne nécessitent pas un fort investissement mais beaucoup de travail d'organisation et permettraient de mieux vivre les territoires.”

Reihiti : “Le transport en commun, c'est un enjeu de service public”

“Je suis étudiant et entrepreneur, donc j'ai une double problématique sur la route. J'aimerais prendre les transports en commun, car je n'aurais pas à conduire et aurais du temps pour faire autre chose, réviser ou me préparer pour un rendez-vous professionnel. Sauf que les horaires sont contraignants, ils s'arrêtent à 18 heures. Mais je finis souvent à 19h30, 20h30. Du coup, je suis obligé de prendre ma voiture et je participe à créer des embouteillages. Et le matin, le bus est souvent rempli et je suis obligé d'attendre le suivant, ce qui me fait arriver en retard. Une des solutions, ce serait des bus 24h/24, 7j/7, parce que je travaille le week-end. Je pense que le transport en commun, c'est un enjeu de service public. La question de la rentabilité ne doit pas rentrer en ligne de compte.”
 

Manuel : “Les travaux bloquent la circulation”

​“Il m'arrive souvent de faire la navette en bus entre Taravao et Papeete pour pouvoir aller à mon travail. Il y a souvent des travaux du côté de Papeari, Papara et Punaauia. Et de l'autre côté de l'île, à Mahina et Tiarei, et du coup, des fois, ça bloque fortement la circulation. Moi qui prends le bus et qui normalement met 1h30, là je mets 2h30.”

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Lundi 28 Novembre 2022 à 17:15 | Lu 1443 fois