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Au CHU de Martinique, les militaires "dans le feu de l'action" face au Covid


Des membres du détachement militaire Résilience lors du défilé du 14 juillet. Ludovic Marin / POOL / AFP
Des membres du détachement militaire Résilience lors du défilé du 14 juillet. Ludovic Marin / POOL / AFP
Fort-de-France, France | AFP | dimanche 21/08/2021 - Sur la porte vitrée, un panneau a été accroché: "Opération Résilience". Dans des locaux désaffectés du CHU de Martinique, débordé par l'afflux de malades Covid, les militaires venus en renfort de métropole ont déployé en quelques jours 20 lits de réanimation.

Au total, 79 militaires "rompus à la réanimation", qui avaient déjà "pris en charge des patients Covid grave dans leurs structures d'origine", se sont installés il y a près de deux semaines dans cet ancien bloc opératoire désaffecté depuis 2017.

La "zone virale" a été délimitée par une bâche: dans une ancienne salle de réveil réaménagée, des soignants en charlotte, blouse, gants et lunettes de protection, s'activent pour réaliser une fibroscopie bronchique sur un patient Covid; d'autres tentent de mettre debout une malade sous oxygénothérapie nasale.

Plus loin, dans une salle d'opération, deux patients endormis bénéficient d'une ventilation invasive.   

"Il y a du boulot", concède le médecin-chef du Module militaire de réanimation (MMR), qui ne souhaite pas être identifié.

"Actuellement, le plus jeune des patients a 27 ans, le plus âgé 72", détaille-t-il à l'AFP. 

Exceptionnellement 15 lits sont occupés, car une évacuation sanitaire a permis de libérer des places. "Elles vont se remplir très rapidement, dans quelques heures, tout sera plein", prévient le médecin-chef. 

Mais il préfère ne pas parler de médecine de guerre.

"On est en train de faire de la médecine de catastrophe hospitalière, qui est un pan de la médecine qui a émergé en 2015 (lors des attentats à Paris, NDLR), sur une réalité soudaine: l'afflux massif de victimes. On a aussi une autre modalité, qui est le risque émergent biologique", explique-t-il.  

Depuis le début de l'épidémie, les militaires interviennent dans le cadre de l'opération Résilience, lancée par le président Emmanuel Macron le 25 mars 2020. L'une de leurs actions les plus médiatiques avait été la mise en place d'un hôpital militaire de campagne à Mulhouse (Haut-Rhin), particulièrement touchée par la première vague de l'épidémie.

"Situation sanitaire dépassée" 

En Martinique, pas de tentes. "Nous sommes en zone intertropicale, à la période des cyclones. Le déploiement de ces 20 lits sous tente aurait constitué un risque déraisonnable, alors que nous disposons de locaux en dur", développe le médecin-chef. 

Il détaille: "le déploiement de Mulhouse était sur le modèle de l'autonomie, car nous étions sur le territoire hexagonal, et à proximité de nos sites de ravitaillement. Ici, le modèle est celui de l'adossement-insertion: nous représentons une unité fonctionnelle parmi celles du CHU, et les patients nous sont adressés par les services du CHU. On s'est inséré".

Ce modèle a déjà été déployé lors des vagues précédentes de l'épidémie en Guyane, en Guadeloupe et à Mayotte. 

Le maître-mot: "on s'adapte aux locaux qui nous sont proposés". Le médecin-chef salue le travail du CHU, qui "entre deux vagues" précédentes avait commencé à préparer certaines salles désaffectées, en prévision d'une crise plus lourde, ce qui a permis d'armer rapidement les dix premiers lits.

"En 48 heures, on a installé cinq puis dix lits", confirme le médecin en chef Yves, anesthésiste-réanimateur de l'unité, qui évoque "un défi logistique" pour mettre en place tout l'environnement médical complexe nécessaire autour du patient.       

"On s'attendait à devoir prendre en charge très rapidement des patients, on savait qu'on arrivait dans une situation sanitaire dépassée, en tout cas très avancée", ajoute-t-il. 

Le lieutenant Matthieu, officier logistique du régiment médical, raconte: "on est arrivé tout de suite dans le feu de l'action. Ça a été intense au début mais on y était préparé (...) Aujourd'hui on est lancé".

A l'entrée de l'unité militaire, les familles des malades attendent des nouvelles de leurs proches. 

L'infirmière cadre de santé Sylvie est en relation directe avec elles. "C'est très prégnant: ils remercient qu'on soit venu

le Dimanche 22 Août 2021 à 11:45 | Lu 330 fois