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Ateliana Ruiz, le hip hop dans le sang


Crédit : Greg Boissy.
Crédit : Greg Boissy.
TAHITI, le 31 août 2022 - Depuis des années, Ateliana Ruiz danse avec les All in one. Il y a cinq ans, elle a fondé l’école de danse du même nom. Elle y assure, entre autres, le rôle de direction artistique. Elle rêve de faire voyager ses élèves, de les porter toujours plus haut. Pour autant, elle ne s’éloigne pas de la scène. Elle danse toujours.

En juin 2022, les All in one (la troupe de danse ainsi qu’un groupe d’élèves de l’école) sont allés à Paris pour participer à la compétition Hip Hop International France (HHI France). Cette étape est indispensable pour qui veut concourir aux épreuves de la compétition Hip Hop International (HHI) se déroulant à Phoenix (Arizona, États-Unis). “Les trois meilleurs groupes de chaque pays inscrit sont automatiquement qualifiés pour le rendez-vous américain”, explique Ateliana Ruiz. Danseuse au sein de la troupe All in one, elle est aussi fondatrice et professeure de l’école de danse éponyme.

En juin, à Paris, elle est montée sur scène “au pied levé”, plaisante-t-elle. La troupe All in one inscrite au HHI France comptait cinq danseurs : Thomas, Brandon, Joseph, Abel et Byron. À 8 heures du matin, le samedi 4 juin, ils se sont présentés pour le filage, ils ont répété leur chorégraphie. Ils avaient deux heures devant eux avant de monter sur scène pour une première épreuve. “C’est alors que Byron s’est blessé”, raconte Ateliana Ruiz. “Heureusement, sur les conseils de ma mère, j’avais appris la chorégraphie à Tahiti, quelques jours avant de partir. Elle m’a dit, et elle a bien fait, on ne sait jamais !” Malgré le stress et le manque de précision de la formation improvisée, les All in one ont obtenu la 4e place, ils se sont qualifiés pour la finale du HHI France. “Byron était à l’hôpital, il a vu que nous allions en finale, il nous a rejoint et a repris sa place”, poursuit la danseuse.

En finale, nouvelle prouesse, la troupe a réussi à se qualifier pour les HHI. De retour en Polynésie, les répétitions ont repris de plus belle. La troupe avait un mois pour se préparer. “Je sais que ça ne se fait pas, mais on a changé toute la chorégraphie, ou presque. Selon moi, elle manquait de technique et de création. Elle n’était pas assez complexe.” Pendant tout le mois de juillet, les All in one ont travaillé avec acharnement. En août, ils ont repris l’avion pour Phoenix (Arizona, États-Unis). Ils se sont placés 28e sur 44 équipes lors des préliminaires. La compétition s’est arrêtée à ce niveau pour eux puisque l’étape suivante était réservée aux 22 premières équipes. “On est quand même très fier de notre parcours”, assure Ateliana Ruiz, chef d’équipe pour l’occasion. Au-delà de la performance, pour les danseurs, c’est une précieuse expérience qui s’ajoute à toutes celles déjà vécues. Participer à une compétition de ce niveau permet de rencontrer des artistes qui vivent aux quatre coins du monde, de découvrir d’autres façons d’aborder la danse et de penser la pratique, d’évaluer sa technique, d’apprendre encore et toujours.

Premiers pas

Ateliana Ruiz est née en 1993. Elle a grandi sur la côte Est de Tahiti, à Papenoo. “J’y ai passé toute mon enfance” résume-t-elle. Elle est allée au lycée Saint Joseph de Pirae, devenu depuis le lycée Jean Bosco. “Honnêtement, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire. Je me suis dit, en m’inscrivant en bac pro commerce que cela m’ouvrirait aux autres. J’étais très timide à l’époque.” L’objectif a été atteint car “oui, cela m’a aidé”. À l’âge de 16 ans, elle a rejoint un groupe de danse de hip hop basé à Pirae : les Mystery Crew. Déjà, Ateliana Ruiz aimait la danse en général, le hip hop en particulier. Elle allait aux répétitions avec une amie. “Je me suis aperçue à ce moment-là que j’avais un petit talent et des facilités à apprendre.” Elle a passé une année avec les Mystery Crew.


Naissance des All in one

Entre 17 et 19 ans, elle a évolué seule, animant des événements fitness danse à Tahiti mais aussi dans les îles. Remarquée par une salle de fitness, elle a accepté de travailler une année pour l’établissement. Elle a profité d’une formation Less Mills donnée par un formateur venu directement de Nouvelle-Zélande, le pays d'origine de l’entreprise Less Mills. “Cette formation m’a beaucoup apporté, notamment d’un point de vue pédagogique. J’ai affiné ma manière d’expliquer les mouvements par exemple.” Puis, Ateliana Ruiz a ouvert sa propre salle à Papenoo car elle souhaitait se rapprocher de son domicile. Elle y enseignait la danse et le fitness. En 2013, elle a participé à la naissance d’un nouveau groupe de danse : les Mystery Dream. “Et en 2014, sont nés les All in one avec des membres de Tahiti et de Moorea. C’était vraiment hip hop. J’étais la seule fille.” L’ascension du groupe depuis ne s’arrête pas.

En 2014, les All in one ont été vice-champion du concours Upa Nui, puis champion de ce même concours en 2016. En 2017, ils ont été champions de France en hip hop et se sont classés 39e sur 80 au HHI International, en 2018, ils ont été champions du Pacifique Sud et se sont classés 53e au HHI International toujours sur près de 80 inscrits. En 2018, ils ont assuré un passage remarqué dans l’émission La France a un incroyable talent. En Polynésie, ils font des apparitions régulières dans divers événements avec le Conservatoire artistique de la Polynésie française, le comité Miss Tahiti, les organisateurs de concerts.

Ateliana Ruiz et sa fille Mila lors du spectacle Vaiana en 2021.
Ateliana Ruiz et sa fille Mila lors du spectacle Vaiana en 2021.
L’école All in one est née en 2018. Dès 2019, ce projet a été entaché par des affaires de justice. L’ancien leader du groupe All in one ainsi qu’une danseuse ont été mis en cause dans une affaire de trafic de drogue. Ateliana Ruiz rapporte les impacts sur la troupe de danse et sur l’école. “Nous avons reçu de très nombreuses critiques, mais nous n’avons rien à nous reprocher. C’est difficile, on explique mais rien ne change.” La troupe et les professeurs de l’école ont pris le parti d’avancer en mettant de côté tout le négatif de la situation. “Cela nous donne envie d’aller plus loin, de montrer de quoi on était vraiment capable. Se cacher n’est pas la solution, on travaille toujours plus pour essayer de briller toujours plus fort.”

Des petites étoiles à Tahiti


Avec l’école de danse, Ateliana Ruiz a toujours visé plusieurs objectifs. “D’abord, je voulais réussir à faire un spectacle de qualité.” Les élèves, ils sont une centaine, ont déjà assuré trois shows : Cend’rions en 2019, Vaiana en 2021 et Le Roi lion en 2022. “Ensuite, je tenais à faire partir des élèves en dehors de la Polynésie pour participer à des concours.” En juin, aux côtés de la troupe All in one qui a concouru au HHI France en catégorie adulte, s’est inscrite la team Dynasty Tahiti. Elle était composée de Mounissa, Kamalani, Taiho, Menahere, Aïnhoa et Lydie des élèves de l’école de danse âgés de 14 et 21 ans. En 2024, Ateliana Ruiz espère faire partir une nouvelle équipe d’élèves aux épreuves du concours Pacific island en Nouvelle-Zélande.

En attendant, les professeurs de l’école de danse se rendront en Nouvelle-Zélande en janvier pour prendre des cours auprès de deux compagnies basées à Auckland : l’Identity Dance Company et la Family. Les élèves ont repris le chemin de la salle de cours. Deux spectacles s’annoncent en 2023, l’un en mai et l’autre en décembre. Et puis un jour, peut-être, “on pourra tourner avec nos meilleurs élèves et voir l’un d’eux intégrer une grande école de danse” rêve Ateliana Ruiz. Elle est persuadée qu’il y a des “petites étoiles” à Tahiti.

Contacts
FB : All In One Tahiti
Tel. : 89 32 17 46

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 31 Août 2022 à 22:18 | Lu 3654 fois